Le grand ras-le-bol des dames de cantine

Durant deux jours, les dames de cantine se sont mises en grève pour protester contre les réflexions de certains parents, qui mettraient en cause leur travail.

C’est une première pour ce village de 1 100 habitants du Pays houdanais, mais la situation ne devrait pas se reproduire. Lundi 30 avril et jeudi 3 mai, le personnel de cantine s’est mis en grève pour dénoncer le comportement de certains parents, qui dévaloriseraient leur autorité. Si les parents croisés jeudi dernier semblent en majorité soutenir le personnel, ils regrettent toutefois un manque de communication sur les raisons précises du mouvement.

11 h 15, devant l’école Georges Bruhat, où 215 enfants sont scolarisés. « Ses deux parents travaillent, alors ils m’ont réquisitionné », sourit ce grand-père, dont la petite-fille mange habituellement à la cantine. Un peu plus loin, un jeune père de famille, dont l’aînée est scolarisée en CP, complète : « Je ne travaillais pas aujourd’hui, alors ça allait. Je récupère la fille d’un couple d’amis, on s’auto-débrouille. »

S’il ne connaît pas les raisons précises de la grève, il évoque un « long litige » entre certains parents et le Syndicat intercommunal de gestion de l’ensemble des installations scolaires (Sigeis, qui regroupe les communes de Dammartin-en-Serve, Flins-Neuve-Eglise et Montchauvet, Ndlr). Ce conflit porte sur le traitement du bruit à la cantine, et les sanctions prises à l’encontre des quelques élèves perturbateurs.

Plusieurs mots affichés sur les portes de l’école dénoncent « une indiscipline grandissante d’enfants » et « une mise en cause de l’autorité du personnel encadrant la cantine ».

« Je crois qu’il y a un système de clochettes pour que les dames de cantine puissent se faire entendre quand il y a trop de bruit, poursuit le père de famille croisé jeudi. Mais cela ne plaît pas à certains parents, qui désapprouvent ce système lors des réunions. Mais ces parents n’ont rien proposé d’autre. »

Malgré plusieurs mots affichés sur les portes de l’école par le personnel, dénonçant « une indiscipline grandissante d’enfants » et « une mise en cause de l’autorité du personnel encadrant la cantine », plusieurs parents restent perplexes ce jeudi 3 mai. « On ne sait pas vraiment ce qu’il se passe, il aurait fallu un peu plus de communication, pointe un autre père de famille. En tout les cas, je les soutiens. »

Deux jeunes filles de CM2 confirment : « C’est vrai qu’il y a beaucoup de bruit à la cantine, parfois on ne s’entend pas parler. Et quand les dames de cantine sonnent la cloche, certains parlent encore plus fort pour se faire entendre. » Pour autant, une mère de famille, représentante des parents d’élèves, tient à préciser : « Le problème, ce ne sont pas les enfants, mais plutôt les parents de certains avec qui le dialogue est rompu. »

11 h 15, devant l’école Georges Bruhat, 215 enfants. « Ses deux parents travaillent, alors ils m’ont réquisitionné », sourit ce grand-père, dont la petite-fille mange habituellement à la cantine.

Le sujet est toutefois « récurrent à chaque conseil d’école », souligne Reine Gillardeau, élue dammartinoise et présidente du Sigeis. « Il y a environ 140 enfants qui mangent à la cantine en deux services, précise-t-elle du fonctionnement de la cantine dammartinoise. Forcément, il y a du bruit mais c’est normal. » L’élue confirme la mise en place du système de clochettes : « On leur demande de faire des temps calmes pour l’annonce des menus, l’explication de cantine ou alors les anniversaires. »

Quand le bruit devient insupportable, « on fait manger l’enfant ailleurs et c’est ce que certains parents n’acceptent pas », poursuit Reine Gillardeau. La situation serait devenue particulièrement tendue ces dernières semaines. « Je sentais que ça commençait à ne pas aller, détaille Reine Gillardeau. Et puis, certains parents ont commencé à parler de maltraitance, c’est ce qui les a choquées, et moi aussi. »

Le préavis de grève a été déposé le 13 avril dernier, jour des vacances scolaires (La Gazette n’a pas pu contacter les grévistes avant parution de l’article, Ndlr). « C’était leur droit et je l’ai accepté, souligne l’élue. Punir ou gronder un enfant c’est de l’éducation, pas de la maltraitance. J’ai déjà entendu des parents dire « tu ne lui obéis pas, elle n’est pas enseignante. » »

La situation ne devrait pas se reproduire : « L’idée, c’était de montrer un ras-le-bol », poursuit Reine Gillardeau. Une nouvelle réunion devrait avoir lieu dans les prochaines semaines entre les parents d’élèves élus et le personnel communal « pour tenter de trouver des solutions et essayer de recoller les morceaux », espère l’élue.