Les médecins généralistes de Poissy délivreraient-ils trop d’arrêts maladie aux agents de la commune ? Dans un courrier envoyé le 25 mars à 45 d’entre eux, révélé lundi par l’Humanité, le maire Karl Olive (LR) indique vouloir les « sensibiliser davantage » quant à la délivrance d’arrêts de travail « de complaisance » aux fonctionnaires municipaux. Quinze d’entre eux ont vigoureusement protesté.
« J’ai décidé de faire de la lutte contre l’absentéisme une priorité, explique l’édile dans sa missive. Je vous invite à faire preuve d’une vigilance accrue et à ne pas hésiter à orienter vos patients (agents de la ville) vers le médecin de prévention dès lors que vous aurez décelé que les difficultés évoquées par ces agents sont en lien direct avec le travail. »
Evoquant leur « sidération », des médecins généralistes pisciacais s’en émeuvent dans un courrier envoyé vendredi dernier en réponse. « Votre lettre représente une remise en cause inédite et inadmissible de notre indépendance professionnelle », estiment-ils. Cette démarche « n’est pas de vos responsabilités, ni de vos prérogatives », ajoutent-ils tout en lui proposant plutôt de « se poser la question du management et de la gestion des ressources humaines ».
« Je ne leur ai pas dit d’arrêter les arrêts de travail. C’est une démarche de bon sens comme je le fais dans les autres secteurs, répond Karl Olive, assurant que d’autres médecins pisciacais l’ont appelé pour le féliciter. Ma démarche est celle d’une concertation par la médecine de prévention, qui nous est suggérée par le CIG (Centre interdépartemental de gestion, Ndlr) et l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. » Le premier magistrat argue de nécessaires économies budgétaires, pointant la très forte baisse des dotations de l’Etat à sa commune.
« A Poissy, les arrêts de travail représentent deux millions d’euros par an », assure-t-il tout en remarquant que « depuis la suppression du jour de carence dans la fonction publique en 2014, le nombre d’arrêts de travail a augmenté de 20 % ». Alors, il estime normal que les médecins participent à leur réduction : « Nous avons tous des efforts à faire. Ils s’adressent aussi à tous les partenaires de la ville de Poissy, dont les médecins font partie. »