
Elle devrait être lancée en janvier 2018. D’ici là, la « police de sécurité du quotidien » voulue par le président de la République est en phase de concertation nationale, et le département ne fait pas exception à la règle. Jeudi dernier, une réunion en préfecture a réuni les acteurs concernés : forces de l’ordre, procureur et élus, entre autres. Mais, pour les syndicats également présents, cette réforme représenterait « un bond en arrière » et ne permettrait pas « de résoudre le malaise dans la police ».
« Nous sommes dans des délais très courts, souligne le préfet Serge Morvan. Je dois faire remonter les résultats de cette concertation le 15 décembre au ministère de l’intérieur. » Selon le représentant de l’État, cette « police de sécurité du quotidien » aurait notamment pour objectifs de « remettre la lutte contre la délinquance au cœur des pouvoirs publics », ainsi « qu’une police sur-mesure, adaptée à son territoire. »
D’autres réunions auront lieu dans les quatre arrondissements de police et gendarmerie du département. Côté expérimentation, deux communes sont évoquées. A Limay, le maire communiste Eric Roulot a fait acte de candidature dès le 19 octobre, « pour mettre fin à la baisse chronique des effectifs au commissariat de Limay », écrit-il dans un communiqué où il poursuit : « Un sentiment d’abandon de notre commune est donc perceptible auprès de la population. »

L’autre ville fréquemment citée est Trappes. Pour le préfet Serge Morvan, « ce ne sont que des rumeurs » car « rien n’est arrêté ». Mais le secrétaire départemental d’Alliance, Julien Le Cam, n’en démord pas : « On n’est pas dupes. Dix nouveaux sortis d’école seront affectés à Elancourt (dont dépend Trappes, Ndlr). » Une décision qui, selon le syndicaliste, « sera difficile à justifier auprès des collègues qui attendent des effectifs pour les vacations ».
Cette question « traditionnelle mais importante » des effectifs fera partie de la concertation locale, assure Serge Morvan. Julien Le Cam est loin d’en être convaincu. « On nous promet 10 000 postes au niveau national (en comptant gendarmerie et police nationale, Ndlr). Mais cela couvrira à peine les départs en retraite, fait-il remarquer. On a fait fermer des commissariats, 300 postes ont été supprimés ces dernières années dans le département. On a plutôt l’impression d’un retour en arrière. »
D’après lui, « il y a un malaise qui traverse la profession depuis deux ans », alors, « la police de sécurité quotidienne ne résoudra pas ce problème ». Il poursuit, catégorique : « Il faut s’occuper et réparer ce qui existe déjà. » Julien Le Cam balaie également l’argument visant à faire de cette « police de sécurité du quotidien » un moyen de rapprocher police et citoyens, à un moment où la confiance est mise à rude épreuve en vallée de Seine.
« On est tout le temps dehors, on n’évite pas les gens, assure le représentant syndical. Mais par exemple, lorsqu’on est en patrouille police-secours et qu’on a dix interventions derrière, on prend peut-être moins le temps de discuter, de nouer un contact. » Et, s’il ne cherche pas à diminuer les allégations de violences policières, plusieurs cette année au commissariat de Mantes-la-Jolie, la dernière il y a quinze jours (pour laquelle le syndicaliste dément toute intention volontaire ou raciste et insiste sur la nécessité « d’attendre le cours de l’enquête », Ndlr) ; il explique (de la difficulté d’un entretien exemplaire des rapports entre policiers et habitants, chronophages sur le terrain, Ndlr) : « Les collègues sont beaucoup sollicités. Et quand vous êtes fatigués, ça peut vous arriver d’être moins patient. »
Mise à jour, 22 novembre 2017 : Le dernier paragraphe de cet article a été modifié pour refléter avec plus de clarté la teneur des propos attribués a Julien Le Cam.