Primaire : vote sanction, vote Fillon

A l’Ouest, le rejet du mandat Sarkozy domine. L’Est a favorisé François Fillon malgré l’engagement fort des élus en faveur d’Alain Juppé. Au centre, l’ex-premier ministre emporte la mise.

Les électeurs sont venus en masse malgré la pluie dominicale, torrentielle et continue. S’ils ont plutôt voté comme le reste des Français ayant choisi de se déplacer à ce premier tour de la primaire « de la droite et du centre », quelques variations étaient perceptibles dans les bureaux de vote de Rosny-sur-Seine à Conflans-Sainte-Honorine dimanche dernier. Le rejet de Nicolas Sarkozy a largement dominé le paysage, peut-être de manière encore plus prononcée dans le Mantois, touchant également François Fillon arrivé premier partout ailleurs mais second dans cette circonscription.

En vallée de Seine, les élus LR avaient très majoritairement choisi de soutenir soit François Fillon, à l’instar de l’incontournable sénatrice-maire d’Aubergenville Sophie Primas, soit Alain Juppé, comme le très médiatique maire de Poissy Karl Olive. Seuls Pierre Bédier, le pourtant chiraquien président du Conseil départemental, et le sarkozyste de toujours et député de Poissy David Douillet s’étaient engagés aux côtés de Nicolas Sarkozy.

Dans le quartier mantais du Val Fourré, plusieurs élus de la majorité municipale s’étaient personnellement engagés pour le vainqueur de la soirée. « François Fillon est très sérieux, très intelligent, et le fait qu’il soit catholique était important, je suis en symbiose avec ses valeurs », explique ainsi Véronique Tshimanga, indiquant que dans ce quartier populaire ayant peu participé au regard d’autres bureaux, les deux euros ont parfois pu constituer une barrière au vote.

Mais, ici comme ailleurs, le refus de voir Nicolas Sarkozy accéder au second tour a pu motiver les électeurs. « Je fais en sorte que certains candidats ne repassent pas », témoigne ainsi Khalid, 30 ans. « Plutôt de gauche » mais pas sympathisant politique d’un parti, il a suivi meetings et débats à la télévision. Lui ne voulait ni de l’ex-président ni de son ancien premier ministre, qui réalise un score nettement en-dessous de la moyenne nationale dans le Mantois.

Le rejet de Nicolas Sarkozy a largement dominé le paysage, peut-être de manière encore plus prononcée dans le Mantois.
Le rejet de Nicolas Sarkozy a largement dominé le paysage, peut-être de manière encore plus prononcée dans le Mantois.

La participation des électeurs sans préférence, ou de gauche sans être militants, votant contre Nicolas Sarkozy, a été plutôt remarquée. « Il y a un vote sanction, on nous l’a dit plusieurs fois, note ainsi Anne-Claire Knysz, présidente du bureau de la maison des associations à Meulan-en-Yvelines. Et nous avons vu des gens de gauche, qui ne souriaient pas. »

A Poissy, la première adjointe Sandrine Dos Santos, « agréablement surprise de la participation », confirme cette participation très au-delà de la droite. « C’est vraiment un panel représentatif de la ville, se réjouit-elle. J’ai l’impression que les gens ont compris que le candidat qui gagnerait les primaires serait notre président, ils ont voulu être acteurs et ne pas laisser à une petite partie de militants le choix du candidat. »

Alors, malgré l’arrivée en seconde position d’Alain Juppé dans sa commune, faisant malgré tout l’un de ses meilleurs scores franciliens, le maire de Poissy, pas forcément mécontent de l’éjection de l’ex-président, a fait contre mauvaise fortune bon coeur. Saluant les bénévoles ayant aidé à la tenue de l’élection et « une formidable réussite pour l’exercice de démocratie » de cette primaire, il estime que les Français ont envoyé un « message fort » pour « une alternance en mai prochain ».

Il assure qu’il se rangera « sans états d’âmes » derrière le vainqueur du second tour, dimanche prochain. Mais il compte bien inverser la tendance cette semaine : s’appuyant sur le fait que « les Français ont montré qu’ils ne voulaient plus de Sarkozy », il compte sur leur mémoire pour que son ex-premier ministre ne l’emporte pas. De son côté, le Mantais Pierre Bédier s’engageait dès lundi matin pour François Fillon, « le plus à même de faire le puissant rassemblement de la droite et du centre dont la France a besoin pour son indispensable redressement ».

Les résultats des différents candidats pour chaque bureau de vote ont été regroupés sur une carte interactive par les Décodeurs du journal Le Monde, accessible à cette adresse : bit.ly/2fJOlop