Les salariés de l’usine Calcia inquiets pour leur avenir

En grève mardi 20 mars, les salariés de la cimenterie dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail tandis que l’avenir de l’usine s’écrit en pointillés.

À l’heure du déjeuner ce mardi 20 mars, quelques cuisses de poulet grillent sur un barbecue devant la cimenterie Calcia. Depuis l’aube, une dizaine de salariés parmi la centaine que compte l’usine bloquent son entrée. Le mouvement de grève national touche la dizaine d’usines Calcia en France et n’épargne pas le site de Gargenville. Les salariés y ont d’importantes revendications locales, dénonçant la dégradation de leurs conditions de travail depuis l’arrivée des repreneurs allemands d’Heidelbergcement.

« C’est de pire en pire depuis deux ans, soupire un salarié gréviste. Il y a environ 10 % d’effectifs en moins et le matériel n’est plus moderne. Ils ne prennent même plus d’intérimaires, ce qui fait plus de travail pour nous… ». Pascal Gaumer, responsable syndical de la CGT au sein de l’usine abonde. « Il y a moins d’effectifs, moins de moyens, ils tirent sur tout », déplore-t-il.

L’avenir de l’usine tient à l’ouverture ou non de la nouvelle carrière de calcaire à Brueil-en-Vexin. Sans elle, impossible de continuer la production de ciment à Gargenville. L’implantation de celle-çi est d’ailleurs débattue le vendredi 6 avril prochain à Mantes-la-Jolie (voir encadré).

« L’ouverture de la prochaine carrière à Brueil-en-Vexin conditionne la modernisation de l’usine », reconnaît Catherine Barbier Azan, directrice de la communication de l’entreprise. La cimenterie pourra encore exister sans la nouvelle carrière « jusqu’en 2020 », estime-t-elle. En cas d’avis favorable du préfet pour l’installation de la carrière, Calcia a promis d’investir 25 millions d’euros dans la modernisation de la cimenterie.

La direction dément malgré tout négliger son site de Gargenville et avance investir « entre 3 et 5 millions par an en moyenne» par site sur l’ensemble de ses cimenteries en France. Après un léger déclin, le marché du ciment repart petit à petit, selon elle. «À Gargenville, nous avons diminué la production de 30 % à cause de la conjoncture mais vous imaginez bien que nous n’avons pas diminué les effectifs de 30 %. Il y a eu des départs volontaires et de nouvelles missions ont été affectées », se défend-t-elle.

La grève nationale du 20 mars a été suivie par « 50 % des effectifs » à Gargenville, selon Pascal Gaumer. « Le groupe va bien. Il se fait des marges comparables au marché du luxe et pourtant la direction nous a indiqué que nous n’aurions pas un euro de participation aux bénéfices sur l’année 2017 », s’insurge le syndicaliste. Après une journée de conflit, les salariés ont obtenu une prime de 500 euros nets chacun mettant ainsi fin à la grève.

Premier débat public entre AVL3C et les salariés de Calcia

À l’initiative du parti communiste de Mantes-la-Jolie, un débat public à propos de la carrière de Brueil-en-Vexin se tiendra le vendredi 6 avril à 19h30, espace Guy Mainière à Mantes-la-Jolie. Celui-ci opposera Pascal Gaumer, secrétaire général de la CGT de la cimenterie Calcia de Gargenville et Dominique Pélegrin, présidente de l’association AVL3C. Pour Armelle Hervé, secrétaire de la section du canton de Mantes-la-Jolie, « la question est très importante et la population est très peu informée ». Elle espère que cette fenêtre de dialogue permettra d’offrir « le maximum d’éléments pour que les uns et les autres se fassent leur propre opinion ». Aucun dirigeant de Calcia n’a été convié. « On n’organise pas ce débat pour passer un powerpoint d’Heidelberg. Ce projet regarde la population et les salariés », ironise-t-elle d’un précédent débat ayant opposé Calcia et l’AVL3C en décembre dernier devant les élus de la communauté urbaine.