L’existence de l’État islamique en débat

La médiathèque a accueilli Jean-Pierre Luizard, chercheur, historien et écrivain, et Jean-Marie Durant, journaliste, pour échanger sur le fonctionnement de l’État islamique.

Samedi 9 avril, la médiathèque Blaise-Cendrars organisait une conférence-débat sur le thème de l’État islamique. Jean-Pierre Luizard, chercheur au CNRS, historien et écrivain d’un essai sur le sujet, est revenu sur les origines et les raisons du développement de Daesh. Plus de 70 personnes ont répondu présent à cet événement modéré par Jean-Marie Durand, journaliste au journal Les Inrocks.

Jean-Pierre Luizard est revenu sur l’utilisation de deux termes, « Daesh » et « État islamique », pour parler de la même organisation. « Le ministre des affaires étrangères de l’époque, Laurent Fabius, a voulu que ses ministres n’utilisent plus l’appellation « État islamique », mais « Daesh », explique l’historien. Or il s’agit de la même chose sauf que quand on dit Daesh, on l’identifie à un groupe barbare terroriste sans règle. Alors que c’est l’inverse : l’État islamique a prétention à devenir un état, avec un drapeau, une monnaie et un certain nombre de règles basées sur la charia. »

Pour Jean-Pierre Luizard, l’État islamique a réussi à s’installer dans de nombreuses régions car « il a réussi, en l’absence d’état, à répondre aux revendications des populations et donner aux tribus locales le pouvoir sur leur territoire. » Ainsi dans certaines villes, « l’arrivée de l’État islamique a été vue comme la fin de la corruption et de l’insécurité, ce qui a été bien accueilli par la population. »

Bien que l’État islamique ait perdu un peu de terrain récemment au Moyen-Orient, notamment à Palmyre, Jean-Pierre Luizard note « la résistance de l’État islamique. » Selon lui, ce dernier « perd du terrain depuis quelques semaines, mais c’est surtout dans des régions où il n’est pas chez lui. En revanche, en régions arabes sunnites, il n’a perdu du terrain que grâce à une intervention extérieure. »

En revenant sur les attentats qui ont marqué la France au cours de l’année dernière, Jean-Marie Durand a demandé à l’historien « Comment expliquez-vous que Daesh ait ciblé la France ? » Selon Jean-Pierre Luizard, à chaque attentat en Europe, la même question revient : « est-ce une réaction au recul au Moyen-Orient ou un nouveau volet de l’État islamique. » Et l’historien de compléter : « Je pense pour ma part qu’il y a depuis un an, un volet spécifique européen et français : l’État islamique essaye de convaincre par la peur et le terrorisme que les communautés ne peuvent plus vivre ensemble. »

POISSY
Terrorisme : le premier adjoint propose de rétablir la peine de mort

Le jour même des attentats de Bruxelles, Jean-Frédéric Berçot, premier adjoint à Poissy, avait provoqué un certain émoi rapporté à La Gazette, ainsi que les reproches privés du maire Karl Olive (LR), après avoir publié sur sa page Facebook un commentaire demandant de « traiter les terroristes islamistes et surtout leurs sympathisants de manière beaucoup plus efficace ».

« Pour moi, ce «traitement» est le développement des peines de sûreté qui doivent être élargies aux complices, à toute cette chaîne logistique qui amène les terroristes à commettre leurs forfaits. Je n’ai pas la prétention d’être capable de trancher, mais je pose la question », développe, questionné par La Gazette, l’élu se revendiquant « de droite, proche de l’UDI et du Modem ».

Allant plus loin, il propose également de permettre le rétablissement de la peine de mort aux Etats européens. Celle-ci est interdite dans toute l’Union européenne, par l’intermédiaire du protocole n°6 du Conseil de l’Europe et de la Convention européenne des droits de l’homme.

« Est-ce qu’à un moment donné, nous n’aurions pas intérêt à les suspendre pendant trois ou quatre ans ? , s’interroge Jean-Frédéric Berçot. C’est une question philosophique : est-ce qu’un tueur de masse dans le cadre d’actes terroristes mérite la mort ? Est-ce dissuasif ? Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’il faut essayer de neutraliser ceux qui sont déjà perdus. »

Plus localement, il pointe la responsabilité des élus en termes de prévention de la radicalisation. « Ma responsabilité d’homme politique est d’interroger la société, et de m’interroger en permanence. Je ne veux pas que ce débat soit confisqué par les extrêmes », justifie par ailleurs le premier adjoint pisciacais de ses questionnements.