« L’advisor est plutôt une espèce équilibrée. » De son bras, Mathieu Sablé, conseiller agricole à la chambre d’agriculture francilienne dans le Val d’Oise, désigne trois blocs de blés à une dizaine d’exploitants. Mardi 5 mai, la première des journées d’ouverture des plateformes expérimentales, organisés dans toute l’Île-de-France par la chambre d’agriculture, a démarré à Prunay-le-Temple, dans le pays houdanais. Ces rendez-vous permettent de découvrir de nouvelles variétés et techniques, et reflètent les évolutions, parfois forcées, de l’agriculture conventionnelle, hégémonique dans les Yvelines.
« Selon les lieux, on essaie de répondre à des problématiques locales », précise Christophe Dion, responsable du pôle agronomie à la chambre d’agriculture francilienne, de l’ouverture de ces plateformes expérimentales. C’est aussi selon ces problématiques que les terrains sont choisis. « Dans les Yvelines, on nous demande plutôt de trouver des solutions pour le désherbage, souligne-t-il. Alors, on avait besoin de parcelles avec beaucoup d’adventices (mauvaises herbes, Ndlr). »
Plusieurs expérimentations ont ainsi été menées, « pour montrer qu’il n’y a pas que du chimique, qu’on peut mixer différentes solutions », poursuit Christophe Dion. Il évoque le désherbage mécanique, mais aussi « un travail sur les sols, ou bien le décalage de la date des semis », comme pistes à creuser. Un autre fait engendre également ces réflexions. « On a de moins en moins de molécules chimiques disponibles, ajoute l’agronome. On essaie de les garder, mais on doit penser à d’autres solutions. »
Jean-Claude Gourdet, céréalier à Montainville, est justement à la recherche de solutions de désherbage. « Je suis venu voir les nouvelles méthodes », explique-t-il, plutôt partant pour des produits phytosanitaires conventionnels. « Je crois que ce n’est pas le tout chimique qui a les meilleurs résultats », lui explique un conseiller agricole des expérimentations menées. Un peu surpris, l’agriculteur détaille ses problèmes : « Les mauvaises herbes se mettent au diapason. On plante plus tard, mais elles continuent de pousser en même temps. »
Un peu plus loin, le conseiller agricole Mathieu Sablé échange avec un groupe autour des différentes variétés de blé. « Pour certains, c’est indispensable de venir, de voir des nouveautés », détaille Hervé, un céréalier venu d’Etampes (Essonne). Meilleur rendement, teneur en protéines ou bien encore résistance aux maladies et mauvaises herbes figurent parmi les critères de sélection des agriculteurs : « Avant, on pouvait garder une espèce dix ans dans nos champs. Aujourd’hui, avec les expérimentations génétiques, on les garde plutôt trois, quatre ans. »
Dans les parcelles, l’expérimentation a été menée avec 32 variétés différentes, de telle sorte à examiner la résistance aux maladies et aux champignons. Un panneau récapitule les points forts et les points faibles de chaque espèce par un code couleur. Pour certaines, le panneau semble un peu vide, absence de données oblige. « Comme ce sont des espèces récentes développées par la chambre, on n’a pas encore le recul nécessaire », explique Mathieu Sablé.
« Les trois blocs ont été traités avec des fongicides et les blocs en face n’ont pas été traités », détaille-t-il face à un groupe d’agriculteurs. « Certaines espèces se font très vite bouffer, complète Hervé. Quand il n’y a pas de traitement, on voit vite la différence. » Certaines variétés nouvelles suscitent un intérêt particulier, celles des blés dits « améliorants ». Ils contiennent plus de protéines et peuvent par exemple être utilisés en complément dans la fabrication de farine. Mais leur rendement est plus faible…