« On n’a pas le droit de se louper, c’est un projet sur 30, 40 ans », prévient le maire des Mureaux d’un air grave. François Garay (DVG) ne cache pas que le projet qu’il présente en réunion publique, ce soir du mercredi 2 mai, revêt une importance particulière pour l’avenir de sa commune. Ce projet, c’est le projet pôle gare, qui associe commune, communauté urbaine, Département, Région et SNCF.
Il doit permettre de réaménager complètement le quartier de la gare jusqu’au centre-ville, en parallèle de l’arrivée d’Eole : le prolongement de la ligne E du RER jusqu’à Mantes-la-Jolie pour 2024. Avec une connexion à la Défense qui n’existait pas jusqu’alors, la municipalité espère enfin gagner le pari de la mixité sociale aux Mureaux, ville de 32 000 habitants avec 46 % de logements sociaux et un taux de chômage de 20 % pour ses habitants.
Interrogé ce mois-ci par France Culture dans le cadre d’une émission évoquant les projets touristiques de la ville, François Garay s’est montré lucide sur l’image que véhicule sa commune. « Depuis 2011, on a bien changé les quartiers mais cette mauvaise image nous colle à la peau », estime-t-il. Lors de la réunion publique de mercredi, beaucoup de pistes ont été évoquées pour réaménager le quartier (voir encadré, Ndlr).
Devant la cinquantaine de présents, Bernard Durupt (DVG), premier adjoint à la vie associative, formule un constat d’échec de la première phase de rénovation urbaine (troisième plus importante en France, terminée en 2016, Ndlr).« Là où on a eu énormément de mal, c’est sur l’objectif de mixité sociale qu’on s’était fixé au départ de la rénovation urbaine qui n’a pas été atteint », reconnaît-il.
« La mixité sociale, ça fait 40 ans qu’on la cherche et qu’on n’arrive pas à la mettre en place », poursuit Bernard Durupt. Désormais, les espoirs de la municipalité se concentrent sur la venue du RER E. L’adjoint muriautin espère renforcer « une notion d’attractivité de par la facilité d’accès à la Défense et Paris », avec à terme l’espoir de « modifier l’image de la ville, notamment du côté Nord de la gare ».
Comptant sur l’emménagement d’habitants plus qualifiés, plus argentés, il espère l’amélioration de « son attractivité », avec pour conséquence « une résonance au niveau de la mixité sociale ». Pour l’y aider, en sus de l’arrivée du RER E, la commune a été récemment sélectionnée pour faire partie du dispositif « Action coeur de ville ». Lancé par l’État, il prévoit, pour 222 communes, un budget de cinq milliards d’euros pour redynamiser leurs centres-villes.
A partir de l’an prochain, si les crédits très attendus sont bien alloués, le Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU) doit aussi permettre de terminer les rénovations. Lors du premier plan de rénovation urbaine, sept quartiers des Mureaux comme les Musiciens, Bécheville, ou la Vigne blanche, soit au total 15 000 habitants étaient concernés. A l’époque, il faisait partie des plus importants mis en œuvre en France, avec un coût total de 409 millions d’euros.
Là encore, la mixité sociale était visée : du millier de logements détruits en 2010, seulement 520 ont été reconstruits. Les 600 autres ont été répartis ailleurs dans la ville et dans le département. Près de 3 000 logements, prévus pour permettre à ces habitants de devenir propriétaires, ont été créés, mais « les gens n’ont pas pu acheter à cause de la crise », analyse le maire à la réunion publique.
Habitante présente à la réunion, Fatima Cuny ne semble pas cependant pas convaincue par le discours des élus. « Ce n’est pas la nouvelle gare qui va apporter cette mixité », estime cette habitante des Mureaux depuis une quarantaine d’années et colistière de l’opposant écologiste Mounir Satouri lors des dernières élections municipales.
« Il y a beaucoup de travail à faire en amont, notamment sur une vraie offre éducative, avance-t-elle plutôt. Il faut sortir de cette ghettoïsation qui fait que beaucoup d’amis à moi, par exemple, mettent leur enfants dans le privé, et les anciens dans les cités souffrent de ne pas voir de nouvelles populations dans leurs écoles. »
De son côté, François Garay explique croire « davantage à la mixité sociale par la rénovation de bâtiments publics que par l’accès à la propriété immobilière ». Selon lui, la création d’équipements de prestige et la bonne tenue de ceux déjà existants, seraient plus attractifs pour la venue de nouveaux habitants que l’espoir de devenir propriétaire de son logement à un tarif accessible.
La municipalité assure cependant ne pas négliger pour autant l’attrait de la propriété. « Le coût de l’immobilier n’est vraiment pas excessif aux Mureaux, remarque ainsi, prix à l’appui, le premier adjoint Bernard Durupt. Avec 250 000 ou 300 000 euros, on peut devenir propriétaire à dix minutes de la gare, et proche de la Défense avec l’arrivée d’Eole. »
Quels projets pour le quartier de la gare ?
Lors de la réunion publique concernant le pôle gare et centre-ville des Mureaux, plusieurs pistes concernant l’avenir de ce quartier ont été évoquées. Avec l’arrivée du projet Eole qui prévoit l’extension à l’Ouest de la ligne E du RER de Mantes-la-Jolie depuis le Nord de Paris.
Le côté nord de la gare devrait subir d’importants travaux avec l’aménagement de nouveaux guichets et une nouvelle façade. La mairie envisage de rendre la gare totalement passante en rendant l’accès nord et sud plus simple, si la SNCF l’accepte. L’objectif est de pouvoir passer d’un côté à l’autre de la gare en la traversant.
Il a aussi été question de développer le centre-ville vers l’axe principal des Mureaux, la RD 43. « Pourquoi ne pas relier le parking de la place du marché directement à cette route en détruisant l’agence immobilière Foncia ? », s’est interrogé François Garay (DVG), le maire des Mureaux. Ce marché pourrait également se scinder, et une partie pourrait revenir sur la place de la Libération, face à la mairie.
Selon les élus, l’offre commerciale devrait également être renforcée pour satisfaire au mieux l’afflux de population lié aux nouvelles gares desservies. « Le magasin Franprix, par exemple, pourrait être totalement rapproché de la gare, pour que les gens puissent faire leurs courses avant de rentrer chez eux ou dans le train », a évoqué Bernard Durupt (DVG), le premier adjoint.