Des peines allant de trois à cinq ans de prison ferme. Et des insultes, des menaces. C’est comme cela que les cinq prévenus, tous détenus à la maison centrale de Poissy, accueillent le verdict. Des insultes envers la victime que reprendra le public, composé majoritairement de proches des détenus, avant de se faire évacuer. C’est ainsi que se terminera l’audience, sous haute surveillance, du mercredi 29 mars au tribunal de Versailles. Cette audience qui a permis, à demi-mots, de dévoiler le quotidien d’une prison.
Agés de 37 à 61 ans, les cinq hommes ont passé à tabac Jean-Luc dans les douches de la prison le 29 novembre dernier. Coups de pieds, coups de poings et coups de lattes de bois lui ont occasionné 42 jours d’incapacité totale de travail. Depuis les faits, il est à l’isolement « pour sa sécurité », note son avocat.
Impossible désormais d’exercer son métier au sein de la centrale. « Il avait une bonne situation et gagnait 700 euros par mois », souligne encore l’avocat. Mais il n’est pas le seul. Dans le box des accusés, certains ont aussi un métier : l’un est en cuisine, l’autre boulanger. Condamnés pour des peines allant de 10 à 17 ans, les rapports pénitentiaires ne les pointent pas comme des « détenus à problèmes ».
Les relations tendues avec la victime ne sont pas nouvelles. La veille de l’agression, Jean-Luc a un différend avec Jean-Marie. « Il m’a demandé de lui donner un coup de main par rapport à ses dettes de trafic, se défend-t-il. Mais moi je ne rentre pas là-dedans. »
« Il a plein de problèmes à la centrale », poursuit Nicolas, intervenu pour séparer les deux belligérants. Les cinq agresseurs seront identifiés par un ami de la victime ainsi qu’un témoin qui a préféré rester anonyme.
Ce même témoin qui déclare lors de l’enquête : « A la centrale on ne balance pas, tout se règle entre hommes », rapporte le procureur, mettant en évidence « un organigramme » des relations dans la prison. Et si Jean-Luc a choisi de parler c’est pour dénoncer une agression, « un guet-apens. Ce n’était pas loyal ».
Tous nient les faits qui leur sont reprochés. « On signe un carnet, avec une date et une heure, il y a des surveillants. Pourquoi l’administration pénitentiaire ne fait pas son boulot et ne communique pas ces éléments ? Pourquoi ils ne transmettent pas les images de vidéosurveillance ? Si j’ai fait quelque chose, on me voit forcément », s’insurge Fayçal, identifié comme un des guetteurs et selon lui « à la musculation » au moment des faits.
Un argument sur lequel s’appuient les avocats de la défense. « Il n’y a pas une seule vidéo dans la procédure, aucun personnel n’a voulu témoigner », avance l’avocat de Dominique. Ce qui n’empêchera pas le procureur de réclamer « sept ans d’emprisonnement » pour tout le monde. « Il n’y a pas de différence car il y avait la même visée de blesser ».
Un réquisitoire qui fait « hurler » l’avocat de Jean-Marie. « Ce dossier est un scandale, on en arrive à deux mois de prison par jour d’ITT. Il n’y a jamais eu de confrontation avec le principal témoin. Il a fallu attendre deux semaines pour que l’enquête débute, rappelle-t-il de la procédure. Je vous demanderai d’avoir le verbe moins haut. »
Des peines lourdes pour certains détenus : « Il est à 19 mois de sortir », rappelle l’avocate de Jefferson. « Je n’ai pas de famille, pas de père ni de mère. Je rentre je fais quoi ? Je me mets la corde au cou ? », questionne Fayçal.