Le projet d’Ecopôle Seine-Aval, une zone d’activité qui devrait accueillir des entreprises des filières de « l’éco-construction », situé en grande partie sur la commune de Carrières-sous-Poissy et au cœur de la boucle de Chanteloup, devrait connaître de nouvelles avancées au cours du premier trimestre 2017 avec le lancement des premiers travaux. Si la première réalisation de l’Ecopôle, la Fabrique 21, a été livrée en 2012, la zone elle-même se concrétise avec un appel d’offres juste lancé. Son développement est sensé être accompagné d’un port industriel à l’emplacement de l’actuelle marina de plaisance.
Ce chantier représente « environ 9 millions d’euros de travaux » alors que l’ensemble du projet est estimé à « environ 27 millions d’euros », explique Camille Delerue, chef du projet pour L’Établissement public d’aménagement du Mantois Seine Aval (Epamsa), l’aménageur. Pour cette première phase, sont notamment prévus « un village d’entreprise sur 10 000 m² qui pourra accueillir 10 à 20 entreprises » et un « hôtel social de 2 000 m² ». Si ces premiers travaux d’aménagements sont prévus pour débuter entre février et avril 2017 et durer « entre deux et quatre ans », le projet global devrait être achevé « à l’horizon 2026-2027 », indique la chef de projet à l’Epamsa.
Le périmètre de l’Ecopôle représente une surface totale de « 200 hectares, dont 50 vont faire l’objet de vente de terrain, et dont 40 hectares seront dédiés à l’activité économique », détaille Camille Delerue. La vocation principale de cette zone d’activité sera d’accueillir des entreprises travaillant dans les secteurs de « l’éco-construction » et de « l’éco-industrie ». « L’idée est d’offrir un foncier à vendre pour le déploiement et l’installation de ces entreprises sur le territoire, de redonner du dynamisme sur le plan économique au territoire de la boucle de Chanteloup et plus globalement ensuite au territoire dit de Seine aval », estime la chef du projet à l’Epamsa.
Même son de cloche pour Christophe Delrieu (DVD), maire de Carrières-sous-Poissy, pour qui « la communauté urbaine ne doit pas devenir une réserve d’indiens où on ne construirait que des logements, et où on oublierait l’équilibre fondamental entre le développement économique, les transports et l’habitat. » Le maire de la commune ajoute : « Le développement de cette zone d’activité permettra d’avoir de l’emploi ici, chez nous ». Complété par Camille Delerue, qui confie que l’Epamsa table sur la création de « 2 500 à 3 000 emplois à l’horizon 2025 ». Un projet duquel Eddie Aït (PRG), ancien maire et conseiller municipal d’opposition, indique « adhérer » : « je pense qu’on a une opportunité à saisir et il faut vraiment qu’on travaille à la création d’emploi, sinon la boucle de Chanteloup va resterune zone dortoire de la grande couronne ».
En plus de l’aspect économique du projet, Camille Delerue explique que l’idée « n’est pas de faire une zone monofonctionnelle ». Et de préciser : « On a imaginé un aménagement progressif de la ville vers les espaces naturels, avec une première partie sud de l’Ecopôle où l’on a imaginé une mixité des programmes […] avec un peu de logements ». Ainsi, même si « cela reste marginal par rapport au projet », d’après elle, 280 logements vont sortir de terre « entre 2022 et 2024, pas avant ».
Anthony Effroy (DVD), conseiller municipal d’opposition à Carrières-sous-Poissy et président de l’association Rives de Seine nature environnement, estime « qu’il y a un risque clair à implanter des activités et surtout des logements […] sur ces terrains qui sont pollués suite aux épandages des égouts de la Ville de Paris ».
Pour Camille Delerue, les traces de cette pollution n’existent plus « puisque tous les terrains ont été exploités ensuite par les carriers ». Et de préciser : « Donc toute la couche superficielle a été entièrement évacuée et traitée au moment de l’exploitation, entre les années 70 et aujourd’hui, de l’ensemble des terrains de l’Ecopôle ». Les mesures effectuées, par plusieurs dizaines de sondages, confirment l’absence de pollution importante.
Autre point soulevé par le conseiller municipal d’opposition, l’aspect environnemental et la préservation des espèces protégées. Ce dernier s’appuie notamment sur un avis défavorable en 2014 du Conseil national de la protection de la nature (CNPN), rattaché au ministère de l’écologie, qui a, selon lui « estimé que les mesures qui étaient proposées dans le cadre des compensations environnementales n’étaient pas suffisantes ».
Un avis duquel l’Epamsa confie avoir été « surpris ». La chef de projet pour l’Epamsa précise qu’en réponse au CNPN, « nous avons ajouté des mesures complémentaires […], ensuite la DRIEE (direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie, Ndlr) et le préfet ont estimé que ces réponses étaient suffisantes et le projet de qualité ».
Camille Delerue précise qu’une zone de compensation unique de 25 hectares va être aménagée avec l’idée d’avoir « un seul site pour y installer la totalité des mesures qu’il fallait réaliser ». Pour Anthony Effroy, cette zone de compensation est cependant « insuffisante » en raison de sa superficie et de son « emplacement […] en bordure de route départementale ».