Cette année, l’usine Renault accueille un nouveau modèle, la Micra, une petite citadine. Déjà expérimentalement lancée sur la chaîne, sa production est entourée de toutes les précautions afin d’éviter les fuites. Cette « mise en confidentialité » du site industriel va de la mise sous scellés des téléphones des salariés et intérimaires à une vigilance humaine autour des véhicules.
« Il n’y a plus de visites pour le grand public ou d’ouverture aux événements extérieurs, et un gros travail de sensibilisation est mené auprès des collaborateurs, détaille la direction du site. C’est ne pas prendre une photo, ne pas en parler hors des ateliers, ou alerter en cas de présence d’un véhicule non bâché à l’extérieur. » Ces mesures de prévention sont doublées d’aspects plus concrets.
Les quelques voitures qui passent sur la chaîne sont ainsi veillées de près par des agents de sécurité. Les salariés, eux, ont été invités à signer un document, et à mettre leurs téléphones sous scellés dans un sachet plastique. Ce qui a d’ailleurs fortement déplu à la CGT comme à l’inspection du travail, obligeant, selon le syndicat, la direction à indiquer que « l’inobservation » de ces consignes ne pouvait donner lieu à « une procédure disciplinaire ».
C’est la première fois qu’une usine Renault accueille la production d’une voiture de son partenaire Nissan. Alors, depuis plus d’un an, le constructeur automobile se prépare : il investit environ 100 millions d’euros dans la modernisation du site, et embauche plus de 200 CDI sur deux ans. Une sélection de salariés s’est également rendue au Japon, dans l’usine de prototypage du constructeur japonais. Les premiers modèles définifs doivent sortir des chaînes à la fin de l’année.
Pour l’instant, l’assemblage concerne seulement des voitures-tests, produites par séries de quelques-unes : « Ils permettent d’identifier tous les points durs [de la mise en production]. Industrialiser un nouveau modèle est complexe, pour qu’on puisse faire 1 000 fois par jour ce qu’on faisait sur un véhicule à l’unité. » Alors, il n’est pas question de trahir « la confiance qu’a mis Nissan dans Renault », estime la direction.
Dix-sept intérimaires embauchés en CDI
Ce jour-là, ils sont dix-sept, de tous âges, intérimaires depuis quelques mois jusqu’à plus de dix ans dans l’usine, qui en compte actuellement environ 1 300 sur un total de 2 800 travailleurs, à venir signer leur CDI. Ils étaient 20 à s’être engagés dans un processus de formation aboutissant à l’obtention d’un Certificat de qualification paritaire de la métallurgie (CQPM).
Ce processus de certification professionnelle leur donne une équivalence au CAP, le diplôme minimum requis pour des embauches en CDI chez Renault. Sa délivrance est effectuée par un jury paritaire de la métallurgie, après une formation d’un mois comprenant des cours de maths et de français, des tests psychotechniques ainsi que des mises en situation au poste de travail.
« Ce qui me bloquait à chaque fois que je faisais ma demande, c’était le diplôme », explique Omar Darguel, qui travaille au centre de pièces de rechange. « Je n’ai rien lâché, alors que des collègues se sont dits qu’ils n’allaient pas réussir et perdre du temps, car le CDI est une assurance de travail », complète ce père de famille achérois de 45 ans, intérimaire depuis 11 ans dans l’usine.
Quarante autres pourront tenter cette année de décrocher ce CQPM en 2016. Ils sont sélectionnés par les chefs d’équipe au sein des ateliers. « Ils doivent me remonter les candidats. Nous sommes centrés sur la polyvalence, le comportement, l’attitude et la motivation », explique du processus de sélection Youssef Bakkari, chef d’atelier au montage.