Quand la cohabitation entre riverains et automobilistes devient difficile

Pour économiser du temps, de nombreux automobilistes empruntent les petites rues des communes périurbaines de vallée de Seine. Pour y faire face, les maires concernés aménagent et consultent leurs administrés, sans trouver de solution satisfaisante pour tout le monde.

Avec des moyens de navigations de plus en plus perfectionnés leur permettant à chaque fois de trouver l’itinéraire le plus rapide, de nombreux automobilistes traversent les petites rues des communes périurbaines de la vallée de Seine pour économiser quelques précieuses minutes. Et les riverains concernés ne voient pas cette circulation de transit, toujours croissante, d’un bon œil. Certains, comme à Villennes-sur-Seine, ont lancé récemment une pétition sur internet.

De leur côté, les maires concernés tentent de trouver des solutions par des réunions ou des aménagements, comme à Evecquemont ou Gaillon-sur-Montcient. S’ils jugent les problèmes anciens, ils reconnaissent toutefois que le riverain excédé peut se transformer en automobiliste pressé chez le voisin. Et espèrent des prises de consciences collectives de la part de leurs administrés.

Il y a quelques mois, la maire écologiste d’Evecquemont, Ghislaine Senée (EELV), réalisait plusieurs aménagements dans sa commune rurale afin de faciliter la vie des riverains des rues du centre-ville et limiter les comportements dangereux des automobilistes. Ce 21 octobre, une quinzaine d’entre eux étaient en mairie pour juger de leur pertinence avec l’édile épiscomontoise. Si chacun propose des solutions, il apparaît toutefois difficile de contenter tout le monde.

«  Plus on aura des GPS, plus on aura de flux pour contourner la départementale », soupire ce riverain de la rue de l’Ermitage. Et là aussi les relations sont parfois tendues. « Je me suis déjà fait engueuler par une voiture qui m’avait refusé la priorité », se désole une riveraine de la rue d’Ambrée. Un flux important qui pose des problèmes aux conducteurs une fois sur place. « L’autre jour, un camion de 38 tonnes s’est engagé, alors que le tonnage est limité à 3,5 tonnes. »

Pour le premier magistrat villennois, Michel Pons (DVD), « le problème fondamental de Villennes, c’est la circulation de transit ». Il espère que les futurs aménagements de la RD 154 « inciteront les gens à rester dessus. Ils sont convaincus de gagner du temps. Ça m’étonne qu’avec tous les stops et les sens interdits qu’on a mis en place, ils en gagnent réellement. Mais on a mis des panneaux 30 et ce n’est pas respecté. »

Pour nombre d’habitants, des contrôles de police plus fréquents sont souhaitables. « Si on mettait la police une semaine rue de l’Ermitage, il y en aurait des verbalisations. » Lancée par un riverain à Ghislaine Senée, la réponse de l’élue à cette remarque ne se fait pas attendre : « Et je suis sûre qu’il y aurait beaucoup d’Episcomontois qui seraient arrêtés. »

Constatant « une recrudescence de comportements dangereux », elle a appelé dans le dernier numéro du bulletin municipal à contacter la mairie par courriel en indiquant la date, l’heure, le lieu, la plaque et l’infraction constatée. « Ce n’est pas dans mon esprit de faire de la délation, se justifie-t-elle. Mais pour cette situation, je pense que c’est la même personne qui tourne dans la commune et cela nous permettra de le vérifier. On peut peut-être le voir comme un appel désespéré d’une maire qui n’a pas tant de pouvoir que ça. »

A Villennes-sur-Seine, certains riverains de la rue de la Clémenterie ont tenté de faire comprendre aux automobilistes qu’ils avaient des comportements dangereux. Ils dénoncent, par une pétition, « l’agressivité verbale et physique des automobilistes en cas de prise en flagrant délit d’infraction ». Ce à quoi le maire Michel Pons répond : « La police municipale passe régulièrement et c’est vrai qu’elle verbalise beaucoup. Mais elle ne peut pas passer tous les jours. Le problème n’est pas spécifique à cette seule rue. »

Et si pour décourager les automobilistes, certains sont prêts à ce que chicanes et ralentisseurs soient installés, la maire épiscomontoise rappelle : « Il y en avait rue des Carrières. Six mois plus tard, les riverains ont demandé à les enlever. Cela va forcément créer des tensions. » Difficile alors d’allier « confort et sécurité », déplore un dernier riverain.

A Gaillon-sur-Montcient, c’est ce que tente de réaliser un comité de pilotage formé au début du mois d’octobre. « On va surtout renforcer la signalisation et la prévention, détaille le maire gaillonnais Jean-Luc Gris (SE). On va aussi voir si ce qu’on décide dans un bureau marche sur le terrain. » Il note toutefois qu’ « en matière de comportement, ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. Ce que les riverains décrient, ils peuvent le faire ailleurs ».