Il y a deux semaines, les responsables de l’association AVL3C – Vexin zone 109 organisaient une réunion publique à Juziers. Ils y ont posé la question de la fermeture de la cimenterie de Gargenville, trop polluante selon eux, et dont l’alimentation en calcaire nécessite la carrière à laquelle ils sont opposés. L’entreprise Calcia indique, elle, faire plus que respecter les normes d’émissions auxquelles l’usine est soumise.
Depuis sa renaissance sous une autre forme juridique en 2014, l’association vexinoise de lutte contre la création d’une carrière de calcaire, aujourd’hui prévue à Brueil-en-Vexin, fait feu de tout bois, de réunions publiques en manifestations, de courriers en happenings. Elle compte aujourd’hui 550 adhérents, dont une partie étaient là parmi les plus de 80 présents à Juziers, commune qui jouxte Gargenville et sa cimenterie, ouverte en bord de Seine voilà bientôt un siècle.
Le permis d’exploitation de la nouvelle version de la carrière calcaire prévue par la société Calcia n’a pas encore été déposé (il est désormais prévu au premier semestre 2017, Ndlr). Alors, l’association a renouvelé son opposition à ce double investissement de 70 millions d’euros à Brueil-en-Vexin, et de 25 millions d’euros de modernisation de la cimenterie.
« Nous ne sommes pas pour des licenciements, ou contre l’emploi. Mais, à un moment, l’époque change, et il faut partir dans de nouvelles directions, annonce en préambule sa présidente Dominique Pélegrin. On a beaucoup travaillé la question de l’eau (de la rivière Montcient, Ndlr). Maintenant, on aborde la question de la qualité de l’air dans la vallée de Seine. »
« Calcia n’est pas le seul responsable de tous les problèmes que je vais vous présenter, mais l’industrie cimentière est une des plus polluantes, et surtout, elle est au milieu de la ville »,
poursuit-elle. Avec d’autres, elle explique à l’assistance que la pollution aérienne de la vallée de Seine, où les troubles respiratoires sont les plus importants du département, est causée pour chaque tiers par les axes routiers, les pollutions individuelles (comme le chauffage, Ndlr), et l’industrie.
« L’usine Calcia, par jour, pour les Nox (oxydes d’azote, pouvant provoquer des difficultés respiratoires, Ndlr), c’est 16 000 poids lourds qui tournent à 70 km/h en continu, détaille Sylvie Peschard, membre de l’association et médecin gastro-entérologue à Meulan-en-Yvelines. Calcia ne fait rien d’illégal, respecte les normes, mais ça ne suffit pas. Même s’ils respectent les mesures environnementales, c’est dangereux et ça a des conséquences sur la santé. »
Face à la demande d’un abandon de l’exploitation du calcaire et de la production de ciment, Calcia répond effectivement par le respect de normes de plus en plus restrictives. « Notre arrêté [d’exploitation] fixe des seuils-limite d’émission. Par exemple, les Nox sont passés au premier avril 2016 de 800 à 500 mg par nanomètre cube, argue la direction du cimentier. On les anticipe, et on fait des investissements pour qu’on soit dans, et même en-deçà de la réglementation. »
L’entreprise indique avoir « investi deux millions d’euros ces cinq dernières années » à cet effet dans son site gargenvillois, qui emploie une centaine de salariés. Parmi ces derniers, certains étaient présents à la réunion juziéroise : s’ils ne souhaitent pas s’exprimer, ils ne cachent pas leur colère face au combat de l’association, dont ils mettent en doute la véracité de certains des arguments.
« Faut-il fermer Calcia pour faire plaisir aux associations, qui ont des arguments défendables ? Protéger l’emploi est aussi important »,
estime d’ailleurs Jean Lemaire (UDI), l’édile de Gargenville, sollicité quelques jours plus tard par La Gazette. Lui se montre optimiste à très long terme : « On trouvera bientôt des produits capables de remplacer le ciment, mais il faut encore attendre une bonne trentaine d’années »… soit la durée de vie estimée de la future carrière.
Mise à jour, 7 février 2017 : La présidente de l’association AVL3C – Vexin zone 109, Dominique Pélegrin, a souhaité apporter la précision suivante : « Nous ne demandons pas la fermeture de la cimenterie de Gargenville. Afin de conserver les emplois, nous demandons sa reconversion. Des emplois se créent partout, et pas seulement dans l’industrie. »