Motos-cross, quads : les rodéos urbains bientôt punis lourdement ?

Plusieurs députés, dont celle de la sixième circonscription des Yvelines, vont déposer une proposition de loi instituant un nouveau délit de « rodéo motorisé ».

Ils sont déplorés avec autant de vigueur par les maires que par les habitants des communes ou des quartiers concernés par les rodéos urbains de scooters, motos-cross et quads. Ils devraient prochainement être plus lourdement sanctionnés, par l’intermédiaire d’une proposition de loi portée par plusieurs députés dont une est yvelinoise, qui devrait être débattue en juin à l’Assemblée nationale. Principale nouveauté : la création d’un délit spécifique de « rodéo motorisé ».

Jeudi dernier, à la fin de la réunion publique trielloise dédiée à l’avenir de la plaine (voir notre dossier en p. 2), la députée de la sixième circonscription des Yvelines, Natalia Pouzyreff (LREM), échange avec le président d’une association de riverains carriéroise. « S’il y a une proposition de loi, ce sera notamment grâce aux rodéos du Parc du peuple de l’herbe », répond-elle à sa demande d’informations quant aux motos et quads qui sillonnent parfois cet espace vert de 113 ha.

« On a créé, avec quelques députés, un groupe de travail sur les rodéos sauvage, on a eu le ministère de l’Intérieur », d’où découle une proposition de loi qui devrait être présentée début juin à l’Assemblée, lui indique-t-elle. « La lourdeur des peines encourues est dissuasive, là, ça va très loin, poursuit la députée. C’est un texte qui crée un délit spécifique de rodéo motorisé, et qui est très sévèrement puni, ce projet est assez lourd et répressif. »

Le maire de Carrières-sous-Poissy, Christophe Delrieu (DVD), espère que cette proposition de loi comprendra une mesure qu’il demande depuis son élection : la destruction systématique des engins impliqués. « On voit bien que c’est plus une provocation, l’envie de franchir les limites de l’interdit et de s’autoriser à provoquer la police, analyse-t-il. Ce type de comportements est une transgression très forte des lois, et une provocation inadmissible et intolérable. »

« On voit bien que c’est plus une provocation, l’envie de franchir les limites de l’interdit et de s’autoriser à provoquer la police », analyse le maire de Carrières-sous-Poissy, Christophe Delrieu (DVD).

En vallée de Seine, le retour du printemps a entraîné celui des deux roues, comme à Vernouillet dans le quartier du Parc qui « subissent une explosion des rodéos sur deux roues et leurs conséquences sonores », déplore la municipalité sur Facebook. Le maire Pascal Collado (DVD) a lancé une pétition la semaine dernière et jusqu’au 15 mai, à signer en mairie, destinée à « sensibiliser directement » le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

« A Chanteloup-les-Vignes, le bruit (de jour comme de nuit), les entorses au code de la route, la mise en péril d’autrui, les altercations verbales et les accidents physiques sont monnaie courante entre juin et septembre », alertait déjà pour sa part il y a près d’un an la maire chantelouvaise Catherine Arenou (DVD), dans un courrier au ministre de l’Intérieur.

La semaine dernière à Achères, à une réunion du conseil de quartier de la gare, une riveraine demande « ce qu’on peut faire » lorsque la police refuse de se déplacer. « Ils n’ont pas le droit de les poursuivre », explique l’adjointe Annie Debray-Gyrard, incitant à donner des renseignements aux policiers : « Il faut savoir où est garé le véhicule comme ça ils peuvent saisir. […] Ce n’est pas de la délation, on est tous responsables de la tranquilité publique. »

Peur des vols : les amateurs de cross restent discrets

En vallée de Seine, les pratiquants de cross se cachent pour exercer tranquillement leur pratique sportive. Il y a quelques mois, dans un terrain de cross de la vallée de Seine découvert par hasard lors d’un reportage de La Gazette, un petit groupe de motards en plein entraînement demandait que son emplacement ne soit pas rendu public.

Ils affirmaient alors ne pas craindre que des jeunes viennent se servir de leur terrain, comme l’aimerait la députée. La situation s’est déjà produite : « Ils ne restent pas longtemps », témoignait l’un, la faute selon lui aux exigences physiques et techniques du cross comme pratique sportive.

Par contre, ils avançaient une peur bleue des vols de leurs engins : « On ne lave plus nos motos à l’Elephant bleu, on est sûrs de se les faire braquer. » Selon les responsables de ce club de moto-cross, il leur arrive également d’être suivis, dans le but de cambrioler ensuite leur garage.