Avenir de la plaine : des idées, pas de calendrier, et un coût titanesque

Durant deux jours, l’avenir de l’ex-plaine maraîchère a été au centre d’un colloque d’élus, experts et citoyens déjà impliqués. Il devrait se réunir à nouveau l’an prochain pour faire le point.

Durant deux jours, vendredi 8 et samedi 9 juin derniers, un colloque, organisé par la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) et la députée de la sixième circonscription Natalia Pouzyreff (LREM), s’est tenu à Carrières-sous-Poissy pour aborder l’avenir de l’ex-plaine maraîchère, au lendemain de la diffusion sur France 2 d’un reportage de l’émission Envoyé spécial consacré à la mobilisation citoyenne contre les dépôts de déchets. La journée du samedi était dédiée à l’avenir après nettoyage, et devait inviter les citoyens à soumettre leurs propositions.

Les importants coûts estimatifs des différentes pistes explorées ont été détaillés, et la création d’un Groupement d’intérêt public (GIP) a été annoncée, afin de réunir les collectivités et l’État autour de ces projets photovoltaïques, agricoles ou environnementaux. Mais les projets portés par des associations environnementales ou des citoyens n’ont été évoqués qu’en toute fin de colloque, ce que certains participants ont regretté.

« Je suis en train d’ouvrir une page blanche […], cette page blanche où on se dit : que va-t-on faire de cet espace demain ? », amorce Christophe Delrieu, maire DVD de Carrières-sous-Poissy, quand arrive la présentation des différents enjeux du projet Coeur vert 2, pour aménager cette friche de 265 hectares. « Pour le nettoiement […] on est plus proche de quatre millions que d’un million. Pour la sécurisation, cela peut aller jusqu’à un million », indique l’édile des étapes préalables au projet.

Mais c’est bien l’acquisition des terrains, morcelés entre des dizaines, voire des centaines de propriétaires privés, qui représente le coût immédiat le plus important. « Si on démarre à trois, quatre euros du m², on est à huit millions d’euros, explique Christophe Delrieu. Si on passe à dix euros du m², on se rapproche du prix psychologique des propriétaires, et cela fait 20 millions. Enfin si on va jusqu’à 15 euros du m², on part sur 30 millions d’euros. »

« Je suis en train d’ouvrir une page blanche […], cette page blanche où on se dit : que va-t-on faire de cet espace demain ? », lance Christophe Delrieu, maire DVD de Carrières-sous-Poissy.

L’investissement ensuite nécessaire aux différents projets environnementaux envisagé est évalué entre « dix et 50 millions d’euros » par le maire de Carrières-sous-Poissy, aussi vice-président de GPSEO : « Cela dépendra si l’on fait un ou plusieurs projets. » Centrale photovoltaïque, culture du miscanthus, mais aussi création d’une filière d’agriculture de circuit court utilisant la chaleur issue de l’incinérateur Azalys pour chauffer les serres, font ainsi partie des pistes étudiées par la communauté urbaine, présentées aux participants. Un groupement d’intérêt public doit bientôt être créé pour porter ces projets.

L’idée d’une filière d’agriculture en circuit court avait déjà été mise en avant en 2015 par l’association Non au pont d’Achères, a précisé Alban Bernard, lanceur d’alerte de la plaine et fondateur du collectif Déchargeons la plaine. Il propose « la création d’un centre de valorisation horticole, d’un centre de compostage, qui permettrait la commercialisation de terres végétales ». Il estime également que l’implantation de serres permettrait la création de « 200 emplois ».

Dans le public, certains ont du mal à visualiser l’après. Ils demandent des précisions sur la sécurisation de la plaine pour interdire l’accès, notamment aux communautés Rom. « Ce n’est plus la peine de parler des campements, ils ne seront bientôt plus là », coupe Christophe Delrieu. La maire écologiste d’Evecquemont et conseillère régionale d’opposition, Ghislaine Senée, fait part de son mécontentement, pointe « un bel exercice de com’ », et regrette l’absence de calendrier précis.

« Restons positifs, ferme solaire et agriculture hors-sol semblent avoir fait leur chemin », souligne toutefois l’élue dont le sentiment de dépit semble partagé, ce samedi matin, par une bonne partie des soixante participants. Egalement présente, Valérie Pécresse (LR), présidente du conseil régional, l’assure : « Le projet de transformation de la plaine est crucial. » Un nouveau colloque devrait se tenir l’an prochain, pour faire le point sur l’avancée de cet épineux dossier.