Hôpitaux : élus et médecins demandent à garder le directeur par intérim

Mantes-la-Jolie, Poissy, Saint-Germain-en-Laye : les trois maires et les représentants des médecins demandent à l’Agence régionale de santé (ARS) de conserver l’actuel directeur par intérim.

Directeur général par intérim des centres hospitaliers de Mantes-la-Jolie et de Poissy-Saint-Germain-en-Laye, Sylvain Groseil est censé reprendre sa fonction de directeur adjoint ce mardi 6 mars (après le bouclage de cette édition, Ndlr), une fois annoncé le choix de l’Agence régionale de santé (ARS). Hors de question pour les élus des communes concernées, comme pour la communauté médicale des trois sites, et pour une partie des organisations syndicales (voir encadré).

Vendredi dernier, ils ont organisé une conférence de presse pour faire savoir leur refus, quelque soit le candidat choisi par l’ARS. Ce serait, selon le site internet spécialisé Hospimédia, l’actuelle directrice de l’hôpital de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Yolande Di Natale. Ils avancent la nécessaire stabilité des équipes de direction, en place depuis 2013 et l’arrivée du précédent directeur, Michaël Galy, parti en septembre 2017. Contactée, l’ARS se refuse à tout commentaire.

« On a été prévenu il y a quelques semaines par l’ARS qu’on devait signaler et signifier le choix du futur directeur qui viendrait coiffer à la fois Poissy, Saint-Germain et Mantes », indique Karl Olive (DVD), maire de Poissy et président du conseil de surveillance de l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye. S’ils ont reçu chacun des six candidats, le 22 février, les trois maires ont envoyé un courrier au directeur général de l’ARS d’Île-de-France pour demander un choix alternatif, chacun plaidant cette cause au téléphone.

« Au niveau politique, ça fait 20 ans qu’on attend d’avoir un outil ‘’digne de ce nom’’, on a été baladés, les uns et les autres, et souvent par ailleurs à cause de conflits politiques, détaille le docteur Stéphane Hazan, président de la Commission médicale d’établissement (CME), l’instance de représentation des médecins, de l’hôpital mantais (il est aussi maire SE de Lainville-en-Vexin, Ndlr). Aujourd’hui, il y a une stabilité, et on souhaite continuer à être sur cette même unité. » Avec son homologue pisciacaise Jacqueline Selva, il a envoyé un courrier commun en ce sens à l’ARS.

Mais ils ont l’impression de ne pas avoir été entendus. « Les élus que nous sommes avons décidé que l’actuel directeur convenait tout à fait. D’après les échos qui nous remontent, il est fort probable que notre point de vue ne soit pas pris en compte, justifie de cette protestation publique Cécile Dumoulin (LR), conseillère départementale et présidente du conseil de surveillance de l’hôpital de Mantes-la-Jolie. Les raisons ne sont pas liées aux candidatures présentées. »

Vendredi dernier, ils ont organisé une conférence de presse pour faire savoir leur refus, quelque soit le candidat choisi par l’ARS.

Ils assurent que cette demande n’a pas pour origine Sylvain Groseil, même s’il est au courant de leur démarche. Compte tenu des règles administratives réglant cette nomination, il lui est d’ailleurs théoriquement impossible de postuler. Les présents de vendredi proposent une solution alternative, « avec une signature de droit public (déjà utilisée par le passé dans les Yvelines, Ndlr), sur deux ans par exemple », assure Karl Olive. Il suggère, sinon, de le laisser en intérim : « Il n’y a pas de raison de se précipiter pour avoir un nouveau directeur. »

« Les sujets de santé sont des sujets compliqués, là, on a l’occasion de faire simple, on est tous d’accord, ça doit interpeller les gens, s’émeut le nouveau maire LR de Mantes-la-Jolie, Raphaël Cognet. Comment se fait-il que cet accord unanime et historique ne soit pas pris en compte ? On ne peut pas avoir, d’un côté, la gestion du quotidien (au conseil de surveillance, Ndlr), et en même temps nous dire, au moment où il y a des décisions à prendre, «vous n’y êtes pas». »

Tous mettent en avant les qualités de Sylvain Groseil, avançant par exemple sa participation au maintien d’un service de réanimation au centre hospitalier de Meulan-en-Yvelines grâce à un accord avec les trois hôpitaux sous sa direction. « J’ai été stupéfait de voir l’écoute que pouvait avoir Sylvain », a aussi constaté le maire de Poissy à l’occasion de ses visites des différents services en tant que nouveau président du conseil de surveillance.

Et puis, « pour la quatrième année consécutive, le centre hospitalier Poissy-Saint-Germain sera dans la zone d’équilibre » (soit un faible déficit alors qu’il était annoncé à trois millions d’euros en janvier, Ndlr), se félicite Karl Olive, attribuant cette réussite à la direction actuelle. « Et pour Mantes-la-Jolie, c’est moins deux millions d’euros » (contre un déficit annoncé à trois millions d’euros en janvier, Ndlr), complète Cécile Dumoulin.

« On est en train de poser les fondations du GHT (Groupement hospitalier de territoire, Ndlr), on ne change pas le chef de chantier en début de chantier, ajoute Stéphane Hazan. Si on casse cette dynamique, on prend un an de retard. » S’ils n’étaient pas écoutés, les maires démissionneront-ils des instances ? « On n’est pas du tout dans cette étape-là », répond Karl Olive. « Je ne ferme la porte à aucune éventualité », indique néanmoins Arnaud Péricard (DVD), le maire saint-germanois.

Soutien de la CFDT, les syndicats mantais pas prévenus

Vendredi, seule la CFDT de l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye, syndicat majoritaire, soutenait la demande par sa présence. « Les gens qui, depuis l’ARS centrale à Paris et pas sur le terrain, se permettent de prendre des décisions. Ils servent à quoi ? », demande la secrétaire du syndicat, Catherine Loric-Assous. Elle rappelle d’ailleurs qu’entre 2011 et 2013, lorsque la situation sociale était très tendue, l’ARS était restée silencieuse malgré des demandes d’intervention.

A Mantes-la-Jolie, les deux syndicats de l’hôpital, FO et CGT, assurent n’avoir pas été prévenus de cette demande publique. « C’est de la manipulation, qu’ils laissent les organisations syndicales en-dehors de leurs salamalecs », déplore Bernard Landais, secrétaire de FO. « On favoriserait plutôt un nouveau directeur, complète son homologue de la CGT, Catherine Martinez-Mokrani. Nous, Monsieur Groseil, à Mantes, on ne le voit pas. Un nouveau directeur ne changerait rien. »