La création du GHT Yvelines Nord a été lancée en 2015, est formellement entrée en vigueur au 1er janvier 2016, et doit être achevée en 2021. Alors que le personnel, paramédical comme administratif, avait exprimé ses craintes l’an dernier, pour le moment, ce sont surtout les médecins qui doivent se déplacer d’hôpital en hôpital, tandis que les discussions sont parfois âpres autour de l’organisation géographique des différents services.
Le Groupement hospitalier de territoire (GHT) Yvelines Nord intègre quatre hôpitaux (ainsi que deux maisons de retraite, Ndlr) : Mantes-la-Jolie, Meulan – Les Mureaux, Montesson et Poissy – Saint-Germin-en-Laye. Ces centres hospitaliers emploient plus de 7 000 professionnels de santé, pour 3 133 lits et places et une population couverte d’environ 780 000 personnes. Leur regroupement découle de la dernière loi de santé, qui a créé 153 de ces GHT en France.
« On est tous assez d’accord sur l’état des lieux et les difficultés que l’on rencontre, en termes de continuité des équipes médicales, de recrutements médicaux, et de taux de fuite des patients, explique Frédéric Mazurier, directeur de l’hôpital Meulan – Les Mureaux. On a peut-être des mises en oeuvre différentes : on discute entre nous de ces stratégies, pour ne pas se faire de concurrence mortelle en se piquant de l’activité. »
Cette réorganisation complète des spécialités a déjà abouti au départ de la cancérologie de Meulan-en-Yvelines vers Mantes-la-Jolie, seules des consultations « avancées » ayant été conservées. « On est dans un système où les médecins se rendent sur un autre établissement pour assurer une consultation avant opération ou le suivi post-opératoire, poursuit le directeur. L’idée est que ce soient plutôt les médecins que les patients qui bougent. »
Les spécialités, désormais constituées en « pôles » inter-hospitaliers, sont donc appelées à ne plus être présentes partout. « Ma préoccupation est de pouvoir assumer, expliquer à une population qu’une filière de qualité peut supposer un déplacement de 20 km, que la proximité ne peut être un argument pertinent qu’avec un niveau de qualité identique », justifie Michaël Galy, directeur commun aux hôpitaux de Mantes-la-Jolie et Poissy-Saint-Germain.
Alors, « il vaut mieux parfois se recentrer sur moins de sites pour être plus performants qualitativement », plaide-t-il : « Des équipes de cinq à six personnes deviennent attractives et permettent de recruter des médecins. » Lui cite d’ailleurs la réorganisation de l’oncologie, passée de trois à deux hôpitaux, comme exemple réussi : « On a réalisé une activité 20 % plus importante sur deux sites (9 000 chiomiothérapies en 2015, 11 000 en 2017, Ndlr), et diminué le taux de fuite. »
Chez les élus, à l’instar de François Garay (DVG), maire des Mureaux présent au conseil d’administration de plusieurs des hôpitaux du GHT, l’on se montre plus réservé… en particulier sur l’exemple que constituerait l’oncologie : « On ne doit pas recommencer ce qui a été fait, on a voulu faire un lieu d’intensité sur Mantes-la-Jolie et on a eu de la fuite de patients », estime-t-il pour sa part.
« Le patient devrait avoir le choix de la proximité, il ne pourra plus choisir et sera obligé d’aller là où on l’envoie », regrette de ces réorganisations par spécialités Catherine Martinez-Mokrani, secrétaire de la CGT de l’hôpital de Mantes-la-Jolie. « Je pense qu’il faut mixer un impératif de proximité et un impératif d’excellence, il faut être vigilant pour que chaque site puisse s’y retrouver », analyse Michaël Galy.
« Ce sont des discussions entre médecins : tu me donnes ça, je te prends ça. Le GHT est surtout quelque chose de médical, ce sont eux qui bougent beaucoup, décrit des derniers mois Claire Somme, secrétaire de la CFTC de l’hôpital de Meulan – Les Mureaux. On a très peur que le personnel (non-médecin, Ndlr) soit obligé de le faire un jour ou l’autre, dans les directions, la logistique ou l’informatique. »