Centre-ville : la piétonnisation au coeur de la concertation ?

La piétonnisation de la rue Maurice Berteaux, artère du centre-ville, est ardemment souhaitée par les habitants présents à la concertation, mais rejetée en bloc par les commerçants de la rue.

Voulue par les uns, rejetée par les autres, la piétonnisation sera, semble-t-il, au coeur de la concertation juste débutée autour de l’avenir de l’artère commerçante du centre-ville conflanais. Jeudi 15 mars dernier, lors d’une première réunion publique portant sur le réaménagement de la rue Maurice Berteaux et de ses abords, les 90 présents ont manifesté sans équivoque leur souhait de voir le centre-ville rendu aux piétons, partiellement ou totalement. Quelques jours avant, les commerçants avaient pourtant opposé un très net refus à toute piétonnisation.

« Pourquoi une concertation ? Parce que ça avait bien marché place Fouillère », explique le maire Laurent Brosse (DVD) ce soir du 15 mars dans la salle des mariages du château du Prieuré. La concertation publique portant sur la place située au pied de la rue Maurice Berteaux, actuellement en chantier, avait en effet été saluée des habitants, dont certaines remarques ont été prises en compte. « C’était un galop d’essai », note en aparté un fonctionnaire. Concernant le centre, après une seconde réunion de concertation, un pré-projet devrait être présenté en juin (voir encadré).

Selon nos informations, les commerçants ont exprimé très fermement leur refus de toute piétonnisation lorsqu’ils ont été reçus par le maire, lundi 12 mars.

Pour recueillir l’avis du public ce soir de mars, un instrument original a été distribué par groupes d’habitants présents : une télécommande permettant de voter en direct pour une ou plusieurs propositions. « C’est très démocratique et macronien », confie l’un des présents à ses voisins lors de la distribution des boitiers de vote. « On innove », sourit le maire de cette initiative originale et plutôt appréciée du public, qui doit alors débattre en groupe avant de voter.

Ces derniers mois, l’agence retenue par la mairie pour mener la concertation a également distribué des questionnaires portant sur le centre-ville, et récolté un peu plus de 150 réponses. « Les trois quarts d’entre vous n’étaient pas satisfaits du stationnement », résume Lorette Haffner, chargée d’études à l’agence Aire publique, ajoutant : « La convivialité et l’ambiance, malheureusement, ne vous conviennent pas. »

Le système de vote par télécommandes est une initiative originale et plutôt appréciée du public, qui doit alors débattre en groupe avant de voter.

Jeudi soir, les Conflanais montrent leur diversité lors de la plupart des votes, dont le résultat est ensuite diffusé par un rétroprojecteur. Ce n’est pas le cas lorsqu’est demandé
« quel type d’aménagement faciliterait le mieux les déplacements doux dans le centre-ville » : à plus de 95 %, le public approuve soit une zone piétonne à accès réglementé, soit une zone de partage limitée à 20 km/h.

Après une première phase de votes, il est proposé aux participants d’exprimer leurs souhaits sur des Post-it. « Vous êtes très nombreux à parler de la circulation à améliorer, avec des notions connexes de sécurité, synthétise la chargée d’études d’Aire publique. Sur les déplacements, je ne compte plus les Post-it qui nous parlent de parkings, souterrains ou autour du centre, ainsi que de piétonnisation, et pour des bus moins impressionnants. »

Pour recueillir l’avis du public, un instrument original a été distribué par groupes d’habitants : une télécommande permettant de voter en direct pour une ou plusieurs propositions.

La réduction de la place dévolue à la circulation automobile est pourtant loin d’être une priorité pour les commerçants, dont certains déplorent déjà les conséquences du chantier en cours sur la place Fouillère. Selon nos informations, ils ont exprimé très fermement leur refus lorsqu’ils ont été reçus par le maire, lundi 12 mars. « Je peux confirmer l’opposition à la piétonnisation de la rue Maurice Berteaux », rapporte d’ailleurs jeudi celui-ci au public. « A l’époque, on avait voulu faire une voie piétonne, ils s’y étaient tous opposé », se rappelle à cette occasion l’un des membres d’une précédente majorité municipale de gauche.

« Ils sont contre une rue piétonne, mais quels sont leurs arguments ? », s’agace un trentenaire habitant Conflans-Sainte-Honorine depuis quelques semaines. « L’argument est qu’il faut une place de stationnement, parce que les Conflanais se déplacent d’abord en voiture », relate Laurent Brosse de sa réunion. Sans convaincre, le nouveau Conflanais ne manquant de faire remarquer la vitalité commerçante du centre-ville de Saint-Germain-en-Laye « malgré les rues piétonnes et la difficulté à se garer ». Le débat s’annonce déjà vif alors que la concertation vient à peine de commencer.

Un premier pré-projet présenté le 7 juin

Les objectifs du réaménagement de la rue Maurice Berteaux et de ses abords sont selon la mairie « de renforcer l’attractivité du centre-ville, redynamiser l’activité commerciale, contribuer au confort et à la facilité des déplacements piétons, fluidifier la circulation routière, améliorer la qualité de vie des Conflanais ».

Elle espère pouvoir démarrer les travaux en 2020, avec la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, et le conseil départemental (la rue Maurice Berteaux est une voie départementale, Ndlr). La seconde réunion de concertation est prévue le jeudi 5 avril, à 20 h à la salle des fêtes.

Un bilan de la concertation, et les premières esquisses du projet, seront présentées le 7 juin prochain.

L’âge des participants influe-t-il sur la concertation ?

« On a une population, ici, de gens de plus de 30 ou 40 ans, on aurait eu plus de jeunes, les réponses auraient peut-être été changées », fait remarquer judicieusement un participant au public, plutôt âgé, présent à la réunion de concertation du jeudi 15 mars. Cet âge moyen élevé des participants va-t-il influer sur la concertation en cours ? Certaines réponses ont en tout cas semblé surprendre les professionnels de l’agence de concertation sollicitée par la municipalité.

Ils demandent par exemple au public s’il souhaite des horaires aménagés ou élargis pour les commerces et les restaurants. Par deux fois, la réponse est très largement négative, alors que cette demande est fréquemment exprimée dans d’autres centres-villes. Lorsque vient la question des types de restaurants voulus pour la rue Maurice Berteaux, une majorité vote en faveur d’une restauration rapide « haut-de-gamme » ou de brasseries. Seuls quelques-uns demandent des fast-foods.