Contraint de déménager, le refuge SPA s’installe à Evecquemont

Ses portes doivent ouvrir en 2020, tandis que le refuge actuel d’Orgeval fermera. Il sera réservé aux chats, de 300 à 400. Mais les ex-carrières pourraient ralentir l’avancée du projet.

D’ici la fin 2020 et s’ils n’ont pas encore été adoptés, Shadow, Rocky, Moumoune et les autres félins déménageront du refuge de la SPA d’Orgeval vers un autre refuge, à une quinzaine de kilomètres environ. L’association de protection animale envisage d’ouvrir un nouveau refuge exclusivement dédié aux chats à Evecquemont, les autres animaux hébergés à Orgeval seraient alors dispersés dans d’autres refuges d’Île-de-France.

Dans un ancien corps de ferme épiscomontois, la SPA prévoit donc d’accuellir 300 à 400 chats. La maire d’Evecquemont, Ghislaine Senée (EELV) se montre plutôt heureuse de ce projet dans des bâtiments aujourd’hui dans un état de dégradation avancée. Elle émet cependant quelques réserves concernant les travaux à prévoir sur le site, situé sous d’anciennes carrières.

Orgeval, route Royale. Des aboiements se font entendre une fois franchi le portail du refuge aujourd’hui bien connu de la SPA. Depuis son implantion dans les années 1990, plus de 200 animaux y sont accueillis. « On est à environ 100 chats, 100 chiens et quelques Nac (Nouveaux animaux de compagnie, Ndlr), précise Camille Grasset, cheffe d’équipe du refuge orgevalais, des effectifs actuels qui comprennent aussi quelques hamsters, lapins et souris. Nous avons également une communauté de 50 chats sauvages. »

La réflexion du déménagement a été engagée il y a plusieurs années par l’association, l’actuel refuge étant devenu trop contraignant. « Il était vétuste, les coûts de restauration étaient trop chers », commente la cheffe d’équipe de la situation. Mais le coût n’est pas le seul critère à avoir été pris en compte. « Il y a eu des plaintes du voisinage à cause des aboiements, détaille Camille Grasset. Nous avions déjà détruit deux chenils et une chatterie, mais nous étions limités en termes de travaux par les règles d’urbanisme. »

L’association choisit alors d’ouvrir un refuge uniquement dédié aux chats, pour faire face à la hausse généralisée du nombre d’abandons. « Entre 2015 et 2017, il y a eu une hausse de 20 % pour les chats et de 6,5 % pour les chiens », souligne Camille Grasset. Le refuge épiscomontois sera également en lien avec la Maison des chats, que l’association prévoit d’ouvrir rue Beaubourg, à Paris, en février 2019.

Une trentaine de chatons du refuge orgevalais y seront d’abord transférés. « Beaucoup viennent de région parisienne », précise-t-elle du profil des adoptants. Quelques mois avant le déménagement, le refuge fermera ses entrées aux chiens. Ceux encore présents à ce moment-là seront transférés vers d’autres refuges gérés par l’association.

En octobre 2017, la direction du patrimoine immobilier de l’association achète à un propriétaire privé un grand corps de ferme situé à Evecquemont, sur le site du Vieux colombier, à l’une des entrées de la ville et à proximité de la route départementale 922. « Si la SPA n’avait pas racheté le bâtiment, je pense qu’il serait devenu une ruine, commente Ghislaine Senée de la vente et du devenir du bâtiment. Pendant cinq ans, tout le monde s’était découragé, […] j’avais peur que cela devienne une ruine avec tous les travers que cela comporte. »

Ce nouveau refuge permettrait d’accueillir entre 300 et 400 chats sur trois hectares, contre six actuellement à Orgeval. Longères et annexes doivent ainsi êtres aménagées en chatteries, et des espaces extérieurs y seront reliés, afin que les animaux puissent sortir, tout en restant sur l’emprise du site, reprenant le fonctionnement du site orgevalais.

« A l’intérieur, de grandes pièces collectives seront aménagées pour que dix à 15 chats puissent se retrouver selon leurs affinités, détaille Camille Grasset du futur fonctionnement du refuge. Des espaces d’isolement seront aussi créés pour ceux qui en auront besoin. » Car, parmi les pensionnaires, le refuge prévoit d’accueillir une centaine de chats porteurs de maladies, le FIV ou la FELV (respectivement sida du chat et leucose féline, non transmissibles à l’homme, Ndlr).

A Orgeval, la contrainte urbanistique était présente. Elle l’est, selon la maire, au moins tout autant à Evecquemont. « Évidemment, j’y vois beaucoup de difficultés […]. La maison est classée en zone rouge dans le plan local d’urbanisme, il est en zone de carrières », précise Ghislaine Senée. Et de préciser, du chantier, colossal, qui s’annonce : « Il va falloir combler jusqu’à 20 mètres. Et surtout, est-ce qu’après avoir comblé, peut-on avoir un établissement recevant du public sur le site ? »

Si elle attend d’avoir un peu plus de visibilité sur ces questions, l’édile écologiste voit tout de même une opportunité pour son village d’environ 800 habitants. « Il y a manifestement une vraie volonté de travailler sur une rénovation respectant les normes et le patrimoine, commente-t-elle du projet. Et puis, il y a aussi un intérêt de redynamisation, ça permet de faire briller un petit peu plus Evecquemont. »

Elle souhaite que le projet soit réalisé « dans de bonnes conditions », et assure faire « confiance à la SPA pour ça ». Du côté de l’assocociation, Camille Grasset reconnaît qu’il existe un certain enjeu environnemental : « Il va falloir choisir des matériaux qui s’intègrent dans le paysage. On réfléchit aussi beaucoup au niveau de l’écologie à choisir des litières qu’on pourrait recycler, pour chauffer le refuge et limiter les éventuelles nuisances. »

Selon l’édile, un bureau d’études a été mandaté par l’association pour étudier la faisabilité du projet. « J’attends son retour, le rapport devrait être remis à la fin de l’année ou au début de l’année 2019, ajoute Ghislaine Senée. Il faut également qu’ils rencontrent la communauté urbaine (Grand Paris Seine et Oise, Ndlr), en charge de l’urbanisme, et à l’issue, organiser une rencontre avec la population. »

L’association se montre beaucoup plus confiante dans son calendrier prévisionnel. Sur son site internet, elle annonçait un début des travaux pour la fin février 2018. « Pour le moment, on est encore dans les plans, l’aménagement, tempère Camille Grasset. Les travaux devraient commencer en 2019, après le déclassement du site. On sait que ça va prendre un peu de temps. »

PHOTO : LA GAZETTE EN YVELINES

Modification du 27/09 : La citation suivante à été modifiée : « Entre 2015 et 2017, il y a eu une hausse de 20 % pour les chats et de 6,5 % pour les chiens », souligne Camille Grasset. L’ancienne citation indiquait une mauvaise période temporelle.