Ils font face aux élus contre la déviation de la RD154

De recours en courriers aux services de l'Etat, les associations de protection de l'environnement continuent de combattre le projet de déviation. Ils étaient entre 150 et 200 manifestants dimanche.

Dimanche matin, l’ambiance était festive et familiale, tant à Verneuil-sur-Seine qu’à Vernouillet, où deux manifestations se sont rejointes en opposition à la déviation de la RD154 dont le chantier est censé démarrer en 2019. Pour ces 150 à 200 manifestants, partagés entre militants associatifs de vallée de Seine et habitants des deux communes, cette nouvelle route reste inacceptable.

Au départ du rond-point situé entre Les Mureaux et Verneuil-sur-Seine, la déviation est censée traverser le bois de Verneuil-sur-Seine, puis les terres agricoles de Vernouillet. Son objectif est de réduire la circulation sur la RD154 au sein des deux villes, mesurée entre 12 000 et 15 000 véhicules par jour. Mais le prix à payer pour le bois est trop important pour ces opposants.

« Malheureusement, je pense que c’est fini, on va y avoir droit, on va couper la forêt pour faire une route pour les voitures », expliquait dimanche Stéphanie à sa fille Céline, trois ans et demi, en regardant passer les manifestants. « On coupe la forêt pour du confort alors qu’on est dans une vallée extrêmement polluée », confie cette Vernolitaine de son soutien aux manifestants.

« Notre objectif est de commencer la phase travaux aux alentours de 2019 », précise du calendrier Jean-François Raynal, vice-président délégué aux mobilités au conseil départemental des Yvelines.

« Ca fait plus de 20 ans que ce projet est sur les rails, Vernouillet est une ville coupée en deux », estime Pascal Collado (DVD), son maire élu en 2014, qui rappelle que ses deux prédécesseurs se sont battus pour l’obtenir. « Si un projet fait bien l’unanimité, c’est celui-là et on continue à l’attaquer. C’est insupportable, déplore Philippe Tautou, maire LR de Verneuil-sur-Seine. 25 ans qu’il y a des procès, ils ont tous été perdus ! Qu’on dise qu’on va couper des arbres et faire un équipement pas utile, c’est méconnaître les conditions dans lesquelles les choses se font. »

« Notre objectif est de commencer la phase travaux aux alentours de 2019 », précise du calendrier Jean-François Raynal, vice-président délégué aux mobilités au conseil départemental des Yvelines. Il rappelle par ailleurs la prise en compte des demandes des habitants et des associations, en réduisant notamment la taille des ronds-points sur le trajet de la déviation.

« Cette déviation, les études disent qu’elle fera gagner 40 secondes, c’est la longueur d’un feu rouge, conteste pourtant Jean-Pierre Grenier de sa nécessité, face à la foule. On est arrivé à la limite du supportable en vallée de Seine. » L’opposition au projet est ainsi tout aussi farouche que la détermination des élus.

« Il y a toujours des recours en cours, les miens et ceux des propriétaires, les indemnisations et le relogement sont loin d’être réglés », poursuit le responsable associatif. Son combat est d’ailleurs sorti du strict périmètre des deux communes : l’association opposée au projet de pont à Achères, comme celle l’étant au projet A104, ont ainsi manifesté leur soutien dimanche dernier.

L’Autorité environnementale fustige la parcelle destinée au relogement

Deux familles de gens du voyage sédentarisés habitent sur le tracé de la future déviation. La mairie de Vernouillet est en train de modifier son Plan local d’urbanisme (PLU) pour que le conseil départemental et la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise puissent les reloger à proximité. Ce choix géographique a été très vivement critiqué en juin par l’Autorité environnementale (AE)

Cet organisme consultatif d’Etat, dont les avis ne sont pas contraignants, examine les conséquences environnementales de projets publics comme privés. Les terrains concernés, dont les gens du voyage ne veulent d’ailleurs pas, sont situés sous ou à courte distance de lignes à haute tension, et longent la future déviation.

Si le dossier de révision du PLU comprend bien « une analyse succincte » de ce risque, l’AE estime que « les mesures d’évitement sont insuffisamment présentées » malgré « les effets de couronne qui peuvent générer des nuisances sonores et le risque d’électrocution pour les futurs habitants ». L’AE recommande également de meilleures mesures concernant les pollutions aérienne et sonore dues à la déviation.

« Il est clair qu’il est nécessaire de faire les choses dans l’intérêt des habitants, commente de cet avis Pascal Collado, le maire DVD de Vernouillet. Si cette zone n’est pas la bonne zone, il est de bon aloi de voir si ces réserves peuvent être levées par des installations ou des équipements, ou de travailler sur une évolution du projet. »

Du côté de l’association Bien vivre à Vernouillet, son président Jean-Pierre Grenier estime que « si [l’AE] avait eu l’autorité pour arrêter ce projet, elle l’aurait arrêté ». Alors, lui regrette surtout que les autorités de régulation environnementale « n’ont aucun moyen de bloquer les choses ». Et conclut : « Alors, on va devant la justice et on engorge le tribunal de Versailles. »