Dunlopillo : Adova confirme sa future usine, manifestation contre le plan social

L’investissement, annoncé à 25 millions d’euros, ne fait pas mieux passer les 61 suppressions de postes d’un plan social qui a fait descendre, jeudi, 120 salariés dans la rue.

C’est tous les quatre qu’ils ont souhaité annoncer la nouvelle, dont les grandes lignes avaient été révélées dans La Gazette (voir notre édition du 6 juin). Vendredi dernier, Jacques Schaffnit, président du groupe Adova, auquel appartient Dunlopillo, a annoncé l’arrivée d’une nouvelle usine à l’horizon 2020 sur le site mantais, lors d’une conférence de presse. Elus mantais et sous-préfet s’en félicitent, mais du côté des syndicats, l’annonce de la suppression de 61 des 254 postes ne passe pas.

« On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Je préfère le voir à moitié plein, en espérant qu’il va se remplir. » C’est par ces mots que Pierre Bédier (LR), président du Département, exprime son ressenti sur l’installation de la nouvelle usine. Son permis de construire devrait être déposé entre les mois d’octobre et novembre, pour une ouverture « au plus tard pour le premier semestre 2020 », espère Jacques Schaffnit.

Du côté des syndicalistes, on voit plutôt le verre à moitié vide. La veille, ils étaient environ 120 à défiler dans le centre-ville mantais, se joignant à une manifestation qui rassemblait plus de 200 personnes. « On essaie de mobiliser. La suppression de 61 postes, c’est la mort de l’usine », avance Dominique Leroy, secrétaire général de la CGT Dunlopillo.

« Pendant des dizaines d’années, on leur a raconté beaucoup de salades. […] Ils se sont battus pour que le site soit conservé. Les syndicats font leur travail », analyse Pierre Bédier de ce pessimisme affiché. « Je n’ai pas à porter de jugement sur la gestion de l’entreprise », indique-t-il dans la foulée. Le maire de Limay Eric Roulot (PCF), qui a longtemps discuté avec Adova pour une extension de l’usine limayenne (mais n’était pas présent vendredi, Ndlr), se dit de son côté « plus inquiet » que le président du conseil départemental.

Gérard Derouin, sous-préfet de Mantes-la-Jolie, précise du rôle de l’État : « Il peut accompagner sur les enjeux environnementaux, mais aussi sur une aide financière.

« On soutient ce projet d’investissement de la nouvelle usine, mais je reste, comme les représentants du personnel, dubitatif sur les capacités de faire fonctionner l’usine de la meilleure façon avec ce PSE », s’inquiète-t-il. Sans vouloir s’étendre sur le sujet, le président d’Adova tient à nuancer : « Ces 61 postes concernent des personnes qui ne sont pas présentes physiquement sur le site de Mantes, comme les commerciaux. »

L’investissement autour de cette nouvelle usine « totalement digitale » de 17 000 m² est estimé à 25 millions d’euros. « Nous investissons dans le bâtiment et les process, détaille Jacques Schaffnit. Pour la chimie, nous allons mettre sept millions d’euros. » Le groupe espère ainsi développer sa mousse alvéolaire de type Aerial, pour laquelle il détient un brevet. « Qui paie ? Qui fait quoi ? Tant que rien n’est signé, cette nouvelle usine n’est qu’hypothétique », s’inquiète quant à lui le syndicaliste sur les investissements futurs de cette nouvelle usine.

Gérard Derouin, sous-préfet de Mantes-la-Jolie, précise, du rôle de l’État : « Il peut accompagner sur les enjeux environnementaux, mais aussi sur une aide financière. Des fonds existent pour l’innovation, la recherche et développement, par exemple. » Mais il insiste sur la nécessité de « connaître tous les critères du projet », notamment sur la question urbanistique.

En 2015, le Département envisageait d’y créer une marina de plaisance et des logements après le départ de Dunlopillo. Compte tenu de ces nouvelles données, « il est évident que l’opération d’urbanisme est remise à plus tard », souligne Pierre Bédier. Selon nos informations, le conseil départemental financera la création d’un rond-point à l’entrée du futur site.

Quel avenir pour l’ex-site Ros casares à Porcheville ?

En même temps qu’il devenait propriétaire des terrains du site mantais de Dunlopillo, l’Etablissement public foncier des Yvelines (Epfy, ex-satellite du Départment, maintenant géré par la Région, Ndlr) devenait également propriétaire du bâtiment Ros casares, à Porcheville. « Nous ne l’avons jamais occupé », précise Jacques Schaffnit, président du groupe Adova, de ce site devant théoriquement accueillir certaines activités de Dunlopillo.

« Il y a 10 000 m² pour le conseil départemental à Porcheville, détaille Pierre Bédier (LR), président du Département. A l’époque, on a un peu été collés dans cette affaire. » Le site, acheté quatre millions d’euros, devrait être revendu. « Raphaël (Cognet, maire LR de Mantes-la-Jolie, Ndlr), m’a parlé d’une entreprise qui souhaite relocaliser sa production en France, complète ainsi l’élu. On va voir si on peut le proposer. »