Jardiner pour apprendre à travailler

Créé en 2010, le jardin de Cocagne muriautin emploie 20 personnes en insertion. Une manière de donner un rythme de travail, et les codes nécessaires à la vie en entreprise.

Sur les cinq hectares de terrain, un jardin pédagogique, un entrepôt, mais surtout, neuf serres et des champs où sont cultivés oignons, choux, betteraves… Implanté depuis 2010 rue de la Haye, le jardin maraîcher de Cocagne, de l’association Agir combattre réunir (ACR), fondée en 1978 et dont le siège est à Conflans-Sainte-Honorine (voir encadré), a pour vocation d’insérer professionnellement les personnes les plus précaires, en donnant à la grande majorité une première expérience, mais surtout les codes applicables dans le monde de l’entreprise.

Les légumes récoltés par ses salariés sont ensuite rassemblés en paniers, distribués ou livrés aux adhérents de l’association. Quelques instants avant midi, ce jeudi 6 septembre, un homme franchit les grilles. Il est le premier client à venir récupérer son panier de fruits et légumes.

A l’accueil, la jeune femme qui s’occupe de la distribution est un peu intimidée. « C’est la deuxième fois que je fais cela. Aujourd’hui, je remplace une collègue », explique-t-elle en tendant tomates, poireaux et basilic. L’association emploie vingt salariés en insertion pour le maraîchage, la distribution des paniers, mais aussi la livraison en différents points de collecte.

« Le but, ce n’est pas qu’ils y restent toute leur vie, c’est un emploi tremplin, détaille Murielle Maniez, chargée d’insertion professionnelle chez ACR. L’agrément délivré par Pôle emploi pour un salarié d’insertion est de deux ans, nous proposons des contrats de quatre mois renouvelables. » Passé un délai de plusieurs mois jusqu’aux deux ans, la personne est orientée vers un emploi ou une formation plus pérenne, en fonction de ses compétences. « Nous avons 70 % de sorties positives », se satisfait Muriel Maniez.

Une cinquantaine de salariés passent en moyenne chaque année dans le jardin d’insertion. Tous sont en situation de précarité. « Il y a beaucoup de réfugiés, des personnes qui n’ont jamais travaillé, en France ou ailleurs, des personnes qui vivotent, des Français aussi, détaille Muriel Maniez des différents profils. Le plus vieux salarié a 66 ans. » Sur un mur de l’entrepôt, des règles de savoir-vivre sont affichées, enjoignant notamment à se dire bonjour, ou à respecter les opinions des autres salariés.

Dans les champs comme dans les serres, les salariés sont sous la supervision de trois encadrants techniques. Parmi eux, M’Barek, leur prodigue quelques conseils. « Il faut leur apprendre à distinguer les mauvaises herbes des plants, détaille-t-il devant un champ. Le désherbage, ils n’aiment pas trop ça. » Dans les serres, les tomates laisseront bientôt place aux légumes d’automne. Les salariés travaillent tous les matins, et un après-midi par semaine.

La plupart n’ont jamais travaillé dans le monde agricole, ils indiquent en tirer des bénéfices. « Je ne l’avais jamais fait, souligne Nardane, 45 ans, qui rentre de livraison, et se prépare à aller récolter les oignons. Mais je me sers de ce que j’apprends ici pour cultiver mon potager, chez moi. » Elle est en poste depuis juillet 2017, son contrat a été renouvelé jusqu’à la fin du mois de janvier. « J’apprécie travailler ici, souligne la quadragénaire. On est vraiment bien accompagnés. »

Deux journées portes ouvertes et une nouvelle boutique chantelouvaise

Le 15 septembre prochain, la boutique conflanaise de l’association ACR organise une après-midi portes ouvertes de 13 h à 17 h. Ouverte en juin dernier, trois personnes y sont employées, dont deux en insertion. Elle propose à la vente des légumes des jardins conflanais et muriautin, des fruits, mais aussi des produits du Vexin. Aux Mureaux, le jardin sera ouvert au public le 22 septembre de 14 h à 18 h.

D’ici quelques semaines, ACR prévoit également l’ouverture d’une boutique dans le centre-ville de Chanteloup-les-Vignes. Elle comprendra le même nombre de salariés que son homologue conflanaise, avec deux personnes en insertion. « L’objectif, c’est de promouvoir le circuit-court, des produits de terroir bio et non-bio mais produits localement », insiste de cette ouverture Rachid Ouarti, directeur insertion et formation professionnelle au sein de l’association. Il sera possible de commander certains produits par internet, comme de la viande sous vide. La boutique sera également un lieu de distribution des paniers de légumes récoltés dans le jardin conflanais.

CREDIT PHOTOS : LA GAZETTE EN YVELINES