L’association d’insertion Val services devient coopérative et déménage

L'ex-régie de quartier du Val Fourré est devenue une coopérative le 26 octobre. Elle espère décrocher des marchés publics d'insertion et presque tripler son personnel.

« Elle tournait plutôt bien… sauf qu’elle n’avait plus aucune ambition d’insertion, les chiffres étaient extrêmement mauvais ! » Le jugement de François-Xavier Signerin, devenu le 26 octobre dernier, lors de sa transformation en Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), le nouveau PDG de Val services, est sévère. Il justifierait, entre autres, la volonté de transformer l’ex-régie de quartier associative en une société de droit privé.

En 2017, Val services, c’est une centaine de salariés dont 80 en insertion, 2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 60 % de subventions publiques. Le nouveau patron compte arrêter tout financement par subventions, et les remplacer par des revenus issus des marchés publics comme privés liés à l’insertion professionnelle. Il envisage un quasi-triplement du personnel, en sus d’un déménagement à venir dans des locaux bien plus grands (voir encadré).

« Val services a été créé en 1990 d’une volonté de créer une régie de quartier pour mettre autour de la table les bailleurs sociaux, la mairie et les habitants du quartier, pour créer du lien social, rappelle François-Xavier Signerin de la naissance de la structure, qui aujourd’hui jouxte le centre commercial Lavoisier. Et derrière, embaucher des gens pour faire un travail sur le Val Fourré permettait aussi d’assurer un revenu à ces personnes en insertion. »

De la taille d’espaces verts pour les bailleurs sociaux à de « menus travaux par les particuliers à des coûts plus abordables », rappelle Roberto Moreira, directeur technique depuis neuf ans chez Val services, la régie visait alors l’emploi « des gens du quartier pour les habitations du quartier ». Mais, expliquait en novembre Michel Vialay (LR), alors encore maire de Mantes-la-Jolie (qui a pris une participation de 4 500 euros dans la société, Ndlr), l’association peinait de plus en plus.

« On voit d’année en année que c’est plus difficile. […] Elle va pouvoir vendre des biens, développer ses produits, justifiait-il alors. Ca fait partie des exigences de ceux qui passent les marchés (de prestation de services, Ndlr), si vous n’êtes pas une société, vous n’êtes pas dans le cahier des charges. »

Mais ce n’est pas la seule raison avancée par son nouveau PDG et ex-directeur de l’association, arrivé en janvier 2017. « Une régie de quartier dépend à 60 ou 70 % des subventions publiques, détaille-t-il. On sait très bien qu’il y a une baisse des dotations de l’Etat, la survie de Val services passait par se passer de ces subventions. […] On va essayer de transformer ces subventions en marchés. »

Il a ainsi proposé à la mairie de Mantes-la-Jolie de lancer un marché public d’insertion portant sur l’entretien des espaces verts du Val Fourré, et va postuler à plusieurs marchés publics de grande envergure de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), portant sur l’entretien des espaces verts et de la voirie. La nouvelle société compte à son capital de 18 500 euros des salariés, les collectivités et des bénéficiaires de Val services, publics comme privés.

Mais l’ex-association a un confortable bas de laine de 600 000 euros, que François-Xavier Signerin compte bien mettre à contribution pour investir dans du nouveau matériel. « L’ancienne direction était tellement frileuse que l’argent gagné de l’Etat pour l’insertion était mis en réserve, ou pas utilisés pour l’insertion », estime-t-il, avançant un chiffre de « 60 % de sorties » en emploi en formation qualifiante, chiffres « inférieurs aux obligations » exigées par l’Etat.

Si Val services, associé à Aptima et à la Sotrema (gestionnaire public de la collecte des déchets basé à Rosny-sur-Seine, Ndlr), décroche les deux marchés publics de GPSEO, il espère embaucher 160 personnes de plus. Il compte également « aller voir les entreprises et leur demander quels sont leurs besoins » afin de former du personnel ensuite embauché chez elles, et a mis en place des cours de français.

« Notre mission, c’est de prendre des gars, de les mettre au boulot avec un métier, de leur faire acquérir des compétences et de travailler avec eux sur leur comportement, leur savoir-être, avance-t-il de la nouvelle SCIC. Ce sont souvent des gens cassés par la vie, certains habitent le Val Fourré depuis 10 ans et ne parlent pas un mot de français. »

Val services s’installe chez Aptima

En septembre dernier, Le Parisien rapportait l’achat de nouveaux locaux d’une surface de 6 000 m² par l’entreprise d’insertion bucheloise Aptima. Les anciens locaux de l’équipementier automobile STPM, situés dans la zone des Closeaux de Buchelay, accueilleront la Ressourcerie d’Aptima (qui propose des objets récupérés en déchèterie et vendus peu cher, Ndlr).

Ils vont également permettre, dans les prochains mois, d’accueillir Val services qui souhaite déménager de ses locaux de 600 m² au Val Fourré. « Aujourd’hui, on ne peut plus acheter de matériel, ça ne rentre plus, et il n’y a plus assez de vestiaires », explique François-Xavier Signerin, son PDG. Val services louera ainsi « 4 000 à 5 000 m² » comprenant bureaux et cour.