Tous ensemble… enfin, presque

L'association Tous ensemble bénéficiait d'une subvention du Conseil départemental. Plusieurs avanies, démenties par la présidente, ont conduit l'institution à indiquer ne pas la reconduire en 2017.

Parmi les douze associations mantevilloises que le Conseil départemental des Yvelines avait choisi de subventionner à travers un contrat social exceptionnel de territoire en 2015, celle-ci pourrait bien être le vilain petit canard. La collectivité locale indique en effet ne pas reconduire la subvention de quelques milliers d’euros dédiée à Tous ensemble, qui revendique 80 membres, en 2017, suite à des faits ayant rendu méfiants plusieurs intervenants locaux.

De l’utilisation indue de locaux publics, en passant par des appels au don à des oeuvres caritatives fictives, sans même compter les accusations de malversations, les faits rapportés semblent problématiques *. L’association Tous ensemble, elle, dément en bloc, assure n’avoir aucun problème, et reste par ailleurs soutenue par la municipalité mantevilloise à travers le prêt de locaux associatifs.

Créée en novembre 2014, l’association a pour objet « échanger sur les cultures française et marocaine ». Rapidement, des ateliers couture et cuisine sont organisés par sa présidente, Loubna Baala. La mairie de Mantes-la-Ville, si elle ne délivre pas de subvention, met à disposition les salles associatives du Geci. Des subventions sont obtenues et un appartement associatif partagé est mis à disposition par le Département dans le quartier des Merisiers.

« Elle avait un jeu de clés qu’elle ne donnait jamais aux autres associations, elle faisait de la rétention de clés, et malgré plusieurs relances ne jouait pas le jeu, regrette cependant le Conseil départemental. Ca a même mis le Département en difficulté car l’appartement servait aussi pour que des jeunes voient leurs parents (lors d’ateliers médiatisés, Ndlr). »

La mairie de Mantes-la-Ville, si elle ne délivre pas de subvention, met à disposition les salles associatives du Geci à l’association Tous ensemble.

Selon nos informations, les intervenants locaux de la collectivité ont également découvert qu’une récolte de dons avait été faite à destination d’un orphelinat au Maroc… dont ils n’ont pu trouver trace. « Elle n’était pas sincère vis-à-vis des autres associations, elle ne menait pas les actions », poursuit-on au Conseil départemental. Alors, si l’année dernière, l’institution s’est montrée conciliante, cette année, la subvention ne devrait pas être délivrée : « C’est un peu fichu. »

Elle indique cependant être prête à reprendre « si elle a un meilleur comportement ». Du côté des salles associatives municipales du Geci, nous avons mis la main sur une lettre signée par plusieurs habitants du quartier du Village, affirmant que la présidente de Tous ensemble a tenté de faire payer à un foyer l’organisation d’une fête privative pour ces locaux strictement réservés aux associations et mis à disposition gratuitement.

Quelque soient les faits portés à la connaissance de la présidente de Tous ensemble, la réponse est vive : celle-ci dément tout en bloc. Khalid Jebbadi, « simple adhérent » et apportant « une aide technique » à la présidente depuis son adhésion fin 2016, présent lors de l’entretien avec La Gazette, « comprend la position » de la présidente de Tous ensemble. A plusieurs reprises, les deux précisent à La Gazette qu’une après-midi sera organisée pour leurs 80 membres, dimanche 26 février au Geci.

« J’ai contacté quelqu’un de très haut placé au Département, qui m’a confirmé ne pas avoir ententu parler de quoi que ce soit, indique-t-il quelques jours plus tard. La personne m’a même encouragé à faire un dossier et le présenter pour avoir une subvention, ce que nous allons faire. » En attendant, La Gazette s’est rendue au Geci dimanche dernier. A 15 h 30, ni fête, ni membres, ni voitures n’étaient visibles.

* Depuis trois mois, un conflit entre Mantevilloises (voir encadré) a conduit l’une d’elles à solliciter La Gazette. Cette enquête de plusieurs semaines nous a conduit à questionner de nombreux partenaires ou intervenants associatifs comme institutionnels, dont plusieurs ont accepté d’échanger à condition que soit respecté leur anonymat.

Fortes tensions chez les mères de famille du Village

Au sein du quartier mantevillois du Village, où tout le monde se connaît, l’affaire fait grand bruit depuis que l’une d’elle, en conflit ouvert avec la présidente de l’association Tous ensemble, a déposé plainte contre elle. En retour, deux mains courantes pour harcèlement ont été à leur tour faites par la présidente auprès de la police… pendant qu’une seconde plainte, pour menaces de morts, était déposée cette fois-ci contre le mari de la présidente. Alors, chez les mères de famille du Village, chacun, ou plutôt chacune, est sommée de choisir son camp.

Aujourd’hui, ces mamans, quelque soit leur niveau d’implication dans l’association, ont en majorité décidé de ne plus prendre parti, laissant les deux ennemies solder leurs comptes devant la justice. Aucune des deux n’envisage cependant de renoncer à cette querelle née d’un différend de quelques dizaines d’euros, et les dénonciations de l’une envers l’autre sont nombreuses.

A la présidente, il est notamment reproché la vente d’une bague comme composée d’or, en réalité plaquée, pour quelques dizaines d’euros toujours exigés en remboursement. « Elle dénigre mon association, elle a acheté une bague en plaqué or à 50 euros, on n’a jamais vu une bague en or à 50 euros, ça n’existe pas ! , répond de son côté la présidente questionnée sur ce conflit. Je ne vais pas laisser tomber, je suis en train de prendre un avocat. Ne croyez pas que je vais me laisser faire, on ne rentre pas dans la vie des gens comme ça. »

Mise à jour, 10 avril 2017 : L’association mantevilloise Tous ensemble a souhaité s’exprimer suite à un article publié par La Gazette dans son édition du mercredi 1er mars, qui évoquait des critiques formulées à l’égard de l’association par des habitants comme par des associations, institution et collectivités publiques locales. Ses responsables souhaitent indiquer que l’après-midi d’activités prévue le 26 février n’avait pas eu lieu « à la demande de plusieurs femmes » membres de l’association, et a été organisée à une date ultérieure. Ils ont par ailleurs récolté 66 signatures dans le cadre d’une pétition démentant la véracité des informations rapportées dans l’article (et que nous maintenons, Ndlr). « Tout a été clarifié avec le Conseil départemental, dans la structure et le mode de fonctionnement, des actions vont être faites au Maroc », assurent-ils également. Enfin, concernant le quartier du Village, nous apportons la précision suivante : seules quatre à cinq mères de familles étaient prêtes à rendre publiques leurs critiques à l’égard de l’association.