Fibre optique : les opérateurs privés draguent les communes situées en zone publique

Les responsables politiques du Département des Yvelines s'insurgent contre les opérateurs privés, qui mettent en danger l'équilibre financier du déploiement du très haut débit en zone publique.

Voilà que les opérateurs privés, au premier rang desquels Orange, se mettent à essayer de séduire les maires des communes situées en zone d’investissement public, malgré le fait que bien des petites communes situées en zone d’investissement privé attendent encore la fibre optique. Au conseil départemental, qui vient de conclure une convention avec un opérateur privé pour le déploiement dans sa zone (publique, Ndlr), la crainte est celle d’un déséquilibre économique de l’opération.

Explication : le déploiement de la fibre optique, dans les Yvelines comme partout en France, est séparé en deux secteurs. L’un, dit « AMII », est strictement réservé aux investissements des opérateurs privés (590 000 foyers dans les Yvelines, Ndlr). L’autre, d’initiative publique (109 000 foyers dans les Yvelines, Ndlr), est confié à l’investissement des collectivités… mais n’interdit pas aux opérateurs privés d’y aller.

Ce qu’ils sont donc en train de faire : Epône a ainsi été sollicitée par des opérateurs privés pour contracter chez eux le déploiement de la fibre optique. Alors, iront-ils chez TDF, l’opérateur sous convention avec le Département pour sa zone d’investissement public (ou zone blanche, Ndlr) ? Au conseil départemental, l’agacement est perceptible, et l’on alerte contre les fausses promesses, là où TDF est soumis à de lourdes pénalités en cas de retard.

Epône et Guerville ont été sollicitées par des opérateurs privés pour contracter chez eux, et non chez TDF, l’opérateur du Département, le déploiement de la fibre optique.

« J’ai rencontré Orange et TDF, les deux sociétés s’engagent à ce que les habitants d’Epône soient reliés à la fibre optique au maximum dans un an et demi, confirme Guy Muller (LR), le maire d’Epône. Aujourd’hui aucune décision n’est prise, je n’ai pas de religion, mon premier souci est que les Epônois soient reliés le plus vite possible. »

« C’est pénible quand ils vont expliquer aux maires des zones blanches couvertes par le projet départemental de venir chez eux, a déploré récemment Pierre Bédier, le président du Département, en marge d’une rencontre avec la presse. C’est une démarche purement commerciale et intéressée, qui est dangereuse pour les communes. […] Ils viennent foutre en l’air le business model de la société qu’on a choisie. »

La convention passée avec TDF est en effet censée garantir aux 109 communes de la zone publique l’arrivée de la fibre optique pour fin 2020… mais il sera difficile de trouver un équilibre financier si d’autres opérateurs privent TDF des communes où le déploiement est le plus rentable. « Je leur ai dit qu’il y aurait des indemnités pour les hameaux qui ne seraient pas reliés dans les délais. Depuis, ils ne sont pas revenus vers moi », commente en souriant Guy Muller de ses échanges avec Orange.

Mise à jour, 3 octobre 2017 : une précédente version de cet article indiquait de manière erronée que la mairie de Guerville était concernée au même titre qu’Epône par l’intérêt des opérateurs privés. Ils se trouve que Guerville est en zone AMII et n’est donc pas visée par la convention passée entre le conseil départemental et TDF.