Brahim Kermaoui, l’ambassadeur des disparus marocains des années 70

Cette semaine, LFM recevait dans son studio Brahim Kermaoui, auteur d’un livre sur la vague de trafic d’enfants marocains.

Brahim Kermaoui, auteur de L’enfant égaré, fait partie des nourrissons marocains kidnappés dans les années 70.
Brahim Kermaoui, auteur de L’enfant égaré, fait partie des nourrissons marocains kidnappés dans les années 70.

Brahim Kermaoui a 37 ans, Gennevillois né au Maroc, il a été victime de l’une des plus grandes vagues d’enlèvements de nourrissons que le Maroc ait connu, celle des années 70. Désormais à travers la médiatisation de son histoire et son dernier livre L’enfant égaré, le père de famille lutte contre l’oubli. « Souffrance, abandon et espoir », c’est ainsi qu’il résume son histoire. Il fait partie de ces enfants marocains enlevés à des familles pauvres pour alimenter le trafic de bébés.

Selon lui, entre 1970 et 1980, 400 000 enfants auraient été détournés par des religieux espagnols et des médecins marocains. Mais, pire encore : pour entrer en France, on lui aurait fait porter l’identité d’un enfant mort. Depuis des années, il œuvre pour retrouver ses parents biologiques, une quête sans fin qu’il a décidé de raconter dans son livre. A la tête d’une petite société de transport de personnes, rien ne le prédestinait à devenir auteur.

Ecrire a plutôt été pour lui une thérapie : « Je voulais faire partager mon histoire, cela me tenait à cœur de transmettre mon message ». A compte d’auteur, une partie de ses bénéfices seront d’ailleurs reversés à l’association d’aide aux enfants orphelins défavorisés Cœur du Maroc. Brahim Kermaoui veut désormais aider ceux qui, comme lui, ont été victimes de ce trafic, mais aussi tous les jeunes en souffrance.

Désormais, Brahim Kermaoui essaye d’attirer l’attention sur ce drame oublié qui a touché des milliers d’enfants. Entre interviews et rendez-vous avec des hommes politiques, il espère un jour trouver la justice, mais aussi porter la voix de ces victimes que l’on n’entend pas. « Les médias n’en parlent pas assez, il faut en parler mais aussi donner des choses positives », dit-il.

Le plus important est de « ne pas baisser les bras, il faut se battre, se dire qu’il y a pire que soit », explique-t-il. Il l’admet en toute honnêteté, il revient de loin et aurait pu mal tourner. Ce qui l’a sauvé est probablement son espoir et sa foi en l’humanité. C’est de là qu’il tire le message le plus important de son combat, donner de l’amour pour en recevoir. La prochaine étape après ce livre, est un film. Il est d’ailleurs actuellement à la recherche d’un producteur.