Comment renforcer un petit marché ?

La municipalité sollicite les propositions des habitants pour redynamiser son marché alimentaire... mais la forte concurrence des grandes villes de vallée de Seine le contraindrait à se tenir en semaine.

En plein centre-ville, au pied de l’église Saint-Aubin, le marché de Limay, sous une halle ouverte, pourra-t-il prendre de l’ampleur ? La municipalité le souhaite depuis l’élection de 2014. Elle prévoit de nouvelles mesures pour le renforcer, de la vente de produits des agriculteurs et artisans locaux à des animations ponctuelles en passant par de la publicité. Elle a aussi créé un collectif de réflexion avec des habitants venus lors d’une réunion donnée il y a une dizaine de jours.

Les demandes principales concernent l’absence de marché le week-end, et le manque de commerçants. Le mardi matin, sa taille est en effet très réduite, tandis que le vendredi matin, une dizaine de commerces de bouche itinérants servent les clients. Ces derniers sont relativement âgés, souvent retraités, et surtout limayens mais également pour partie habitants des communes alentours.

Au-delà de la réunion publique, des avis et propositions sont également collectés depuis plusieurs semaines sur l’application mobile Fluicity, récemment lancée dans la commune. « Beaucoup de gens voudraient le marché le week-end plutôt que mardi et vendredi », rapporte Daniel Jumel (PCF), conseiller municipal délégué au commerce et à l’artisanat.

« Ce marché est très bien, même s’il n’y a plus assez de commerçants et de gens qui y viennent, on est toujours les mêmes habitués », confie un couple de septuagénaires limayens, clients depuis 45 ans, venus faire leurs courses au marché du vendredi. Le constat est confirmé par Daniel Jumel : « On est une ville de presque 17 000 habitants, chef-lieu d’un canton de 50 000 habitants, et on a un marché de campagne. »

Depuis son élection en 2014, la majorité municipale toujours communiste mais largement remaniée, essaie de redynamiser ce petit marché géré en régie (c’est-à-dire directement par la municipalité, Ndlr). « On a déjà fait un certain nombre de choses pour améliorer la qualité d’accueil des commerçants »,
indique le maire Eric Roulot (PCF).

« On est une ville de presque 17 000 habitants, chef-lieu d’un canton de 50 000 habitants, et on a un marché de campagne », regrette le conseiller municipal Daniel Jumel (PCF).

« Tout ce que nous ont demandé les commerçants, on l’a fait : nettoyer et refaire les systèmes anti-pigeons sur la charpente, installer des coupe-vent, on a passé neuf stationnements supplémentaires en zone bleue lors du marché, détaille son conseiller municipal délégué. Et on leur a baissé le prix des places de 30 %. » Les tarifs limayens étaient en effet supérieurs à ceux des marchés de Mantes-la-Jolie et de Mantes-la-Ville.

Côté commerçants, si le mardi est décidément une toute petite journée, ils ne sont pas mécontents des vendredis. « Ils essaient de trouver des solutions pour améliorer le marché, de rajouter des commerçants mais à chaque fois, ça ne colle pas, note Lounis, 44 ans, derrière ses légumes, lui qui les vend à Limay depuis deux décennies. Il faudrait qu’ils n’embêtent pas trop les gens pour le stationnement. »

Changer de jour de marché pour le tenir samedi ou dimanche leur semble par ailleurs difficile. « Samedi, je suis à Mantes, le dimanche à Conflans, je n’abandonnerai pas un marché de week-end pour venir ici, estime ainsi Alain, boucher-charcutier de 43 ans. Il faudrait qu’il soit beaucoup plus important. Et puis, le samedi, les gens ont l’habitude de venir à Mantes, d’autres villes du coin ont tenté des marchés campagnards samedi et dimanche mais n’arrivaient pas à faire face. »

Quant à la recherche permanente par la municipalité de nouveaux commerces itinérants, ceux déjà présents souhaiteraient plutôt qu’ils ne soient pas des concurrents. « Au niveau des corporations existantes, on est bien, juge ainsi Lounis. On a besoin de commerces différents, pas d’un deuxième boucher (ils sont déjà deux mais l’un est boucher chevalin, Ndlr) ou poissonnier. »

Les clients, eux, ne sont pas forcément d’accord : « Je pense que ça manque de concurrence. On aimerait un deuxième poissonnier, un deuxième boucher, avance ainsi justement Micheline du haut de ses 88 printemps. Quelquefois, je trouve les prix élevés. » Côté mairie, plusieurs idées sont envisagées, en attendant d’ajouter celles éventuellement proposées par les habitants. « Je voudrais des commerçants de proximité, avec de la bière du Vexin ou du miel de la région, note par exemple le conseiller municipal délégué, Daniel Jumel. Ca veut dire qu’il faut qu’on fasse venir du monde, les commerçants cherchent à remplir leur caisse, c’est normal. Je pense qu’il y a du potentiel. »

Alors, il a pour projet la mise en place d’animations ponctuelles « en impliquant les services de la Ville travaillant sur l’art et la culture ». La municipalité souhaite également « le faire connaître aux Limayens et aux gens du canton », et devrait donc prochainement y distribuer des tracts. « On prendra en compte toutes les doléances et on verra ce qu’il est possible de faire », note enfin Daniel Jumel de la concertation citoyenne en cours.