Un an de prison avec sursis après avoir abandonné son chien

Les conditions dans lesquelles le cadavre du chien ont été retrouvées sont catastrophiques. « Les gendarmes parlent de monticules de déjections animales, d’un canapé mangé et de griffures sur les murs », rapporte la juge.

Sur l’autocollant apposé sur leur poitrine est écrit sobrement « Pour Wax ». Une photo de Wax, un chien de race Briard, l’accompagne. Le 23 juin 2017, le cadavre en décomposition du chien de quatre ans avait été retrouvé dans un appartement de Houdan. En pleine canicule Emilie, sa propriétaire, âgée de quarante ans, l’avait laissé sans eau ni nourriture pendant quatre jours. Elle comparaissait le 12 septembre dernier devant le tribunal de Versailles pour « abandon volontaire d’un animal domestique apprivoisé ».

Huit associations de protection animale se sont portées parties civiles. Une trentaine de Briardiers (propriétaires de Briards, Ndlr), a fait le déplacement jusqu’au tribunal. Parmi elles, Corinne de Brouwer, éleveuse en Seine-et-Marne. C’est elle qui a vendu Wax à Emilie il y a quatre ans. Peu de temps avant l’audience, elle ne comprend toujours pas cet acte. « Elle aurait pu me dire qu’elle n’en voulait plus, j’aurais pu le placer », souffle-t-elle. Elle évoque une « trahison » de la part de la quadragénaire. Dominique, Nancy et Fabienne sont, elles, venues de Belgique et de Suisse. « Nous avons posé un jour de congé, cela nous semblait important d’être là », souligne Dominique.

L’audience débute dans la sixième chambre correctionnelle. La tension monte dans les rangs du fond, où se sont assis les Briardiers. « Les animaux sont bien représentés », glisse la juge devant les avocats des huit parties civiles. Emilie a déjà comparu devant le tribunal le 13 novembre 2017. L’audience avait été renvoyée, la prévenue souhaitant préparer sa défense. Ce 12 septembre, elle a de nouveau demandé un renvoi, ce qui lui a été refusé.

« Les faits sont particulièrement simples, d’autant plus que madame reconnaît les faits », justifie de son opposition au renvoi le procureur. Effectivement, Emilie reconnaît avoir abandonné le Briard, dans un appartement qu’elle a délaissé depuis mai 2016 et qu’elle a quitté depuis pour habiter dans une commune du sud des Yvelines. « Je prends beaucoup de médicaments depuis cette histoire », explique-t-elle de son mal-être. Concernant l’abandon de Wax, « je n’ai pas d’excuses, je me suis laissée déborder. »

Les conditions dans lesquelles le cadavre du chien ont été retrouvées sont catastrophiques. « Les gendarmes parlent de monticules de déjections animales, d’un canapé mangé et de griffures sur les murs », rapporte la juge. « Je ne m’en suis pas rendue compte », détaille Emilie. Son appartement étant insalubre, elle logeait chez des amis ou de la famille. « C’est un gros chien, je ne pouvais pas le prendre », tente-t-elle de se justifier.

« Vous étiez quand même assez entourée », note le procureur de la possibilité de placer Wax. « Je travaillais 12 heures par jour, répond la prévenue. Quand je quittais à 20 h, plutôt que d’aller voir le chien je rentrais. […] Pour moi il ne pouvait pas mourir. […] J’avais besoin d’aide mais j’avais honte. » Le procureur pointe un manque de clarté : « Quatre jours, c’est du bon sens, il ne pouvait pas survivre dans ces conditions. »

Les avocats des parties civiles dénoncent, eux, des faits « totalement inacceptables, détestables ». Tous demandent à ce que cet abandon soit requalifié en « acte de cruauté », passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Ils requièrent également « l’interdiction définitive de posséder un animal domestique ».

Maître Patrice Grillon s’indigne : « Elle partait en vacances tout en sachant son chien dans les excréments. » Dans l’assistance, des larmes coulent. « Elle a fait un choix égoïste de garder son chien », conclut le procureur. Un an de prison et 5 000 euros d’amende, avec sursis, seront requis, ainsi que l’interdiction de détenir un animal domestique. Le jugement a été mis en délibéré au 26 septembre. Parmi les Briardiers, un peu de déception : « On aurait aimé qu’elle fasse de la prison ferme. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES