Des Tibétains hébergés dans de nouveaux foyers

Depuis un mois, les anciens bureaux d’affrètement des Voies navigables de France (VNF), vont accueillir 65 réfugiés tibétains. Une cinquantaine continue à dormir dehors.

Le 31 septembre dernier, l’hébergement de réfugiés tibétains a débuté dans l’ancien bureau d’affrètement fluvial. L’association la Pierre blanche a déjà investi les lieux, et des travaux sont en cours pour en faire « un espace d’accueil et d’intégration » pour 65 personnes, ce qui reste insuffisant : une cinquantaine de Tibétains continuent à dormir dehors.

Propriété des Voies navigables de France (VNF), au Pointil, le bureau d’affrètement était inoccupé depuis près de 16 ans.« Tout s’est débloqué au mois de juin dernier » raconte Hugues Fresneau, directeur de l’association. La préfecture, VNF et la Pierre blanche signent une convention de deux ans pour occuper ce lieu où ces réfugiés pourront dormir, cuisiner mais être aussi suivis.

« On signe avec eux un contrat qui va de trois mois en trois mois, explique Marie-Pierre Petit, responsable du site. En contrepartie, nous leur demandons d’assister obligatoirement aux cours de français, aux formations professionnelles et au cours de citoyenneté. » L’objectif est donc de travailler en tenant compte de la notion d’insertion, « et pas que de l’urgence », ajoute-t-elle.

Les travaux, menés par l’association conflanaise Agir combattre réunir (ACR) à travers un chantier de réinsertion, devraient se terminer dans les prochains jours. Ils comprennent la création d’espaces non-mixtes par dortoirs de huit aux matelas posés par terre, ainsi qu’une vingtaine de douches et des sanitaires d’autant plus importants que les bains-douches communaux ont récemment fermé. Pour l’instant, le bâtiment n’est pas chauffé.

Depuis quelques jours, les Tibétains qui dormaient dehors, face à la péniche-chapelle Je sers, où sont distribués les repas avec l’aide de la paroisse, se sont réfugiés sous le porche de l’ancien bureau d’affrètement. Marie-Pierre Petit, pour qui « leur sourire est une leçon », assure « avoir une boule au ventre en arrivant le matin et voyant ces gens dormir dehors ». En effet, ceux qui dormaient dans « un vieux bateau » ont été jugés prioritaires pour les hébergements.

Par rapport à l’an dernier, Hugues Fresneau l’assure : « il n’y a plus de Tibétains dans la forêt », l’association ne distribuant plus de tentes. « La solution était pire que le problème », lâche-t-il. En cas de grand froid, de nouvelles solutions sont étudiées : la mairie a proposé de mettre un terrain à disposition, tandis que la préfecture suggère de son côté l’installation de préfabriqués.

Certains Yvelinois accueillent des Tibétains chez eux

Emma Gatti est éducatrice spécialisée et habitante de Conflans-Sainte-Honorine. Il y a trois ans, elle s’était déjà mobilisé dans l’aide aux devoirs et les cours d’alphabétisation dispensés par la Pierre blanche. Il y a un mois, elle a créé un groupe Facebook pour sensibiliser la population et récolter des dons. Comme 30 familles, elle a décidé d’accueillir chez elle quatre Tibétaines car « elle ne supporte plus cette situation ».

Elle leur fournit gratuitement un petit déjeuner, un lieu pour se laver et le gîte pour la nuit. Emma Gatti prône le dialogue avec ses invités. Souvent, l’échange se fait au petit déjeuner. Elle est admirative de « la discrétion de cette communauté qui ne se plaint jamais » et « des liens faciles à nouer avec des gens qui sont aux antipodes de notre manière de vivre ».

Comme ceux qui sont hébergés au Pointil, les demandeurs d’asile doivent répondre à certaines obligations. « Il ne s’agit pas de les accueillir mais de les accompagner, qu’ils puissent s’intégrer », explique-t-elle. L’objectif ? L’obtention la plus rapide possible du statut de réfugié politique (toujours accordé pour les Tibétains, Ndlr), afin de bénéficier du RSA dans un premier temps, mais surtout de pouvoir travailler.

Un système de familles-relais s’est également mis en place : « Certains accueillants culpabilisent de partir en vacances et de les laisser à leur sort ». Grâce au groupe Facebook nommé « Soutien aux réfugiés tibétains de Conflans » , 11 Tibétains ont trouvé une famille depuis septembre. Beaucoup d’hôtes sont retraités, « plus disponibles », même si « des actifs avec enfants » ont également répondu présent.

La Pierre blanche en grande difficulté financière

L’association de Conflans-Sainte-Honorine est en grande difficulté financière. Gérant l’accueil et l’hébergement de sans-abris ainsi que des réfugiés tibétains, elle est pourtant aidée par une quarantaine de bénévoles et de grandes enseignes de distribution qui lui donnent une tonne de produits alimentaires chaque jour.

Mais aujourd’hui, l’afflux de Tibétains représente les trois quarts des hébergements conflanais de la Pierre blanche, et pèse sur ses comptes. « Le déficit de 100 000 euros devrait croître fortement, s’inquiète Hugues Freneau, son directeur. Il faudra faire des choix ».

Hugues Fresneau se dit dépassé par l’ampleur du phénomène : « Ils n’étaient que quatre ou cinq en 2011. » Même si «  on accueille d’abord et on voit pour l’argent après », il demande une prise en charge plus spécifique pour cette problématique, dont il estime que « seul l’Etat peut désormais agir ».

Erratum : Dans l’encadré consacré aux familles qui accueillent des réfugiés tibétains à leur domicile, deux erreurs ont été faites et corrigées sur votre édition en ligne. Contrairement a ce qui a été écrit, depuis l’ouverture du groupe public Facebook (« Soutien aux réfugiés tibétains de Conflans ») 11 tibétains ont trouvé une famille d’accueil et non 20 comme il était écrit. Concernant Emma Gatti, que nous avons interrogé pour illustrer le fait que des habitants de Conflans-Sainte-Honorine et Andrésy accueillent des tibétains à leur domicile, il était écrit « qu’elle se mobilise depuis 3 ans pour les réfugiés tibétains ». Rectification, elle avait en tant que bénévole, donné des cours d’alphabétisation et de soutien scolaire à la Pierre blanche il y a 3 ans avant de rester inactive jusqu’à la création du groupe Facebook. La rédaction présente ses excuses quant à ces erreurs relevées dans cet encart.