Ces derniers mois, plusieurs élus de la vallée de Seine ont décidé de durcir le ton face aux comportements les moins civiques de leurs concitoyens. Certains, comme ceux d’Issou ou de Chanteloup-les-Vignes, s’en tiennent à de la prévention pour l’instant. D’autres, à l’instar des édiles de Porcheville et de Meulan-en-Yvelines, ont choisi de mettre des amendes pour convaincre.
« La seule chose que tous les habitants partagent dans une ville, c’est l’espace public. Quand il n’est pas respecté, le vivre ensemble devient très compliqué, regrette des incivilités de certains administrés de sa commune la maire de Meulan-en-Yvelines, Cécile Zammit-Popescu (LR). C’est très triste qu’on soit obligé de prendre des arrêtés. »
A la mi-février, l’élue a décidé de sanctionner trois comportements par des amendes. Il est désormais interdit de consommer de l’alcool dans les espaces publics meulanais, de laisser traîner les déjections de son chien, et de stationner de manière prolongée sur les places réservées aux véhicules de personnes touchées par un handicap.
« Un noyau dur de trois à quatre personnes, des Meulanais qui ont grandi là, créent de grosses nuisances, sont régulièrement interpellées (pour ivresse sur la voie publique, Ndlr) et coagulent des personnes extérieures », justifie-t-elle de l’interdiction de consommation d’alcool, tout en précisant : « La difficulté est d’expliquer aux habitants qu’ils n’ont rien à voir avec le centre d’hébergement d’urgence de SDF ou le centre d’alcoologie Gilbert Raby, car les gens font l’amalgame. »
La répression des déjections canines, déjà soumises à une amende de 35 euros à Mantes-la-Jolie, relève selon elle « des difficultés de nettoyage des trottoirs étroits du centre-ville » avec les engins actuels. « Il y aura un volet prévention avec des distributeurs de sacs et des panneaux », indique par ailleurs l’élue, qui envisage aussi l’acquisition d’une machine de nettoyage plus adaptée.
Si des arrêtés municipaux réprimant ces comportements sont adoptés dans de nombreuses villes du pays, le troisième est plus insolite : il vise à sanctionner les personnes handicapées utilisant abusivement les places de stationnement qui leurs sont réservées. Il ne sera plus possible de s’y garer plus de douze heures d’affilée.
« Des habitants souffrant d’un handicap se sont plaints de ce que certains les utilisaient en permanence, ce que nous avions aussi repéré, explique l’édile de cet arrêté plus inhabituel que les deux autres. Elles sont destinées à ce qu’une personne handicapée puisse faire ses courses, aller à la pharmacie ou chez le médecin. »
A Porcheville, le maire Paul Le Bihan (SE) se bat, lui, contre les poubelles laissées à demeure dans les rues de la commune : « C’est inacceptable pour l’hygiène et la propreté. » Il a donc signé il y a peu un arrêté municipal permettant à la police municipale de verbaliser les contrevenants ne prenant pas la peine de les rentrer chez eux hors des jours de collecte à hauteur de 15 euros, « en cas de récidive ».
Le premier avertissement ? Les agents communaux enlèveront la poubelle, obligeant les habitants concernés à aller la chercher dans les ateliers des services techniques. Comme nombre de ses homologues de la vallée de Seine confrontés aux incivilités, il justifie ces dispositions par les plaintes de ses concitoyens : « C’est une réclamation de la part des habitants de la commune qui viennent râler, c’est comme ça qu’on en arrive à prendre des décisions. »
D’autres mairies de la vallée de Seine ont pour l’instant choisi de se contenter d’un message préventif. Concernant les dépôts sauvages de déchets, c’est le cas de Chanteloup-les-Vignes, dont les élus lancent prochainement une campagne d’affichage, mais aussi de Carrières-sous-Poissy et d’Achères avec des opérations civiques de nettoyage de la commune par les habitants.
En matière de prévention, la palme de l’innovation revient néanmoins à la mairie d’Issou : les élus ont testé la pratique très anglo-saxonne du « shaming » (rendre honteux, Ndlr) pour changer le comportement des automobilistes mal garés. En octobre dernier, le magazine communal mettait ainsi en valeur et en photo « Le chauffeur du mois » au véhicule stationné sur des bandes jaunes d’interdiction. L’initiative, plutôt rare en France, n’a cependant pas été renouvelée dans le numéro suivant.