Agressions : le ras-le-bol des chauffeurs de bus

Si aucun chiffre précis n’a encore été publié, les agressions des chauffeurs de bus sont de plus en plus récurrentes : un ras-le-bol au quotidien pour les conducteurs.

L’agression d’un chauffeur de bus la semaine dernière dans le Mantois avait provoqué une légère perturbation sur une ligne de substitution de la SNCF, mise en place suite aux travaux sur le réseau ferroviaire. Menacé et injurié par un homme en état d’ébriété, le chauffeur avait exercé son droit de retrait.

Cet épisode n’est pas un cas isolé. Si aucun chiffre précis n’a encore été publié, les agressions des chauffeurs de bus sont de plus en plus récurrentes. Mamadou a cinq ans de métier. L’homme a une carrure impressionnante et en impose derrière son volant. Pourtant, il confirme avoir été « vraiment agressé » trois fois ces dernières années. « C’est quasiment le quotidien : des insultes racistes, des crachats, des menaces de mort… » explique-t-il, dépité.

Chez les collègues, les constats sont les mêmes. Bilal vient d’arriver dans le métier. Conducteur de bus depuis une semaine, il a l’ambition de sa jeunesse : « j’ai entendu parler d’histoires, mais je n’ai pas peur, je vois bien que les gens qui montent dans le bus sont gentils ». Peut-être pas tous. La surprise attend parfois à un arrêt, et les chauffeurs ne sont pas à l’abri d’un coup de sang : « des jeunes, des vieux, des femmes, des hommes. Ça peut venir de tout le monde. » renchérit Mamadou avant d’ajouter « les gens croient que parce qu’ils ont payé un titre de transport, ils ont le droit de tout faire ».

Frédéric, lui, avoue à demi-mot que certains arrêts passent parfois à l’as. Après six années à conduire les bus, et quatre agressions, il se méfie. « Les quartiers mal fréquentés, on les connaît. A l’approche de la station, si on ne sent pas la bande qui est en attente ou qu’on se prend des projectiles, autant ne pas prendre le risque de mettre les usagers en danger ». Car au-delà de leur propre sécurité, c’est également aux passagers que pensent les chauffeurs, pour lesquels ils ont une certaine « responsabilité ».

« Quand les agressions font la une des journaux, les gens ont tendance à nous montrer leur soutien » confie Frédéric. Un soutien qu’ils aimeraient recevoir également de leurs sociétés. « Ça s’arrête souvent au verbal, mais parfois ça en vient aux mains. On ne se laisse pas faire. Et c’est sur nous qu’est rejetée la faute. Nous sommes pointés du doigt » regrette Mamadou. Contactées par la Gazette en Yvelines, les diverses sociétés de transports urbains n’ont pas pu répondre à nos questions dans le délai nécessaire au bouclage de cet article.