La démolition du Cinéville actée, le projet encore un peu flou

L’ensemble démoli comprend aussi les bains-douches et un bâtiment administratif. Le collectif du Cinéville souhaite que le bâtiment soit conservé. Leur avenir n’est pas encore totalement défini.

Ils étaient finalement une petite vingtaine dans le public du conseil municipal, le 17 septembre dernier, à afficher ostensiblement leur désapprobation à la démolition des bâtiments du Cinéville, des bains-douches, ainsi que celui accueillant les services municipaux des ressources humaines et des finances. A cet emplacement, la municipalité envisage notamment d’y construire des logements, et d’y transférer l’activité du centre médical Joseph Bellanger.

Lors des débats, l’opposition a regretté que le projet ne soit pas plus avancé, la municipalité ne pouvant se montrer précise à propos des surfaces comme du nombre exact de logements prévus. Le collectif des Amis du Cinéville envisage, lui, de déposer des recours, ce qui pourrait impliquer des retards. Ils avaient déjà combattu, sans succès, la fermeture du cinéma municipal. Le Cinéville, salle d’art et d’essai construite dans les années 1920, avait définitivement baissé le rideau en décembre 2017.

Vétuste, la salle n’était plus aux normes, et le coût des travaux avait été estimé à trois millions d’euros, que « la Ville ne pouvait pas prendre en charge », justifiait à l’époque le maire conflanais Laurent Brosse (LR). La municipalité avançait également une fréquentation insuffisante de l’établissement. Entre 25 000 et 30 000 entrées avaient été comptabilisées en 2016, soit la moitié nécessaire à son équilibre financier, selon la mairie.

Un collectif, les Amis du Cinéville, s’est monté pour tenter de sauver l’activité, puis plus tard le bâtiment. « Il s’agit du plus vieux cinéma d’Île-de-France existant encore, souligne Christine Guillou, membre du collectif, quelques minutes avant le début du conseil. Nous souhaitons une réhabilitation du bâti, avec des usages culturels. »

Leurs espoirs, comme ceux de l’opposition, ont été douchés au conseil municipal. Le 27 août dernier, un huissier mandaté par la mairie y a constaté la désaffection de l’établissement de 722 m² : « Les sols murs et plafond sont vétustes et dégradés en de nombreux endroits […] Pour les trois autres (salles de cinéma, Ndlr), les sièges sont moisis […] Une forte odeur d’humidité est perceptible dans les locaux. »

Un accord avait été conclu entre la municipalité et l’aménageur public yvelino-altoséquanais Citallios, lui octroyant « un droit d’exclusivité et de priorité portant sur la réalisation des études sur les terrains communaux, et lui permettant, […] d’aboutir à la définition d’un programme immobilier affecté à du logement et du commerce », rappelle le premier magistrat conflanais. « Projet dans le cadre duquel la municipalité a choisi […] de déplacer au cœur du centre-ville le centre municipal de santé (situé actuellement près du commissariat, Ndlr) », poursuit-il.

« Il s’agit du plus vieux cinéma d’Île-de-France existant encore », souligne Christine Guillou, membre du collectif, quelques minutes avant le début du conseil.

« De projet précis ? Vous n’en avez pas, et sur le terrain, vous vous abritez derrière Citallios… Citallios auquel vous avez passé juridiquement le bébé, attaque ce soir-là Jean-Pierre Lacombe, conseiller d’opposition du groupe DVG Conflans énergie populaire. Citallios, bras armé de Grand Paris Seine et Oise (GPSEO, la communauté urbaine de 73 communes, Ndlr) dont vous êtes vice-président. »

Alors, lui évoque « un énorme gâchis ». Arguant que ces bâtiments « appartiennent à l’histoire de Conflans », Jean-Pierre Lacombe tient à revenir sur leurs spécificités. « Le Cinéville, c’est une architecture industrielle des années 30 en béton armé, poursuit-il. Le local bains-douches, c’est aussi le passé ouvrier de Conflans, très loin du Conflans, factice capitale de la batellerie, que vous voulez reconstituer comme un décor de plateau-télé. »

Qualifiant « d’acte criminel » cette délibération, il appelle à une consultation « honnête » des citoyens et des associations, et propose par ailleurs la création d’une galerie commerciale. « Une surface vierge sera plus attractive pour les promoteurs, analyse de la démolition Sylvie Magnoux, conseillère d’opposition de la liste des socialistes pour Conflans. Si l’occupation fonctionnelle doit changer, les murs doivent rester en place. »

Concernant la question patrimoniale, le collectif du Cinéville avait demandé au printemps que le bâtiment soit inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. L’édile tient donc à rappeler que la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France a émis un « avis défavorable » à cette demande le 2 août dernier.

Laurent Brosse se défend par ailleurs « d’une préférence particulière » pour l’aménageur public choisi. « Pour le quartier Chennevières, à propos duquel on va commencer une concertation, Citallios a candidaté, mais n’a pas été retenu, en l’occurence », avance-t-il ainsi en exemple de son impartialité.

« Il y a des éléments assez clairs. Maison de santé pluridisciplinaire, centre municipal de santé, logements, salle culturelle, […] et du commerce », répond Laurent Brosse au manque de précision relevé par ses opposants. Il se montre franchement en désaccord avec Jean-Pierre Lacombe sur l’implantation d’une galerie commerçante : « C’est une vision dépassée de l’urbanisme, du commerce d’aujourd’hui. »

Des délais, il précise : « Un schéma directeur est en cours d’élaboration, il nous sera présenté en fin de semaine par l’architecte urbaniste. » Du côté des Amis du Cinéville, « on ira jusqu’au bout », promet Christine Guillou. L’association « étudie déjà » les recours possibles et envisage d’en déposer.

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