Ligne J : les élus montent au créneau contre le calvaire des usagers

L'exaspération est à son comble sur le Paris-Mantes, qu'il soit normand ou exclusivement francilien, direct ou omnibus. Fait rare : les élus critiquent publiquement la SNCF et prévoient des actions.

Les habitants de vallée de Seine qui prennent le train vers Paris n’en peuvent plus… au point que leurs élus, d’habitude silencieux pour ne pas contrarier l’entreprise ferroviaire dont leurs communes dépendent en partie, ont décidé de faire savoir publiquement leur mécontentement par l’intermédiaire de l’un d’eux. Face à ces critiques, la SNCF plaide ses plans d’action, et une succession d’incidents ces derniers mois.

« Je sature, et j’estime qu’on a besoin de faire savoir que la SNCF ne remplit pas correctement ses obligations auprès des usagers », s’emporte ainsi Pierre-Yves Dumoulin (LR), adjoint à Rosny-sur-Seine et surtout vice-président délégué aux déplacements à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO).

« On est la ligne la plus dégradée au niveau de la ponctualité, de la robustesse. Ils profitent d’Eole (le RER E, Ndlr) pour essayer de nous faire accepter des choses intolérables, il est temps qu’on soutienne nos usagers et nos habitants, poursuit l’élu visiblement furieux. Eole est dans sept ans, et on ne peut pas entendre que pendant sept ans, ça va être le merdier noir comme aujourd’hui. »

« Le ressenti est plutôt fondé, reconnaît Odile Roussillot, secrétaire générale des lignes L, A et J à la SNCF. Les grandes raisons sont structurelles, avec un effet de saisonnalité en novembre et décembre, et plus conjoncturelles, des incidents avec des causes principalement externes. » Elle avance des
« plans d’action » comme l’élaguage des arbres pour éviter les feuilles mortes, et admet devoir « une information voyageurs fiable et réactive et une très bonne prise en charge ».

« La situation était explosive avant les vacances de fin d’année, elle l’est de nouveau, le degré d’exaspération est préoccupant, confirme Louis Gomez, président du comité d’usagers des gares de l’Ouest francilien. Si on n’a pas de résultat rapidement, on va lancer des opérations citoyennes, car il y a un ras-le-bol généralisé et pas de retour de la SNCF. » Si elles se tenaient, elles seraient probablement soutenues par les élus de la vallée de Seine.

La SNCF dément vouloir fermer les « petites » gares

Le long de la ligne J, la rumeur se fait insistante chez les élus comme parmi le personnel de la SNCF. Cette dernière souhaiterait fermer les gares les moins utilisées par les usagers, certaines d’entre elles n’étant déjà plus ouvertes qu’une partie de la journée, et parfois fermées temporairement sans avertissement. La SNCF dément formellement et veut rassurer élus et voyageurs.

« A Rosny, on a un bâtiment voyageur ouvert de 5 h du matin à 13 h, qui est une coquille vide. Il sert surtout pour attendre l’hiver, c’est le seul endroit chauffé où il y a un peu de confort, indique Pierre-Yves Dumoulin (LR), adjoint municipal. Unilatéralement, depuis le premier janvier, la SNCF l’a fermé sans en informer les usagers, ni le maire. Je m’en suis inquiété auprès de notre référent SNCF, qui a traité ça par le mépris et n’a pas donné d’explications. »

Avec son autre casquette politique, celle de vice-président délégué aux déplacements à la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), il s’inquiète d’éventuels « projets de fermetures de bâtiments voyageurs sans qu’on n’en soit informés ». D’autant plus qu’avec l’arrivée du RER E, « on a des projets de rénovation des pôles gares ».

« Soyons clairs : il n’est pas prévu de fermetures de gares, répond Odile Roussillot, secrétaire générale des lignes L, A et J à la SNCF. Depuis début janvier, nous avons un certain nombre de fermetures liées à des absences inopinées, sur lesquelles on essaie d’avoir des actions concrètes de mise en oeuvre. » Aucune date de réouverture n’est connue pour la gare rosnéenne, et elle pointe tant « les automates de vente » que « des panneaux d’information et la sonorisation » comme substitut.