L’une ouvrira ses portes dans quelques semaines, l’autre a failli les fermer en septembre dernier. « Je n’en dormais plus », confiait il y a quelques semaines, Jacqueline Dagès, présidente de l’association Insertion solidarité et autonomie qui s’occupe de l’épicerie muriautine depuis 2012. A la rentrée, elle a dû faire face à l’annonce de la suppression de ses deux contrats aidés.
Les deux épiceries solidaires de l’arrondissement de Mantes-la-Jolie, ont le même objectif, mais n’auront peut-être pas la même histoire. La première, mantaise, sera située dans un local à proximité de la gare grâce à une convention passée avec la Ville. La seconde, muriautine, a finalement obtenu le maintien d’un de ses contrats aidés pour une durée de six mois minimum.
A la base de leurs existences, il y a un besoin commun dans les deux villes. « A l’époque, le centre communal d’action social avait du mal à gérer les aides facultatives, se souvient Jacqueline Dagès, présidente de l’association Isa (qui regroupe trois entités: le CCAS, le Secours catholique et la Fondation Valentin Haüy). Les bénéficiaires devaient ramener les bons qu’on leur fournissait pour prouver leurs achats. »
A Mantes-la-Jolie, l’association Solid’R a été créée en 2014. « L’association est composée de travailleurs sociaux, explique Houda Allouche, la présidente de l’association mantaise. L’objectif, c’était de repérer les besoins, voir qui pourrait être orienté vers l’épicerie. » Car les structures de ce type ne s’adressent pas à tout le monde. « L’accès se fera sous condition de ressources. C’est une aide en contrepartie d’un projet, par exemple passer le permis ou rembourser une dette de loyer», poursuit-elle.
Dans une épicerie solidaire, les prix proposés représentent de 10 à 20 % du tarif payé dans les grandes surfaces. « On propose des fruits et légumes à 20 centimes le kilo, des yaourts et des œufs à quatre centimes », énumère Jacqueline Dagès de l’épicerie muriautine. En 2016, le hangar de la rue Jean Jaurès a distribué près de 34 tonnes de nourriture et accueilli plus de 8 000 bénéficiaires, en comptant l’aide alimentaire d’urgence.
A Mantes-la-Jolie, pour l’instant, aucune estimation n’a encore été faite. « A Trappes et Elancourt (où la Croix-Rouge gère déjà des épiceries solidaires, Ndlr) on accueille entre 200 et 300 familles par semaine. On table sur cette fréquentation », précise Jean-Luc Guislain, président par intérim de la Croix-rouge mantaise. Il est d’ailleurs à la recherche de bénévoles pour faire tourner correctement le lieu. « Il faudrait que l’on soit une vingtaine », ajoute-t-il.
Le chiffre est similaire aux Mureaux, « mais ce sont en majeure partie des retraités, ils ne peuvent pas s’occuper de la manutention ou aller chercher les produits », détaille Jacqueline Dagès. L’association recourt à des stagiaires et reçoit 66 000 euros de subventions. « Sans l’aide de salariés, c’est difficile. Il faudrait soit une hausse des subventions, soit des bénévoles supplémentaires », décrit la présidente de la précarité de la situation actuelle.