Dans les cinq circonscriptions du Nord des Yvelines couvertes par La Gazette (voir ci-dessous), les candidats se bousculent au portillon pour les élections législatives des 11 et 18 juin prochains. Mais accéder au second tour constituera une gageure pour eux, dans un contexte électoralement très incertain, pour les plus petits des candidats mais aussi pour les plus importants, sortants ou non.
« La recomposition au niveau national, on la voit aussi dans le département des Yvelines, avec une configuration très différente d’une circonscription à l’autre, des forces politiques parfois ensemble, parfois opposées, résume du scrutin à venir Olivier Pareja, co-secrétaire départemental EELV (et lui-même candidat sur la 1ère circonscription, Ndlr). Ca va être assez troublant, et les résultats difficiles à interpréter. »
Seules certitudes : la multiplicité des candidatures et la nécessité de réunir 12,5 % des inscrits ne facilitent pas les campagnes, au-delà de la seule ascension du nouveau parti d’Emmanuel Macron. Pour l’instant, Les Républicains (LR) et l’UDI restent raisonnablement confiants, avec une alliance nationale et des députés sortants dans quatre des cinq circonscriptions couvertes par La Gazette. « On aborde ce premier tour comme on a abordé les présidentielles, en se disant que les choses évoluent lourdement dans le corps électoral, indique ainsi Sophie Primas, secrétaire départementale de la fédération LR des Yvelines et sénatrice-maire d’Aubergenville. On essaie de se positionner en étant des élus de terrain, qui connaissent bien leur territoire et font le job. »
Alors, malgré le nombre important de candidats, elle compte sur « une forme de stabilité » à laquelle seraient attachés les électeurs. A gauche, les socialistes espèrent pouvoir conserver leurs deux députés, sans illusions : « C’est un département difficile pour la gauche de toute façon », note la première secrétaire fédérale du PS, Sandrine Grandgambe.
« On met en avant la clarification sur ce que doit être la gauche, et le programme que l’on porte pour être dans une logique à la fois constructive mais aussi d’opposition à la ligne que défend aujourd’h’ui visiblement Emmanuel Macron », prône-t-elle pour convaincre les électeurs d’emmener les candidats PS au second tour. Un objectif qui ne semble pas être un problème chez les soutiens du nouveau président de la République.
« Nous sommes aujourd’hui en capacité de pouvoir nous présenter au deuxième tour dans toutes les circonscriptions, vu les scores à la présidentielle, lance ainsi Aziz-François Ndiaye, référent yvelinois de La République en marche (LREM). Nous espérons un renforcement de nos nombres de votants dans les Yvelines par rapport aux chiffres obtenus lors des présidentielles. […] Nous allons repartir avec la même ferveur. »
Le Modem yvelinois, allié à LREM, n’est pas loin de sabrer le champagne avec ses deux candidats du Nord des Yvelines, dont son président Bruno Millienne dans la 9ème circonscription. « J’espère une campagne citoyenne, écouter les gens et tenir compte de leurs envies, de leurs avis », souhaite-t-il, avant d’ajouter en forme d’avertissement pour la suite : « Il faudra qu’on leur apporte des réponses efficaces et rapides. »
Chez la France insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon, on table aussi fortement sur une répétition de l’élection juste passée. « On veut convaincre les gens qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon qu’ils ont voté pour un programme, L’avenir en commun, qu’on a élaboré avec les adhérents et militants. L’idée, c’est vraiment de défendre le programme et pas des personnes », avance ainsi Thibaut Marchal, co-secrétaire du Parti de gauche (PG) des Yvelines (et lui-même candidat dans la 1ère circonscription, Ndlr).
« Aucune force n’a aujourd’hui l’assurance de disposer le 18 juin d’une majorité parlementaire », estime Colette Gergen, la secrétaire départementale de la fédération des Yvelines du PCF, dans un récent communiqué. « En unissant nos forces, nous pouvons faire élire un grand nombre de députés »,
enjoint-elle tout en fustigeant la multiplication des candidatures à la gauche du PS : « Partir divisés, c’est laisser les rênes à la droite, aux conservateurs et au FN. »
Mais pourquoi tant de candidats cette année, encore plus qu’en 2012 ? D’après Arnaud Richard, co-fondateur de l’UDI (et lui-même candidat dans la 7ème circonscription, Ndlr), le monde politique se serait habitué au système de financement des partis mis en place en 1988. « Chacune des voix rapporte au parti du candidat (en moyenne 1,42 euro, Ndlr), c’est de l’argent public, et ça explique beaucoup le fait qu’il y ait des candidatures », analyse-t-il.
Il remarque surtout « un truc assez nouveau » et s’en félicite : « Aujourd’hui, les Français adorent la politique ! » Notant qu’ils « ont simplement un peu envie d’air frais et de visages nouveaux », ce député reconnu comme bosseur espère néanmoins, à l’instar de Sophie Primas, qu’ils « se raccrochent à quelqu’un qu’ils connaissent et qui a fait le boulot ». Contrairement à d’autres, lui estime que « les résultats aux législatives n’auront rien à voir avec le résultat aux présidentielles ».
Voilà qui n’arrangerait pas forcément le FN, aux scores souvent plus faibles aux élections locales. Son président yvelinois, François Siméoni (lui-même candidat sur la 8ème circonscription, Ndlr), aborde ce premier tour « de manière très optimiste », notamment « sur les circonscriptions où on a dépassé 30 % », soit la 8ème et la 9ème. « On peut tout à fait espérer sortir premiers, et donc s’affronter soit sur des duels, soit sur des triangulaires », estime-t-il.
Second tour : un « front républicain » dans les Yvelines ?
Les partis éliminés du premier tour appelleront-ils à battre les candidats du Front ? Chez LR et FI, les positions ne sont pas encore arrêtées même si les responsables interrogés ci-contre affirment qu’ils le feront à titre personnel. Pour le PS, EELV, le Modem et LREM, la réponse est oui, sans ambiguïté. « On a un maire FN à Mantes-la-Ville, c’est déjà une honte… on ne va pas en rajouter une deuxième avec un député FN ! », résume Eddie Aït, président du PRG yvelinois (qui soutient des candidats PS ou EELV selon les circonscriptions, Ndlr). Lui comptait par ailleurs se présenter dans la 6ème circonscription, dont le PS s’est retiré au profit d’une candidature PCF, avant d’y renoncer la semaine dernière (sans pour l’instant soutenir le candidat PCF, Ndlr).
6ème circonscription :
Le Pecq, Saint-Germain-en-Laye, Poissy-Nord
Fouad Abouhamda, Catherine Priano Aldridge (M100%)
Christophe Bentz, Xavier Roche (PCD)
Denise Collachot, Maximilien Temin (DLF)
Josiane Dupé-Suarez, Angéline Silly (PCF, PS, EELV)
Frédéric Hémery, Marc Darsy (LO)
Véronique Lancelot, François Thévenot (UPR)
Laurent Lanyi, Francine Guilleman (MDP)
Pierre Morange, Ludivine Vanthournout (LR, UDI) *
Clément Moreux, Philippine Morcant (AE)
Nelly Pascaud, Simon Gillet (FI)
Natalia Pouzyreff, Pierre-François Degand (LREM, Modem)
David Roelandt, Ilinca Bartos (PP)
Didier Rouxel, Christian Pons (FN)
Béatrice Saint-Peron, Michel Vago (ND)
7ème circonscription :
Andrésy, Conflans-Sainte-Honorine, Meulan-en-Yvelines, Triel-sur-Seine
Myriam Baeckeroot, Christophe Le Hot (PDF)
Paul Deboutin, Agnès Bertrand (FI)
Michèle de Vaucouleurs, Jonas Maury (Modem, LREM)
Sandrine Féraud, Eric Lelarge (DLF)
Yann Froger, Clarisse Puharre (PFE)
Ali Kaya, Rose Boucly (LO)
Victoria Kostiaeva, Jérémy Gautier (FN)
Serge Lebrun, Adeline Truong (MDP)
Nicole Pradier, Bernard Sengayrac (PCF)
Arnaud Richard, Jean-François Luthun (UDI, LR) *
Ghislaine Senée, Fabien Lemoine (EELV, PS)
Christian Taillebois, Charlotte de Vaumas (DVD)
Rémi Top, Sébastien Véronie (UPR)
8ème circonscription :
Limay, Mantes-la-Jolie, Mantes-la-Ville
Mathieu Boulay, Widelyne Petion
Romain Carbonne, Audrey Hallier (FI, EELV)
Aude Courbis, Olivier Larocque (UPR)
Bénédicte de Dinechin, Marc Teissier
Françoise Descamps-Crosnier, André Sylvestre (PS, PRG) *
Abdelmajid Eddaikhane, Nathalie Pereira
Thierry Gonnot, Jean-Claude Thevin (LO)
Stéphane Hazan, Nathalie Mendes
Esther Kooiman, Christophe Létoffé (M100%)
Eliane Le Cor, Christian Artus
Jack Lefebvre, Estelle Sudre (POID)
Khadija Moudnib, Gaëlle Auffret (LREM, Modem)
Eric Roulot, Radouane Atroussy (PCF)
Hulya Sahin, Saïd Saadouni (PEJ)
François Siméoni, Monique Fuhrer-Moguérou (FN)
Michael Taverne, Alain Macchiarini (DLF)
Michel Vialay, Philippe Pascal (LR, UDI)
9ème circonscription :
Aubergenville, Les Mureaux, Houdan, Meulan-en-Yvelines
Salah Anouar, Asmaa Hammouchi
Isabelle Bègue, Adrien Gargasson (UPR)
Victoria Chakarian, Jean Delarue
Thibaud de Fleury, Carine Catogni (PCF)
Christiane Gadé, Alexandre Delport (FN)
Philippe Gommard, Alain Luguet (LO)
Férid Hamdi, Jérémy Queffelec
Renaud Lataillade, Stéphanie Lasri
Marie-France Lavenne-Reynaert, Alain Longérinas
Nadir Yanisse Mallem, Amandine Dalmasso
François Martin, Odile Hubert
Ali Mohammad, Dominique Francesconi (PS, PRG)
Bruno Millienne, Angela Klein (Modem, LREM)
Emmanuel Norbert-Couade, Michel Befort (FN)
Guillaume Quintin, Florence Dufoix (FI)
Jean-Marie Tétart, Corine Postel (LR, UDI)*
12ème circonscription :
Poissy-Sud, Montfort-L’Amaury, Plaisir
Antoine Baro, Sabrina Assraoui (FI)
Marie-Noëlle Bas, Jean-Marc Bruneau (PS, PRG)
Patricia Charton, Gérard Lévy (EELV)
David Douillet, Sophie Cahen (LR, UDI) *
Isabelle Fournière, Laetitia Fournière
Jean-Luc Gallais, Jean-Louis Mettelet (FN)
Florian Gracy, Romain Matelon
Florence Granjus, Emeric Vallespi (LREM, Modem)
Jean-Pierre Mercier, Patrice Parent (LO)
Fabien Métais, Laurent Baron
Marion Mouyon, Sébastien Misset
Françoise Pinson, Mickaël Gomez (PCF)
Stéphane Roussillo, Eric Bosquart (UPR)
Danielle Weber, Martine Lehideux (PDF)
* Actuel député de la circonscription