Un dernier hommage à Alain, SDF décédé dans les bois

Une semaine après la découverte du corps sans vie d’Alain dans la cabane qu’il occupait dans les bois, une cinquantaine de personnes ont assisté aux obsèques de cet homme connu dans le village.

Alain, sans-abri, a sans doute été l’une des premières victimes yvelinoises du froid. Vendredi 23 février, alors que la vague de froid sibérien s’annonçait, le corps sans vie de cet homme de 62 ans avait été retrouvé dans sa cabane, en forêt d’Auffreville-Brasseuil, qu’il occupait depuis plusieurs années. Une semaine après, vendredi 2 mars, la municipalité a organisé et pris à sa charge les obsèques de ce SDF bien connu dans le village de 650 âmes.

Réunis au cimetière de la commune, où les cendres d’Alain ont été déposées dans le colombarium, une cinquantaine de personnes ont assisté à l’émouvante cérémonie. « Le monde qui est là prouve qu’il était considéré, confie Serge Ancelot (LR), maire d’Auffreville-Brasseuil. Je le connaissais de vue : il est très ermite, très discret. Il n’y avait rien de mal à dire de lui, ce qui fait que d’emblée, on a décidé de lui faire une cérémonie, comme pour l’un des nôtres. »

Vendredi 2 février, parents du défunt, Auffrevillois, amis et élus se sont réunis pour un dernier hommage au cimetière de la commune.

Ce jour-là, parents du défunt, Auffrevillois, amis et élus se sont réunis pour un dernier hommage. Tous soulignent qu’Alain, membre d’une importante fratrie, habitait suivant sa volonté, dans les bois, depuis environ deux ans. « Tu avais trouvé refuge dans cette cabane, tu t’y sentais bien, tu avais trouvé la liberté », adresse dans sa prise de parole Bruno Goujon, conseiller municipal auffrevillois. Il se souvient avec émotion de « ce jour où tu t’es présenté à la maison avec un bouquet de lilas ».

« C’était son choix de vivre en retrait, confie Frédéric, également sans-abri, et ami depuis cinq ans d’Alain. Il avait rencontré trop de problèmes dans sa vie. » Comme Frédéric, de nombreux SDF du Mantois ayant côtoyé Alain dans les locaux de l’association de solidarité Déclic, confient leur peine. « Il était apprécié de tous en général, pour sa bonne humeur paternelle », résume l’un d’eux, à quelques pas de la photo d’Alain.

C’est d’ailleurs l’inquiétude au sein de Déclic qui avait mené à la triste découverte. « Ça faisait deux jours qu’on ne l’avait pas vu », raconte Nicolas qui s’est alors rendu sur place le 23 février. Il y a trouvé le corps sans vie de son « bon copain ». S’il connaissait précisément l’emplacement de la cabane, c’est qu’il l’avait occupée avant Alain. Nicolas décrit ainsi une « cabane en bois » dotée de « matelas, couvertures » mais sans chauffage : « On se chauffait avec des bougies.»

A l’abri des regards de tous, à l’issue des obsèques, le maire d’Auffreville-Brasseuil a remis un sac de denrées alimentaires à destination des SDF du Mantois.

Au milieu des proches d’Alain, plusieurs Auffrevillois sans lien particulier avec le disparu ont également tenu à être présents. C’est le cas de Guy, qui explique être « touché » par le décès ce cet homme qu’il « voyait depuis longtemps » et avec qui il avait « déjà discuté ». Et d’ajouter, grave : « On regrette, avec retard, de ne pas avoir plus communiqué avec lui ou toutes ces personnes un peu hors du monde actuel. »

Ce drame intervenu à Auffreville-Brasseuil met aussi en lumière la situation de « ceux qu’on n’entend pas, qu’on ne voit pas et qu’on ne veut pas voir », décrit un responsable associatif. « Malgré le froid, nous n’avons aucune solution. Pour manger ça va, c’est pour se loger que c’est difficile, signale Frédéric. Heureusement qu’il y a eu un élan de solidarité des habitants. Je tiens tous les jours grâce à eux : les discussions, les sourires, les petites pièces. »

A l’abri des regards de tous, à l’issue des obsèques, le maire d’Auffreville-Brasseuil a quant à lui tenu à faire un geste personnel. Il a remis un sac de denrées alimentaires, du saumon entre autres, à destination des SDF du Mantois. « Comme ça ils pourront bien manger ce soir », espère Serge Ancelot, en remettant ses sacs de courses.