Circulation inter-files : continuer à se faire entendre

Mise en place expérimentalement l’an dernier, la circulation inter-files était attendue par les motards. Un an après, ceux-ci se montrent prudents à l’heure du premier bilan.

Sur certaines voies, les motards peuvent désormais légalement s’insérer entre les voitures lorsque la circulation est dense et en files ininterrompues avec une vitesse inférieure à 50 km/h.

« Cela faisait plus de 20 ans qu’on le réclamait », sourit Luc Lepelletier, coordinateur yvelinois de la Fédération française des motards en colère (FFMC). Depuis janvier 2016, le gouvernement expérimente dans dix départements la remontée inter-files pour les motards. Si l’objectif est la pérennisation, la prudence reste de mise après cette première année, où quatorze motards ont perdu la vie.

Pratiquée illégalement jusqu’alors, la circulation inter-files est désormais encadrée. Elle ne peut s’effectuer que sur certaines routes ayant au minimum deux fois deux voies, un séparateur central et une vitesse comprise entre 70 et 130 km/h. Les deux-roues peuvent s’insérer entre les voitures lorsque la circulation est dense et en files ininterrompues avec une vitesse inférieure à 50 km/h.

« Cette expérimentation permet de l’enseigner véritablement en moto-école. Avant c’était sous le manteau », reconnaît le coordinateur de la FFMC. Un avis que partage Jean-Yves Petit, directeur yvelinois de la Prévention routière. Il note « l’intérêt » de la remontée inter-files si elle est « réglementée » car « la pratique peut être abordée lors de l’apprentissage du permis de conduire ». Une manière, donc, de la faire entrer dans les mœurs tant du côté des automobilistes que des motards.

Aux automobilistes, un moniteur moto de l’auto-école Steph-Anne, à Mantes-la-Jolie, recommande « de bien faire attention aux angles morts pour repérer le motard ». Concernant l’inter-files, il considère que c’est « une bonne chose », mais préconise à ses élèves « de ne pas dépasser 20 ou 30 km/h lorsque les véhicules sont à l’arrêt ».

En 2016, un seul décès de motard serait lié à la remontée inter-files selon la préfecture des Yvelines. « Cela ne plaide pas en notre faveur, mais il y a des comportements à risques partout », détaille Luc Lepelletier de ce décès, lié « à une vitesse excessive ». Le coordinateur insiste sur « la promotion de l’information à tous les âges ».

L’expérimentation de la circulation inter-files devrait durer encore trois ans, mais elle ne satisfait pas toutes les associations. Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, dénonce ainsi « une prise de risques supplémentaire », pour les usagers de la route. Et reproche au gouvernement d’avoir « plié ». Elle est toutefois en attente des résultats, pour pouvoir « comparer par rapport à l’année précédente ».

Les motards veulent identifier et sécuriser les routes dangereuses

Le 25 janvier, une délégation de la branche yvelinoise de la Fédération française des motards en colère a été reçue au Conseil départemental par Jean-François Raynal (LR), vice-président en charge des mobilités. Selon Luc Lepelletier, son coordinateur, l’objectif est de « cibler les points noirs » des routes départementales pour les motards et autres conducteurs de deux-roues. Ce premier rendez-vous « était une prise de contact afin d’établir une méthodologie », précise l’élu.

Jean-François Raynal invite les motards à faire remonter des témoignages concernant des points dangereux, comme l’état de la route ou un manque de visibilité. « Dans la mesure du possible, nous effectuerons les modifications », précise le conseiller départemental. Une conclusion qui semble satisfaire la Fédération. Concernant la voirie communale, les motards continueront « d’aller voir les élus concernés », assure Luc Lepelletier.