« Je suis ravi de ce contrôle, je n’ai pas la science infuse ! » En septembre 2016, il éjectait son premier adjoint Jean-Frédéric Berçot (LR), suite au signalement par celui-ci d’un potentiel conflit d’intérêt au sein de l’administration communale, adressé au procureur de la République. Le maire Karl Olive (DVD) avait alors demandé que la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Île-de-France vienne examiner les finances, et contrôle les allégations du premier adjoint. Les contrôleurs sont restés près d’un an à la mairie de Poissy, et font neuf rappels au droit dans leur récent rapport.
Concernant la gestion des ressources humaines, la Chambre régionale des comptes fait un certain nombre de remarques « sur la régularité de certaines décisions et situations » liées à certains recrutements. Si elle reconnaît la qualité du dispositif de subventionnement des associations, elle demande néanmoins de « clarifier la situation résultant de l’exercice de responsabilités dans une association, […] Poissy triathlon, de deux cadres de la commune, […] susceptible de faire émerger des intérêts contradictoires. »
La plupart des rappels aux droits de ce rapport sont liés à des recrutements à des niveaux de salaire ne correspondant pas à ce que les juges de la CRC estiment correspondre à la réglementation. « La CRC me dit que ce n’est pas d’usage, mais c’est pragmatique, commente le maire. J’assume de gérer la collectivité dans une approche entrepreneuriale. […] Que ce ne soit pas quelque chose de typique, je l’entends, c’est un acte que j’assume. » Il rappelle par ailleurs que son ex-premier adjoint « était aussi en charge des ressources humaines ».
Concernant l’attribution de subventions aux associations, et en particulier à Poissy triathlon, il admet « des choses qu’il faut corriger » pour « démontrer que tout était étanche et qu’on les rendraient de plus en plus étanches s’il le fallait ». Il rappelle qu’il a diffusé en septembre 2016 un document rappelant aux élus et aux agents communaux les règles en la matière pour éviter tout conflit d’intérêt : « Evidemment, le président du Poissy triathlon (aussi directeur général adjoint des services, Ndlr) et le directeur des sports (membre de l’association, Ndlr) ne participent pas. »
L’édile avance également une certaine inexpérience administrative lors de sa prise de fonction, car « tous les points évoqués ont été faits quasiment dans le mois de notre arrivée » à la tête de la municipalité. Karl Olive fait par ailleurs remarquer que « depuis […] 2014, on n’a jamais eu aucune remarque du contrôle de légalité » théoriquement effectué en préfecture pour tous les actes administratifs des communes.
Jean-Frédéric Berçot, s’il était bien en charge des ressources humaines jusqu’à son départ forcé (il est toujours conseiller municipal, Ndlr), « c’est exclusivement le maire qui s’occupait de la politique de recrutement », assure-t-il. « La CRC est allée voir la situation des personnes que j’avais mises en cause dans mon signalement d’article 40 » (l’instruction par le parquet de Versailles est toujours en cours, Ndlr), poursuit-il, estimant que ce rapport « confirme » que « la clarification de la relation entre la Ville de Poissy et l’association Poissy triathlon reste à venir ».
De manière plus précise, il avance que « quand vous voyez le processus de nomination du directeur des sports qui est le fils de l’adjoint au directeur général des services, j’ai envie de dire, c’est à chaque Pisciacais de se faire son idée », et « trouve que ces deux personnes ont une chance énorme ». Alors, pour lui, « la CRC est polie en parlant d’intérêts contradictoires potentiels ». Il souhaite aujourd’hui « qu’il y ait une autorité compétente qui aille contrôler les comptes de ceux qui gèrent l’association Poissy triathlon, et de l’association ».
La CRC, elle, a choisi en conclusion de noter positivement « la mise en oeuvre de dispositions destinées à prévenir la survenance de conflits d’intérêts » entre mairie et association. Enfin, concernant le contrôle de légalité, toujours validé par la préfecture des Yvelines depuis 2014, l’ancien premier adjoint trouve « un peu facile » cet argument.
Moins de dettes, de personnel et de dépenses de fonctionnement
Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes d’Île-de-France ne mégote pas ses félicitations concernant la gestion de la commune, de l’élection de 2014 à septembre 2016. Malgré « la contraction des marges budgétaires », elle note que « les charges de personnel […] ont baissé en 2016 » grâce à la réduction du nombre d’agents, une « maîtrise des dépenses de fonctionnement », et un encours de dette « sensiblement diminué » malgré un niveau d’investissement stable.
« On ne peut pas réaliser cinq millions d’euros d’économies de fonctionnement depuis 2014 si les agents ne suivent pas, et ne relèvent pas le défi », félicite le maire Karl Olive (DVD). « Je n’en attendais pas moins, […] c’est le résultat d’une équipe municipale, et aussi d’une administration qui a pris le pli d’une culture de l’économie qu’il fallait mettre en place », commente de son côté Jean-Frédéric Berçot (LR), premier adjoint aux finances jusqu’en septembre 2016.