Une nouvelle école pour chasser les musulmans de la salle de prière ?

Le projet d'école dans le nouveau quartier bloqué, le maire FN a proposé d'ériger un groupe scolaire sur la parcelle où se situe aujourd'hui la salle de prière historique des musulmans de la commune.

Dernier coup de poker en date, ou sincère volonté d’en terminer avec le conflit qui l’oppose à une association musulmane autour de deux salles de prières ? Mercredi dernier, le maire Cyril Nauth (FN) a présenté au conseil municipal une étude pour un groupe scolaire situé boulevard Roger Salengro, à l’emplacement du pavillon municipal utilisé comme salle de prière et espace d’enseignement culturel par l’Association mosquée Mantes Sud (AMMS).

Entre la mairie et l’AMMS, qui est aujourd’hui propriétaire de l’ex-trésorerie des impôts du quartier des Merisiers (aménagée en mosquée, Ndlr), les litiges sont légions depuis l’élection de Cyril Nauth en 2014. Il essaie notamment d’expulser l’association du local de prière historique, sans succès depuis trois ans… au point que le préfet lui a enjoint de demander un loyer malgré l’occupation sans droit ni titre : « Il ne faudrait pas qu’on nous accuse de financer une activité cultuelle. »

Depuis plusieurs années, un emplacement est réservé pour un nouveau groupe scolaire dans le quartier en construction Mantes université. Destiné tant à absorber les enfants des nouveaux arrivants que ceux des autres écoles mantevilloises, aujourd’hui en surcharge, ce projet de groupe scolaire, dévoilé il y a quelques mois, est cependant au point mort : avant l’été, l’aménageur public du quartier a indiqué à la municipalité que la SNCF bloquait pour l’instant les terrains dont elle était propriétaire, et sur lesquels devaient être érigés école et logements.

Pourquoi choisir cet endroit comme alternative au quartier Mantes université, où le projet initial est bloqué ? « L’association a toujours dit qu’elle continuerait à occuper ce lieu dans la mesure où il y aurait toujours préemption [par la mairie de l’ex-trésorerie] et refus de permis de construire, a affirmé l’édile. Lorsque ces affaires seront terminées et levées, on peut imaginer que ça s’accélère dans le bon sens. Et nous pourrions peut-être invoquer l’urgence sur le plan juridique. »

Comme toujours présent dans le public du conseil municipal, Abdelaziz El Jaouhari, le président de l’AMMS, n’a pas montré ce soir-là une extrême tendresse envers la proposition du premier magistrat. « Juridiquement parlant, ce qu’il dit n’a aucun sens, et il le sait très bien, l’objectif est de lancer une polémique, estime-t-il. On s’est toujours engagé à partir de Salengro […] mais on a perdu trois ans à cause de lui, on a déménagé la partie cultuelle mais pas culturelle. Le groupe scolaire à cet endroit d’ici la fin du mandat, c’est un voeu pieux. »

Mais, avant d’en arriver à l’emplacement polémique du groupe scolaire de 12 classes, les élus ont discuté 45 minutes du projet lui-même. « Cette première solution est un peu excentrée mais elle a au moins le mérite d’exister, a plaidé Cyril Nauth face à une opposition peu convaincue. Deux autres études sont en cours de réalisation, peut-être plus intéressantes que celle que nous présentons, l’une sur une parcelle communale, l’autre sur une parcelle qui n’appartient pas à la commune. »

La principale inquiétude exprimée en conseil municipal a visé la circulation automobile autour du projet. « C’est l’endroit le plus passant en termes de véhicules à Mantes-la-Ville, vous proposez de mettre toute la journée des enfants à côté de sources de pollution majeures », a regretté le socialiste Saïd Benmouffok. Il a demandé dans la foulée une « étude pour évaluer l’impact que l’environnement pourrait avoir pour la sécurité des enfants ».