L’île du Platais cernée de litiges

A cheval sur Médan et Villenne-sur-Seine, des îliens sont furieux contre le réaménagement du parking de la berge, tandis que le promoteur de la Plage de Villennes va en justice contre la mairie.

Il y a 18 mois, La Gazette rapportait le subtil enchevêtrement constitué par l’île du Platais, non habitable à l’année mais pourtant habitée, non constructible mais où un promoteur porte un projet pour faire revivre la Plage de Villennes, tout en évoquant le projet associatif Mainstenant, issu du mouvement Nuit debout. La situation a changé depuis, mais l’île est toujours soumise à un sacré mélange de litiges.

Le projet agro-écolo-associatif de Mainstenant concernait tant la Plage de Villennes, ex-équipement balnéaire privé fermé au début des années 2000, que Physiopolis, domaine à l’origine naturiste, devenu de loisir, complètement privé à l’Est de l’île. Il n’a finalement pas fait long feu : quelques mois après leur arrivée, les membres de Mainstenant sont repartis, au plus grand soulagement du comité de gestion de Physiopolis, qui les voyait d’un fort mauvais oeil.

Ces îliens se pensaient alors tranquilles, c’était sans compter sur la volonté du maire de Villennes-sur-Seine, Michel Pons (DVD), d’aménager le parking des berges, qu’ils utilisent pour garer leurs voitures avant d’emprunter le bateau. Présenté en janvier lors d’une réunion de quartier, ce chantier est destiné à aménager cet espace, jusque-là laissé à son état de friche-parking, en un parc de stationnement aux normes, traversé d’une voie de circulation pour l’accès des riverains de la berge.

Mais le nouveau parking ne contient que 62 places, contre 110 aujourd’hui. Alors, les habitants de Physiopolis ont demandé des échanges, qu’ils ont obtenu. Ils ont présenté leur contre-projet de parking, d’une centaine de places (mais sans rue traversante délimitée, Ndlr), et indiqué qu’ils envisagent un recours en justice, la voie d’accès du centre-ville au parking ne figurant pas sous cette forme dans les documents cadastraux. Le mois dernier, les îliens ont également distribué en ville un tract dénonçant le projet.

Rapidement démarré au printemps, le chantier, estimé à environ 250 000 euros, a été tout aussi vite arrêté, des déchets polluants ayant été découverts dans le sol par l’entreprise chargée des travaux.
« On est en train de trouver des spécialistes, j’espère qu’il sera fini pour le début de l’hiver au plus tard, indique le maire villennois. Il y a moins de places que de gens qui habitent dans l’île, mais c’est vrai partout, et ailleurs dans Villennes. »

Lui ne comprend pas les reproches des copropriétaires de Physiopolis, et rappelle d’ailleurs qu’il est interdit d’y habiter à l’année (30 à 40 personnes en ont fait leur maison, Ndlr). Il semble donc que le chantier se poursuivra, malgré les menaces de procédure en justice, et ce pour la plus grande satisfaction de l’homologue médanaise de Michel Pons, qui s’en félicite pour les sept foyers médanais accédant à leurs maisons des berges par le parking villennois.

Mais Karine Kauffmann (SE), élue en 2014, a de son côté bien d’autres problèmes avec ses propres berges, comme avec la partie médanaise du Platais. Sur l’île, la Plage de Villennes, à l’abandon depuis une quinzaine d’années, a vu se succéder les projets hôteliers du promoteur Renaud Sassi. Le dernier rejet du permis de construire par la municipalité, fin 2017, n’a pas vraiment été digéré. « En janvier, ils ont fait un recours, ils contestent les motifs de notre refus », rapporte l’édile.

Côté berges, la situation est tout aussi enlisée malgré les projets souhaités depuis des années. La halte fluviale, en cours d’instruction par l’Etat, « avance tout doucement », et la maison Zola, « terminée et prête », devrait ouvrir son musée Dreyfus en 2019. Mais les anciens restaurants et auberges du bord de Seine sont soit fermés, soit toujours à l’état de ruines.

A l’ex-restaurant Port d’attache, un projet porté depuis plusieurs années par un investisseur privé a été abandonné malgré l’obtention du permis de construire. Aux Romanciers, auparavant restaurant de la Plage, l’aménagement est lui aussi au point mort. « On travaille assidûment sur quelque chose de plus global pour faire revivre cette partie des bords de Seine », indique cependant Karine Kauffmann, qui donne rendez-vous dans quelques mois pour en savoir plus.