
Avant même le début du conseil de quartier de la Gare, ce soir du jeudi 26 avril, certains riverains échangent entre eux. « Il y en avait encore cachés avec des barres de fer, des béquilles », raconte l’un d’eux d’un rassemblement de jeunes interrompu par la police, le jour même en fin d’après-midi. Depuis quelques mois, les habitants de la résidence Lucie Aubrac subissent les nuisances occasionnées par des groupes de jeunes, Achérois ou non.
Certains d’entre eux ont longuement exprimé leur ras-le-bol ce soir-là. La municipalité reconnaît le problème, et explique travailler sur un « rééquilibrage » du peuplement de la ville de 20 000 habitants, qui compte 51 % de logements sociaux. La commune, qui ne maîtrise que 20 % des attributions, souhaiterait notamment pouvoir mieux choisir les nouveaux locataires. Pas forcément originaires ou travaillant dans les Yvelines, ils méconnaissent en effet souvent Achères.
« C’est de pire en pire », exprime une riveraine, tandis qu’un autre évoque des « branleurs », parfois seulement âgés de dix ans… avant de déplorer l’inactivité de leur bailleur, Osica. « La mairie a demandé au bailleur de porter plainte, souligne Annie Debray-Gyrard, adjointe en charge du logement et de la solidarité. Ils prennent en compte les remarques. »
Mais les riverains enchaînent. « Ils ont dégoupillé les extincteurs et aspergé les voitures dans le garage, relatent-ils de récents événements. Et ça n’a pas été nettoyé. » Une visite sur site est prévue prochainement avec le bailleur et la mairie pour constater. « La porte de parking était défectueuse, ils l’ont reconnu », pointe Annie Debray-Girard. « Le bailleur bouge car les locataires portent plainte contre lui », estime un riverain qui a fait cette démarche auprès de la police.

« A la gare, on n’est plus en paix, ajoute-t-il. Ils viennent et boivent jusqu’à 23 h. Parfois on les voit Despé (bière aromatisée, Ndlr) à la main, ils ont dix ans ! » Plusieurs d’entre eux aimeraient voir la vente d’alcool réglementée, où que l’épicerie diminue ses horaires d’ouverture. « On est en train de regarder au niveau de la législation pour voir ce que l’on peut faire », explique l’adjointe, consciente du problème.
« Moi, je ne vais pas partir, c’est mon premier logement, témoigne une riveraine. Quand les jeunes viennent, je surveille, j’appelle la police, j’essaie de les faire partir, … Mais il y a beaucoup de problèmes ici. » Les fauteurs de troubles sont identifiés par les riverains. « C’est toujours les mêmes, pointe un riverain. Mais comme ils sont mineurs, on ne peut rien faire. »
Dans la salle de la maison de quartier Jules Verne, une autre riveraine, résidant avenue du Général de Gaulle, s’interroge : « Avant il n’y avait pas toute cette population ils viennent d’où ? » La ville compte « 3 000 logements sociaux », détaille Annie Debray-Gyrard. Elle détaille les différents contingents de logement : « Il y a 20 % de ce qu’on appelle le contingent municipal, 30 % à la charge de la préfecture, et le reste pour Action logement et les bailleurs. »
Chaque institution, bailleur ou collectivité attribue les logements de son contingent. Et si la municipalité contrôle ses listes, « quand c’est la préfecture qui propose, on ne maîtrise pas, assène-t-elle. Les gens qui arrivent n’ont pas forcément les codes de ceux qui les précédaient. » Pour tenter de « rééquilibrer » la répartition, un rendez-vous avec la préfecture a été pris à la mi-mai. « On veut les alerter », précise l’élue.