Trains, bus, covoiturage, vélos, recharge, commerces : bientôt des hubs en réseau ?

Pour accompagner l’arrivée du RER E annoncée en 2024, la communauté urbaine souhaite créer plusieurs dizaines de « hubs » de transport, dans les villes comme dans les communes rurales.

D’ici quelques années, un automobiliste ou un cycliste habitant un village ira-t-il au travail en se garant à quelques kilomètres de la gare, le temps de regarder les titres de presse, puis d’emprunter un bus l’amenant au train sans embouteillages ? C’est en tout cas le pari que s’apprêtent à faire les élus des 73 communes de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise, avec la création prévue en cinq ans de 66 « hubs », regroupant différents modes de transport et fonctionnant en réseau.

« C’est un noeud de mobilités », résume sans anglicisme Laurent Schlaeintzauer, directeur général des mobilités de GPSEO, lors d’une réunion tenue jeudi dernier à Rosny-sur-Seine, devant des chefs d’entreprise, dans le cadre du projet de « pôle gare » de la commune. Arrivé l’an dernier de la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, il est chargé de la création de ces noeuds de transports mêlant public et privé, individuel et collectif, et de leur mise en réseau.

Devant les patrons rosnéens, il indique que les principaux « hubs » multimodaux seront constitués par les alentours des gares de vallée de Seine, et en particulier celles où le RER E s’arrêtera. Au-delà des gares SNCF, les futurs noeuds les plus importants seront situés dans des communes et des endroits à forte concentration de besoins de déplacements entre domicile et travail, comme les zones d’activité des Garennes aux Mureaux, des Quarante sous à Orgeval, ou celles de Buchelay.

« Quand on s’écarte des gares, on peut dupliquer ce système, détaille-il ensuite devant une carte constellée de points de rencontre. Plutôt que de disperser dans une ville ces endroits où on va avoir besoin d’un taxi, de prendre un bus ou de garer son vélo, on va concentrer nos efforts, les regrouper avec un point d’information. » Certains de ces noeuds commenceront à naître dans les prochains mois, dans le cadre de la création d’une centaine de points de recharge de véhicules électriques.

Jeudi 14 juin, la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO) organisait la première phase d’une des plus grandes opérations de comptages simultanés jamais réalisée en Île-de-France.

Mais n’est-ce pas précisément ce qu’avait tenté de faire GPSEO avec les stations du réseau de covoiturage du quotidien Covoit’ici, pourtant récemment abandonné ? « La grosse différence est qu’on prend un risque mesuré, répond Pierre-Yves Dumoulin (LR), vice-président chargé des transports à GPSEO et maire de Rosny-sur-Seine. A part l’installation foncière, un peu de voirie et quelques panneaux d’informations, il n’y a pas toute l’infrastructure de Covoit’ici. »

Dans ou à proximité des principaux noeuds, la communauté urbaine, s’inspirant de la SNCF avec ses gares, compte bien implanter des commerces, « seul service qui marche parce qu’il est rentable », pour faire passer le temps aux voyageurs. Si les premiers « hubs » rencontrent le succès espéré, « au moins la moitié » des stations devraient avoir été créées d’ici « deux à trois ans » selon le directeur des mobilités, dans les parties urbaines comme rurales. Le modèle de circulation sera aussi suffisamment affiné pour se montrer prédictif (voir encadré, Ndlr).

Cela permettrait alors une véritable mise en réseau, concept pour l’instant « un peu unique » en France. Devant les patrons rosnéens, il donne l’exemple des routes départementales descendant vers Mantes-la Jolie. « Tous les matins, c’est bouché, on s’est dit qu’il serait intelligent de mettre un parking à voitures » en-dehors de la zone urbaine et de faire « que les bus circulent plus vite », indique le directeur des mobilités en désignant un des noeuds de la carte.

Car la réussite de ces noeuds de transport ne se mesurera qu’à leur affluence, et donc à leur efficacité pour faire gagner du temps aux voyageurs, prévient Laurent Schlaeintzauer. « Il faut qu’on joue sur le temps de trajet des personnes qui se déplacent, analyse-t-il en effet de la principale difficulté du projet. L’objectif est d’une proposition inférieure au temps proposé aujourd’hui. Si c’est supérieur, ça ne marche pas. »

Circulation : un modèle informatique et deux comptages géants

Jeudi 14 juin, de nombreux automobilistes de vallée de Seine ont pu observer ces groupes de jeunes gens en gilet jaune, armés de compteurs pour certains, de questions sur les trajets effectués pour d’autres. Ils participaient, d’un bout à l’autre de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), à la première phase d’une des plus grandes opérations de comptages simultanés jamais réalisée en Île-de-France.

Elle était destinée à mesurer précisément les flux de voitures et de camions, leurs origines et leurs destinations, sur les nombreux axes routiers de l’intercommunalité. Les relevés issus de cette opération seront confrontés avec les données issues de son modèle informatique des circulations automobiles, pour vérifier sa pertinence comme pour éventuellement l’améliorer.

« On essaie de vérifier toutes les interprétations du modèle, et différencier les poids lourds, pour avoir une analyse de tout le réseau routier », commente Laurent Schlaeintzauer, directeur général des mobilités de GPSEO. Un fonctionnaire de la collectivité est dédié à l’élaboration et au maintien de cette simulation informatique, qu’il peut d’ailleurs enrichir des chiffres de futures études issues d’autres collectivités comme la Région ou le Département.

« Souvent, les études de trajets sont faites dans une ville ou un territoire » et non sur une zone aussi vaste, note le vice-président de GPSEO aux transports, Pierre-Yves Dumoulin (LR). « Demain, si le maire de Poissy fait des immeubles, et m’en demande l’impact, on aura déjà des éléments de comptage : on gagne du temps et on mutualise », poursuit l’élu.