Un musée dédié à Le Corbusier en 2022 ?

Un projet porteur pour le territoire et approuvé malgré des oppositions, par exemple sur le budget.

Un musée Le Corbusier ouvrira-t-il à Poissy dès 2022 ? « Selon mon humeur et les sujets qui m’occupent ou me préoccupent, cette maquette sait généralement trouver les mots pour me tirer de mes interrogations. Elle m’inspire. » Si Karl Olive (LR), maire de Poissy, semble attaché au modèle réduit de la Villa Savoye, il l’est encore plus du bâtiment grandeur nature et à son architecte, Charles-Edouard Jeanneret-Gris, alias Le Corbusier.

Alors, le 19 décembre dernier, il n’a pas caché sa joie lors de la signature d’une convention entre la mairie, la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), la Fondation Le Corbusier et le Centre des monuments nationaux (CMN). Première étape dans la création d’un musée dédié aux œuvres du célèbre architecte (voir encadré), projet qualifié « d’opportunité » par tous les élus de la vallée de Seine… qui regrettent cependant son ancrage exclusivement pisciacais.

 La convention de partenariat entre la ville de Poissy, la communauté urbaine, le Centre des monuments nationaux et la Fondation Le Corbusier a été signée le 19 décembre dernier.
La convention de partenariat entre la ville de Poissy, la communauté urbaine, le Centre des monuments nationaux et la Fondation Le Corbusier a été signée le 19 décembre dernier.

Lors de la présentation de la convention au conseil communautaire de GPSEO, jeudi 15 décembre dernier, les élus ont ainsi exprimé l’impression d’être devant une initiative pisciaco-pisciacaise. « Pourquoi ne pas proposer plutôt un parcours architectural de Conflans à Mantes-la-Jolie ?  interroge Marie Peresse, adjointe vernolitaine et membre du groupe Agir pour l’avenir intercommunal (APAI). On préfère la création d’un équipement plutôt que de valoriser l’existant. »

Devant les critiques, le président de GPSEO, Philippe Tautou (LR), maintient sa position : « Nous avons besoin d’un cap, de projets porteurs sur et pour le territoire. » C’est pourtant bien la participation financière et juridique de GPSEO qui pose problème, la convention stipulant que « la maîtrise d’ouvrage sera assurée par GPSEO ». Pascal Collado (DVD), maire de Vernouillet et président d’APAI, avance : « Rien n’empêche que la ville de Poissy porte le projet et que la communauté urbaine s’y greffe après. »

L’ouverture est prévue pour 2022, mais le musée n’est pour l’instant qu’une idée. « Il y avait une volonté du Centre des monuments nationaux de lancer rapidement le projet, souligne Karl Olive. Il fallait rester dans la continuité de l’inscription de la Villa Savoye au patrimoine mondial de l’Unesco (en juillet 2016, Ndlr). » L’étude programmatique, définissant le projet ainsi que les expositions et animations prévues, devrait être réalisée pour 2018.

Le musée Le Corbusier verra le jour face à la Villa Savoye. Il stockera près de 500 000 documents et maquettes jusque-là entreposés dans les  sites de la Fondation Le Corbusier.
Le musée Le Corbusier verra le jour face à la Villa Savoye. Il stockera près de 500 000 documents et maquettes jusque-là entreposés dans les sites de la Fondation Le Corbusier.

Alors, au conseil communautaire, où cette convention a été adoptée avec 66 voix pour, 49 contre et neuf abstentions, quelques élus ont déploré une certaine précipitation. « La commission attractivité n’a pas eu connaissance de la convention avant le vote », a ainsi regretté le maire de Lainville-en-Vexin Stéphane Hazan (SE), membre du groupe Indépendants Seine et Oise (Iso).

La mairie de Poissy espère que ce projet redonnera un nouveau souffle à la Villa Savoye, dont la fréquentation s’établit à environ 41 000 visiteurs annuels. A la Vernolitaire Marie Péresse la jugeant « trop faible », le Pisciacais Karl Olive, qui espère « éduquer à l’architecture » les Yvelinois, répond : « Avec le musée, la fréquentation pourrait facilement tripler. »

Reste maintenant à s’accorder sur le budget. Au conseil communautaire, Stéphane Hazan a évoqué « un projet à 40 millions d’euros ». Ce que le président Philippe Tautou réfute partiellement : « Nous estimons pour le moment le budget à 15 millions d’euros, mais il peut évoluer. » Il compte solliciter « le Conseil départemental, la Région », et propose d’avoir « recours au mécénat » de particuliers et d’entreprises.

Au musée, près de 500 000 documents liés à Le Corbusier

Le musée sera construit sur un terrain de 12 000 m² appartenant à la mairie de Poissy, aujourd’hui occupé par le Centre de diffusion artistique (CDA), face à la Villa Savoye. Le musée stockera ainsi près de 500 000 documents, esquisses ou maquettes relatives aux œuvres de Le Corbusier, jusque-là répartis dans quatre sites de la Fondation éponyme.

« Il y aura une complémentarité entre les deux édifices », note Florence Xolin, l’adjointe au patrimoine et au tourisme. « Le musée permettra d’apporter un éclairage, souligne David Madec, administrateur de la Villa Savoye depuis l’été dernier. Des expositions ponctuelles ont déjà été organisées à la Villa, mais il n’y a pas eu d’autres confrontations au travail de Le Corbusier. »

Le projet scientifique et culturel du futur musée devrait être finalisé pour la fin de l’année 2017. « Nous allons définir comment montrer et articuler les œuvres, mais aussi les équipements comme une salle de conférence ou des ateliers pédagogiques », détaille David Madec.

Qui visite la Villa Savoye ?

En 2015, la Villa Savoye a accueilli environ 41 000 visiteurs. « Ce chiffre devrait être sensiblement le même pour 2016 », fait remarquer David Madec, l’administrateur de la Villa. Parmi ces touristes, environ 7 000 ont été comptabilisés en entrées gratuites, dont 3 000 ont de 18 à 25 ans. Les Français représentent « en toute logique » 80 % des visiteurs. « La Villa Savoye est aussi très bien repérée par les touristes japonais, elle est même un objectif de visite », ajoute l’administrateur. L’architecte est en effet très connu au Japon, où il avait réalisé le bâtiment principal du Musée national de l’art occidental.