Amener les enfants à l’école, les récupérer, les amener à leurs activités extrascolaires. Il est parfois difficile pour certains parents de concilier agenda professionnel et activités de leurs enfants. Difficile aussi parfois, du fait des horaires de travail, de prendre contact avec le voisinage ou d’autres parents pour créer des liens de confiance permettant de s’organiser ensemble.
« C’était mon problème en tant que maman, confirme Eva Bordachar, mère de famille dont la fille est à l’école primaire. Je travaillais loin et n’avais pas forcément l’occasion de rencontrer parents et voisins. » Depuis un an et demi, cette ex-contrôleuse de gestion travaille au développement d’Hopinoy, une application mobile gratuite, pour pallier ce problème. Elle devrait être disponible en téléchargement en septembre d’abord sur iOS (dont elle attend la validation par Apple, Ndlr), puis sur Android (Google, Ndlr).
Si elle espère pouvoir mettre les parents en contact entre eux, elle souhaite également que son application puisse profiter aux associations proposant des activités extrascolaires. Pour comprendre les besoins de ses futurs utilisateurs, Eva Bordachar a organisé différentes réunions où Hopinoy était laissée entre les mains de parents testeurs, différents à chaque fois. La dernière avait lieu début juillet, au Château éphémère de Carrières-sous-Poissy.
Ils sont alors six parents à découvrir l’application pour la première fois. Rachid, quatre enfants, habite Morainvilliers. « Le mercredi c’est la course, j’en ai deux qui font du judo, deux autres de l’athlétisme, explique-t-il. C’est pratiquement à la même heure, et les cours sont entre Morainvilliers et Les Mureaux. » Mais les transports en communs manquent : « En début d’année, on se met d’accord avec les autres parents pour savoir qui fait quoi, pour organiser les transports. Ma fille voulait faire de la danse, mais ce n’était pas possible au niveau des horaires. »
L’inscription sur l’application commence pour les testeurs : date de naissance, copie de la carte d’identité et photo de la voiture sont exigés. « Cela me permet de vérifier, derrière, l’identité de la personne inscrite, détaille Eva Bordachar. De plus, vous ne pouvez pas accepter un trajet tant que vous n’avez pas échangé avec le parent via la messagerie. »
Une précaution qui rassure Danielle, une Orgevalaise : « Je ne me sens pas de confier mon enfant à quelqu’un si je n’ai pas échangé avec avant. » Une des mamans présentes confirme : « Je ne fais ça qu’avec des gens que je connais. » Une fois le trajet effectué, les parents pourront laisser leur avis. Et signaler à Eva Bordachar d’éventuels comportements suspects.
La créatrice de l’application est toutefois consciente que certains parents, du fait de leurs disponibilités, ne pourront pas souvent proposer de trajet. Pas question les faire culpabiliser. « Il ne faut pas se sentir redevable parce qu’on ne peut pas proposer beaucoup de trajets, souligne la créatrice d’Hopinoy. Mais même si les parents rendent service, cela a un coût pour eux, en termes de temps, d’essence… »
Un système de contribution a donc été mis en place pour récompenser les parents qui s’investissent pour les autres, et permettre une rémunération à la jeune entreprise. La contribution sera de 1,99 euro, dont un euro reversé au conducteur, pour un trajet compris entre zéro et trois kilomètres. « Je pense que tout le monde y trouve son compte », poursuit-elle.
Les sous de cette cagnotte virtuelle pourront être crédités sur le compte bancaire de la personne concernée à partir de 20 euros, mais pourront être aussi convertis en bons d’achat et utilisés dans des enseignes de grande distribution, ou plus spécialisées dans la puériculture ou les loisirs. « C’est vraiment bien ciblé », note Nassira, qui se montre intéressée par l’achat de places de cinéma à tarif préférentiel.
Sur l’écran blanc du rétroprojecteur, une simulation de trajets est proposée à chaque parent testeur : « Danielle, à Orgeval, cherche un départ à 13 h pour être au stade Léo Lagrange de Poissy à 13 h 30. Cécile et Rachid proposent un départ à Morainvillers à 13 h 15 pour une arrivée au stade Léo Lagrange à 13 h 35. » Chacun se connecte à son compte respectif, pour y entrer leurs demandes. Une première notification apparaît sur le téléphone de Danielle quand Cécile et Rachid récupèrent son enfant, et une seconde lorsque ce dernier est arrivé à bon port.
Outre les parents, Eva Bordachar compte également sur l’aide des associations. « Elles sont en demande, car il y a des créneaux qu’elles n’arrivent pas à remplir, précise-t-elle. Par exemple, je connais un club de piscine qui n’arrive pas à remplir son créneau de 17 h, parce que les parents n’ont pas le temps d’amener les enfants. »
Dans un premier temps, l’application sera disponible et développée dans le canton de Poissy. « Je vise 500 utilisateurs à la fin de l’année », explique-t-elle. Elle a toutefois un objectif beaucoup plus ambitieux : elle attend « 10 000 » utilisateurs venus de tout le département dès la fin de l’année 2019.