Yvelines-Essonne : le bailleur public devient privé

Le bailleur social public interdépartemental change de nom, de gouvernance, et passe sous l'égide du groupe privé Action logement. Pour le reste, les élus assurent que rien ne change.

Raphaël Cognet (LR), adjoint mantais au commerce et administrateur au Medef, dirige  le conseil de surveillance du nouveau bailleur social, les Résidences Yvelines Essonne (à gauche sur la photo).
Raphaël Cognet (LR), adjoint mantais au commerce et administrateur au Medef (à gauche sur la photo), dirige le conseil de surveillance du nouveau bailleur social, les Résidences Yvelines Essonne.

Ne l’appelez plus Opievoy (Office public interdépartemental de l’Essonne, du Val d’Oise et des Yvelines, Ndlr) mais les Résidences Yvelines Essonne. L’ancien bailleur social public gérait 50 000 logements dans sept départements, il en comptera d’ici quelques mois 60 000, répartis sur les Yvelines et l’Essonne. Les deux conseils départementaux espèrent pouvoir relancer la construction de nouveaux logements grâce à l’apport financier d’Action logement.

Les élus promettent le maintien des loyers aux locataires, comme des conditions de travail aux ex-agents devenus salariés. Ils avancent également « pas de changement » dans les mécanismes d’attribution des logements sociaux. Ils indiquent également leur retrait de la gestion au quotidien du bailleur social. Raphaël Cognet (LR), adjoint mantais et administrateur au Medef, dirigera son conseil de surveillance. Les représentants des locataires resteront également présents dans le nouveau bailleur, nommés par leurs fédérations en attendant de nouvelles élections en 2018.

Les Résidences Yvelines Essonne est placé sous l’égide du groupe Action logement, propriétaire d’un million de logements sociaux partout en France. Il apportera près de 30 000 logements yvelinois et essonnois d’ici quelques mois au patrimoine du nouveau bailleur, d’après son directeur général Bruno Arbouet. Action logement est une société anonyme privée paritaire qui associe syndicats de salariés et d’employeurs pour la collecte et l’utilisation du 1 % logement (aujourd’hui fixé à 0,45 % et payé par toute entreprise de plus de 20 salariés, Ndlr).

La fin de l’Opievoy avait été décidée par un amendement interdisant les bailleurs sociaux interdépartementaux lors du vote de la loi Alur en 2014. Après quelques atermoiements, le Conseil régional d’Île-de-France n’a pas souhaité récupérer son patrimoine. Si le Val d’Oise l’a fait à travers son propre bailleur social départemental, ni les Yvelines ni l’Essonne n’en avaient.

« Nous avons fait le choix de rester solidaires et de nous associer avec Action logement, actionnaire de référence qui a vocation à être majoritaire, a expliqué le président du Conseil départemental des Yvelines et de l’Opievoy, Pierre Bédier (LR). Je souhaite que cette société soit le premier constructeur dans le département, pour accompagner la création de logements dont nous avons besoin dans le secteur social et le secteur intermédiaire.»

Jusque-là décideurs et gestionnaires de l’office HLM public qu’était l’Opievoy, les élus ont indiqué se retirer de la gestion au profit d’Action logement. « Les collectivités seront là pour surveiller et non diriger, ce n’est plus la mission des élus de devoir gérer le logement social, a assuré Pierre Bédier, d’ailleurs membre du nouveau conseil de surveillance. Ils continueront de surveiller que la construction de logement social et la rénocation se fassent comme elles doivent se faire. »

Les deux Départements deviendront en effet actionnaires minoritaires, même s’ils conservent une majorité au conseil de surveillance, l’instance qui chapeaute les Résidences Yvelines Essonne. Sa présidence est assurée par Raphaël Cognet, élu par les 8 autres membres. Celui qui est aussi adjoint en charge du commerce à Mantes-la-Jolie y est présent en tant que délégué d’Action logement, comme représentant du Medef au sein du groupe paritaire.

EN CHIFFRES

Les Résidences Yvelines Essonne, le nouveau bailleur social formé par les patrimoines yvelinois et essonnois de l’ex-Office public interdépartemental de l’Essonne, du Val-d’Oise et des Yvelines (Opievoy), représente 29 967 logements dont 12 781 dans les quartiers prioritaires yvelinois. En vallée de Seine, ceux-ci sont présents aux Mureaux, à Chanteloup-les-Vignes, à Limay, à Mantes-la-Jolie et à Poissy.

Ce patrimoine sera, dans quelques mois, additionné de presque 30 000 logements du groupe Action logement. Les logements de l’ex-Opievoy ont un loyer moyen de 368 euros dans les Yvelines. Le nouveau bailleur social compte pour l’instant 667 salariés, dont 121 gardiens dans les Yvelines.