La salle de prière déborde, les projets de mosquée toujours au point mort

Le vendredi, la salle de prière n’est pas suffisamment grande pour accueillir tous les musulmans. Une solution temporaire pourrait être trouvée, alors que deux projets de lieu de culte existent.

Faute d’une salle de prière de taille suffisamment conséquente, plusieurs dizaines de fidèles musulmans se retrouvent à prier dehors tous les vendredis dans le quartier des Plantes d’Hennemont. Si cette situation n’est pas nouvelle, une solution temporaire serait en bonne voie d’être trouvée avec la mairie. A plus long terme, deux projets cohabitent actuellement pour permettre aux musulmans d’Achères de disposer d’un lieu de culte, sans pour autant approcher d’une réalisation.

« C’est indigne et c’est une invasion de l’espace public. Ça ne convient à personne, ni à nous, ni aux voisins, ni aux riverains, souligne de cette situation Abderrahim Es-Sebaiy, président de l’association des Marocains d’Achères, qui gère depuis des dizaines d’années la salle de prière de 80 m² du quartier, l’unique de la commune. Il y a un nombre important de musulmans qui veulent exercer le vendredi, ce qui fait qu’on cherche une solution. »

Pour mettre fin rapidement à cette situation, l’association des Marocains d’Achères a rencontré à plusieurs reprises la municipalité, avec qui son président indique « déjà travailler ». Abderrahim Es-Sebaiy raconte avoir « fait la demande à la mairie, en septembre, pour avoir un gymnase pendant une heure » les vendredis. Avant leur dernière rencontre prévue le week-end dernier, mairie et association cultuelle se montraient optimistes.

« Ça fait trois fois récemment que je vois ceux qui gèrent la salle de prière, pour trouver une solution pour leur proposer une salle le vendredi, explique Marc Honoré (DVD), maire de la commune. Aujourd’hui, il n’y a que les horaires de prière qui ne correspondent pas tout à fait aux disponibilités des salles que j’ai. On va essayer d’harmoniser tout ça, mais on travaille avec les musulmans pour leur proposer une salle le vendredi midi. »

« Ça ne convient à personne, ni à nous, ni aux voisins, ni aux riverains », souligne le président de l’association qui gère la salle de prière actuelle, dans laquelle tous les fidèles ne peuvent pas rentrer.

Si cette solution devrait permettre aux musulmans d’Achères de ne plus avoir à prier dans la rue cet hiver, à plus long terme, deux associations portent deux projets distincts. Celle des Marocains d’Achères souhaite acquérir son propre terrain. « Aujourd’hui, on collecte de l’argent pour acheter et on travaille avec la mairie, pour voir si on peut trouver un local dans la zone d’activités », confie Abderrahim Es-Sebaiy. Ce dernier ajoute vouloir « construire ou acheter quelque chose qui doit convenir pour qu’on exerce notre activité de manière privée ».

Depuis de nombreuses années, un autre projet de lieu culturel est porté par Ayat Messaoud, président de l’Union d’entraide des musulmans d’Achères (UEMA). « Actuellement, il n’y a pas assez de places, on est obligé de faire la prière dehors », confirme ce dernier de la salle de prière existante. Ayat Messaoud, qui semble avoir des relations plus compliquées avec la Ville, déclare avoir fédéré plusieurs associations musulmanes de la commune mais pas celle des Marocains d’Achères.

Son projet consiste à démolir le local « géothermie » du quartier des Plantes d’Hennemont, à l’abandon « depuis 30 ans » dans l’allée Marivaux et propriété du bailleur Domnis, pour construire à la place un « lieu culturel » de deux étages et disposant de « 40 places de parking », détaille Ayat Messaoud, plans d’architecte à l’appui. D’après lui, ce projet à « 400 000 euros » (le maire et l’association des Marocains d’Achères l’estiment plutôt à un million d’euros, Ndlr) sera « financé par les fidèles ».

Ce dernier explique se « battre depuis cinq ans » pour son projet. Et s’il peine encore à avancer, Ayat Messaoud en blâme la municipalité achéroise. « Le maire est contre le projet, assure le président de l’UEMA. A chaque fois qu’on fait un permis de construire, on nous dit qu’il manque quelque chose. » Une opposition que réfute Marc Honoré, soulignant par ailleurs que le projet se situe dans une zone classée à forts risques d’inondation.

Son projet consiste à démolir le local « géothermie » du quartier des Plantes d’Hennemont, à l’abandon « depuis 30 ans » dans l’allée Marivaux et propriété du bailleur Domnis.

« Je ne suis pas opposé puisque j’ai demandé à Domnis de me reconfirmer l’accord en mars (de louer le local en vue d’en faire un lieu de culte, Ndlr), insiste le maire d’Achères, qui siège au conseil d’administration du bailleur depuis octobre, où il « représente » la communauté urbaine. A partir de là, pour qu’on donne un avis favorable ou pas, il faut déjà qu’il y ait un permis de construire dans les règles de déposé. Il n’y en a pas aujourd’hui et ça traîne. »

Dans un courrier adressé au maire par Domnis en mai 2017, le bailleur confirme en effet que son « conseil d’administration serait prêt à mettre à disposition à la ville d’Achères le local ex « géothermie » d’une surface de 135m² […] afin que vous puissiez le sous louer aux associations susmentionnées (l’association des Marocains d’Achères et l’UEMA, Ndlr) ».

Cette lettre précise que la location se ferait par bail emphytéotique du local « en l’état à la ville d’Achères selon un prix à définir et une durée de 30 ans ». Une durée qu’Ayat Messaoud juge insuffisante mais dont le maire de la ville estime qu’elle pourrait être négociée. Si Marc Honoré se dit prêt à « être facilitateur », il ajoute : « Déjà, pour commencer, il faudrait que les musulmans se mettent tous d’accord. »

En effet, l’association des Marocains d’Achères affiche son désaccord avec le projet de l’UEMA. « Le projet n’est pas simple parce qu’on compte sur Domnis, qui est un bailleur privé, qui va donner un local avec un bail emphytéotique, pour faire un lieu de culte sur une superficie qui ne va pas du tout résoudre notre problème de place », estime Abderrahim Es-Sebaiy. Il assure par ailleurs avoir l’avis négatif des fidèles sur ce projet, sollicités lors du dernier Ramadan, et plaide pour être propriétaire du futur lieu de culte.