Depuis 30 ans, les responsables politiques voulaient réutiliser les espaces pollués mais libérés avec la fin de l’exploitation du sable en bord de Seine. Samedi dernier, ils n’ont pas boudé leur plaisir pour inaugurer le parc de 113 hectares qui remplace ce qui était devenu au fil du temps un espace naturel, et doit rester aujourd’hui protégé tout en accueillant le public.
Plusieurs milliers de riverains étaient, eux, venus découvrir la version finale du parc, dont l’ouverture définitive doit intervenir en septembre prochain, l’été permettant son rôdage. De 15 h à minuit, ils étaient accueillis par des stands de sensibilisation ou d’ateliers, des concerts, et de nombreuses installations, spectacles ou représentations artistiques autour de la nature, parfois proposés au détour d’un bosquet.
Si le Département amène le gros du financement, avec 17 des 25 millions d’euros, la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) apporte environ 7 millions d’euros et participera largement à son entretien. Mais, en 2010, lorsque le projet de parc se concrétise, c’est une communauté d’agglomération de quelques communes seulement qui se lance : celle des Deux rives de Seine (CA2RS), aujourd’hui fusionnée avec cinq autres intercommunalités pour former GPSEO, géant aux 73 communes.
« On était une petite communauté d’agglomération et on a décidé de se lancer dans un très gros projet qui est de reconstruire Carrières-sous-Poissy, se souvient Philippe Tautou (LR), président de GPSEO et ex-président de la CA2RS. Que faire de la grande friche au Sud de la commune ? On a eu l’idée d’en faire un parc récréatif, les premières études ont été lancées pour voir s’il y avait un intérêt écologique et faunistique. »
D’après lui, l’appui du Conseil départemental des Yvelines s’est montré décisif. « Ils se sont passionnés pour ce projet-là, et ont mis des moyens humains, matériels et financiers tout à fait considérables, poursuit Philippe Tautou. Il y avait beaucoup de sceptiques, de gens qui pensaient qu’on n’y arriverait pas, que c’était trop ambitieux. »
L’aménagement paysager du parc a coûté à lui seul 13 millions d’euros. « C’est un budget, mais par hectare, il reste raisonnable », nuance l’Agence ter, chargée de la conception de cet espace vert. Il reste par ailleurs toujours protégé au titre de l’environnement, par l’Etat comme par le Département : « Il y a une logique de préservation de ces espaces-là, et d’ouverture au public. Ce sont des éléments qui peuvent paraître contradictoires, mais qu’on a voulu allier. »
Ce pari audacieux sera-t-il tenu ? Samedi, en tout cas, les visiteurs semblaient satisfaits du résultat. « C’est un encouragement à ne pas baisser les bras malgré les oppositions si vous êtes convaincu que vous avez raison, retenait ce jour-là Philippe Tautou. Si vous avez une majorité de gens contents, vous avez gagné. C’est là le plus beau rôle de l’élu. »
Cordiale manifestation des associations
Ils l’avaient annoncé : lors de l’arrivée des élus pour les discours inauguraux, en fin d’après-midi, une trentaine de militants associatifs de vallée de Seine les ont accueilli vêtus de T-shirts floqués pour l’occasion, afin de faire part de leur opposition à certains projets d’aménagement en cours. Les responsables politiques sont allés discuter avec eux, pour un échange cordial même si chacun est resté ancré sur ses positions.
« Riverains et associations comptent passer un message pacifique aux élus. On a dépensé 26 millions d’euros, maintenant, il faut les protéger, indique ainsi Thierry Dornberger, président de l’Association de soutien des activités économiques, des artisans, des associations et de la qualité de vie à Carrières-sous-Poissy (Asaeecc). Mettre une autoroute (projet A104, Ndlr) et un port industriel (projet situé au niveau de l’actuelle marina de plaisance, Ndlr) accolés au parc, c’est non ! »
Avec le président de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, Philippe Tautou (LR), ils échangent une dizaine de minutes. « Je ferai tout pour qu’il n’y en ait pas », affirme ce dernier face au militant associatif craignant que le futur port n’accueille des déchets. « Monsieur Tautou, malgré nos désaccords, vient discuter avec nous », reconnaît ainsi Jean-Pierre Grenier, de l’association Bien vivre à Vernouillet.
Eco-gardes cherchent bénévoles
Ils officient déjà sur l’autre rive de la Seine, et seront chargés de faire respecter les règles du Parc du peuple de l’herbe, quelque peu malmenées avant l’ouverture officielle. Le dispositif d’éco-garde existe depuis neuf ans dans les Yvelines, ses bénévoles officiant essentiellement dans des espaces naturels sensibles dans 13 communes autour d’Orgeval. Le Conseil départemental, gestionnaire du dispositif, recherche des bénévoles pour constituer une équipe dédiée au nouveau parc de Carrières-sous-Poissy.
« On peut adhérer à éco-garde sans qualification particulière, ce qu’il faut principalement, c’est l’envie, explique Franck, éco-garde présent lors de l’inauguration. Ca implique une certaine rigueur et un amour de la nature. » L’investissement représente quelques heures par semaine, plutôt le week-end, pour des missions variées, la formation étant prodiguée par la douzaine de bénévoles actuels.
L’un des objectifs du dispositif lancé au Parc du peuple de l’herbe sera de faire de la prévention auprès des visiteurs, afin de limiter les comportements problématiques, des quads aux barbecues sauvages. « L’incivilité, souvent, quand elle est expliquée, se comprend mieux par la personne qui l’a créée », assure ainsi Franck. Ceux qui seraient intéressés pour devenir bénévole peuvent contacter les éco-gardes sur ecogarde.org.