La députée découvre la police… et reçoit de nombreuses doléances

Les chefs de la police yvelinoise ont présenté l’institution à Natalia Pouzyreff (LREM), en visite au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. Hiérarques comme agents de terrain lui ont détaillé leurs griefs, entre manque de moyens, d’équipements et d’une organisation logistique satisfaisante.

Depuis son élection, la nouvelle députée de la sixième circonscription fait le tour des installations qui composent son territoire. Après avoir visité celui de Saint-Germain-en-Laye le 3 octobre dernier, Natalia Pouzyreff (LREM), s’est rendue lundi 13 octobre au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine en compagnie de Pierre-François Degand (LREM), son suppléant et également policier au sein du Service de protection des hautes personnalités.

Elle était venue découvrir le fonctionnement de la sécurité départementale yvelinoise, quatrième de France en nombre de fonctionnaires (un peu plus de 2 500, Ndlr), présentée par son directeur Ludovic Kauffman. La députée en a profité pour écouter les nombreuses doléances des agents en matière d’équipement, de moyens comme d’organisation, alors que les tensions sont actuellement fortes entre policiers et habitants des quartiers populaires yvelinois.

Quelques mètres plus loin, une voiture sérigraphiée porte les stigmates d’un guet-apens à Chanteloup-les-Vignes. Autant de dégâts qui viennent restreindre les moyens du commissariat.

Elle a été mise dans le bain dès son arrivée. Accueillie sur le parking des fonctionnaires, et non à l’accueil du commissariat, Natalia Pouzyreff est confrontée à un problème décrit comme récurrent par les brigades anti-criminalité (Bac) : des voitures trop lourdes. « On l’a pesée une fois, explique un des agents de la Bac conflanaise. A quatre, avec tout l’équipement obligatoire, la voiture fait 1 840 kilos. »

Ce n’est pas sans conséquences, est-il expliqué à la députée : « Les voitures finissent par toucher le sol et donc se dégradent plus vite », détaille le commissaire divisionnaire de la circonscription, Aymeric Saudubray. Et impossible « de faire tourner les voitures entre les différents services », alors, « parfois on est obligé de mettre des gens de la Bac à pied », poursuit-il.

« C’est un sujet qui revient un peu partout », acquiesce Ludovic Kauffman à propos du parc automobile, déjà qualifié de vieillissant au niveau national. Quelques mètres plus loin, une voiture sérigraphiée porte les stigmates d’un guet-apens à Chanteloup-les-Vignes : pare-brise étoilé « par des boules de pétanque », vitre brisée et pare-choc enfoncé. Autant de dégâts qui viennent restreindre les moyens et le parc automobile du commissariat.

Une fois cette mise en situation faite, pas de visite des locaux mais direction le deuxième étage, pour une réunion destinée à découvrir le fonctionnement de l’institution policière yvelinoise, et à mieux comprendre la circonscription conflanaise. Du peu qu’elle aperçoit du bâtiment, Natalia Pouzyreff semble satisfaite : « Il est en bon état. »

La députée de la sixième circonscription a également découvert leur arsenal, qui constitue l’un des rares motifs de satisfaction des policiers yvelinois.

De sa nouvelle fonction politique, elle avance : « Notre rôle, c’est d’essayer de trouver des pistes de réflexions, il ne faut pas hésiter à remonter ce qui ne va pas. » En l’occurrence, au rang des satisfactions, le directeur départemental de la sécurité publique pointe sa satisfaction quant aux dotations en armes. « Cela s’est amélioré », détaille-t-il tandis qu’un formateur explique à Natalia Pouzyreff le fonctionnement d’un Taser.

Mais cela semble être un des rares motifs de contentement des hiérarques policiers yvelinois. Outre les contraintes matérielles évoquées ci-dessus, des contraintes organisationnelles limiteraient aussi la logistique des forces de l’ordre. «  Pour changer une poignée de porte, il faut obligatoirement passer par le Secrétariat général pour l’administration du ministère de l’intérieur qui regroupe toute la région, regrette Ludovic Kauffman. Cela peut prendre une semaine, quinze jours, ou plus. »

La députée veut agir sur les rodéos et l’accompagnement des jeunes

La députée, qui a récemment pu s’entretenir avec le ministère de l’intérieur sur les « rodéos urbains », s’interroge notamment sur le processus de saisie des véhicules, souvent décrié par policiers et responsables politiques : « Ne pourrait-on pas faire le tour des bonnes pratiques à l’étranger et voir s’il est possible de les appliquer en France ? »

Elle évoque également « une politique de la Ville incomplète », à destination des jeunes désœuvrés, dont elle estime que les plus précaires manquent d’accompagnement : « Ceux qui n’ont rien sont comme assignés à résidence. Il faut aussi travailler sur cela. »

Des relations tendues avec le Parquet ?

Outre les différentes contraintes, depuis quelques mois, les relations que les policiers entretiennent avec la justice se sont tendues, comme l’a souligné Le Parisien mercredi dernier, en prenant l’exemple du commissariat mantais. « Il y a quelques mois, 35 policiers ont même voulu rendre leur habilitation d’officier de police judiciaire, c’est dire le malaise… On a l’impression que Mantes-la-Jolie est dans le viseur », rapporte au quotidien Pascal André, du syndicat SGP-Police FO.

Mais les tensions ne seraient pas seulement limitées à ce seul commissariat. Il y a quelques semaines, un policier de vallée de Seine s’épanchait sur le sujet auprès de La Gazette : « On a surpris trois hommes en train de cambrioler un club de pétanque. On a mobilisé la Bac (Brigade anticriminalité, Ndlr), qui a planqué une heure pour les interpeller. L’un d’entre eux était en récidive mais n’a écopé que d’un rappel à la loi. »

Pour le procureur de la République Vincent Lesclous, la police de sécurité du quotidien (voir ci-dessous) constitue déjà « un effort pour simplifier les relations entre la justice et la police ». Et évoque en parallèle « un chantier mené par la Garde des Sceaux sur les procédures pénales qui vise à alléger leur formalisme. »

Des propositions qui ne convainquent pas vraiment le syndicat Alliance, où est d’abord attendue une plus grande sévérité des juges. « Les collègues se sont faits à ce laxisme, c’est plutôt quand les sanctions sont véritablement prises qu’ils sont surpris, fait pour sa part remarquer Julien Le Cam, son délégué départemental. Tant qu’il n’y aura pas de réforme pénale, cela ne disparaîtra pas. »