La réforme du collège « rejetée par une majorité d’enseignants »

Alors que la rentrée scolaire a à peine sonné dans les établissements scolaires français, le principal syndicat des enseignements du second degré appelle déjà à la grève. L’une des raisons est la mise en place de la reforme du collège.

L’un des sujets immanquables de cette rentrée scolaire 2016 est la réforme du collège. Mise en place depuis le 1er septembre et couplée au changement de l’ensemble des programmes de la sixième à la troisième, cette réforme change considérablement la manière de travailler du corps professoral. Notamment en raison de cette réforme, le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes-FSU) appelle à la grève le jeudi 8 septembre.

« Le Snes appelle à la grève car les tensions sont fortes dans les collèges avec une reforme rejetée par une majorité d’enseignants », regrette Jacques Jaudeau, co-secrétaire départemental du Snes-FSU et professeur d’histoire-géographie au lycée Senghor de Magnanville. « Avant c’était progressif, mais là, la mise en place totale de la réforme de la sixième à la troisième d’un coup implique une surcharge de travail conséquente. »

« Il peut y avoir des appréciations différentes de la réforme, d’où la nécessité de l’accompagnement des équipes et de les former », reconnaît Serge Clément, directeur académique des Yvelines, lors du point presse de rentrée de la direction académique. « Les professeurs sont investis et croient en leur métier, ajoute le directeur académique. Il peut y avoir une manifestation qui traduit des préoccupations qu’il faut intégrer. »

Parmi les nouveautés qui font particulièrement réagir les syndicats de professeurs figurent notamment : la création d’un nouveau cycle CM1-CM2-6e ; l’accompagnement personnalisé de tous les collégiens, à hauteur de trois heures par semaine en sixième et une heure par semaine ensuite ; et la mise en place des Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) qui mêlent plusieurs matières au sein d’un même cours. « L’objectif des EPI est de montrer les liens entre les disciplines, explique Serge Clément. Ce qui en est attendu est une plus-value pour les élèves en termes de compétences. »

Si professeur syndicaliste admet que « l’interdisciplinarité n’est pas une mauvaise chose car des collègues le faisait déjà », et que cela « développe les compétences et le travail d’équipe », il craint que les EPI ne mènent à « un appauvrissement des connaissances transmises dans les disciplines ». Jacques Jaudeau estime aussi que « les moyens ne seront pas suffisants pour faire les EPI en petits groupes ».

Autre crainte soulevée par l’enseignant, « la multiplication des réunions, notamment pour la création des EPI et entre établissements avec le nouveau cycle CM1-CM2-sixième ». Autant de points qui donnent au co-secrétaire départemental des raisons de penser que « on créé les conditions pour que la colère s’exprime », liées « d’un profond malaise et d’une déception du gouvernement ».