Enseignants : le Val Fourré en mal de considération ?

Un parcours vélo était proposé en septembre, comme chaque année, aux nouveaux enseignants de la ville, pour redorer l'image du quartier auprès de ceux appelés à apprendre aux Mantais.

Le collège Paul Cézanne, établissement mantais situé au coeur du quartier du Val Fourré, a organisé, jeudi 27 septembre de 14 à 16 heures, un parcours en vélo dédié aux nouveaux professeurs intégrant l’ensemble des établissements de la ville. Cette année, 27 professeurs ont enfourché leur vélo à la découverte du Val Fourré et d’autres lieux emblématiques de la ville pour leurs élèves. L’opération a été créée il y a une vingtaine d’années, avec pour ambition première de réconcilier le monde enseignant et un quartier parfois mal réputé.

« C’est une bonne initiative qui nous permet de découvrir le quartier, mais aussi l’endroit où vivent nos futurs élèves », apprécie ce jeudi-là, dans la cour du collège Paul Cézanne, Félix Ménager, nouveau professeur de français. « Nous voulons montrer aux professeurs le lieu de vie des élèves, leur faire découvrir les structures partenaires des écoles au Val Fourré », et leur permettre de mieux appréhender la topographie du quartier, précise Kossi Assimpah, le principal du collège, qui coordonne chaque année cette opération.

Professeur en Hygiène alimentation services (HAS) de l’établissement, Démé Boubakar évoque pour sa part « une démarche qui crée une cohésion plus forte entre les professeurs ». Il ne cache pas son impatience envers ce parcours cycliste, en particulier la découverte de l’atelier-relais du collège André Chénier, destiné à aider les élèves les plus en difficulté : « Cela nous permet de nous connaître davantage, et de connaître l’emplacement des différentes structures qui nous seront utiles tout au long de l’année. »

Durant 2 h, 27 nouveaux professeurs ont arpenté à vélo le quartier du Val Fourré et des lieux emblématiques de la ville, pour qu’ils découvrent et apprécient le lieu de vie de leurs élèves.

A l’origine, trois collèges classés REP+ situés dans le quartier populaire mantais étaient concernés par cette mesure : Paul Cézanne, Georges Clémenceau et André Chenier. L’initiative s’est depuis étendue à l’ensemble des établissements de la ville, dont les cinq collèges classés REP+ de Mantes-la-Jolie. Par cet après-midi ensoleillé de septembre, si la visite est largement consacrée au Val Fourré, elle passe également par d’autres endroits de la ville, à l’instar du quartier de Gassicourt, du cinéma ou de la bibliothèque du centre-ville.

« Ce parcours fut créé suite aux actions, dans les années 2000, de l’association mantaise Mémoires plurielles, qui souhaitait contrecarrer [auprès des nouveaux enseignants] l’image donnée du Val Fourré par les médias », retrace le premier adjoint Sidi El Haimer (LR), présent pour accueillir les cyclistes : « Le quartier souffrait d’une très mauvaise réputation, et il nous semblait important de donner une vision positive du quartier aux enseignants. »

Une mauvaise réputation cependant « bien moins importante aujourd’hui » selon l’élu. Un avis également relayé par différents éducateurs et médiateurs de la ville, présents au stade nautique de Mantes-la-Jolie à 16 heures, pour l’arrivée des enseignants. « Il y a beaucoup moins de violence aujourd’hui qu’il y a quinze ans, je pense que les rénovations urbaines ont changé quelque peu les mentalités, assure ainsi un médiateur communal. Cependant, tout n’est pas réglé et beaucoup de problèmes de drogue, notamment, subsistent ici. »

Au collège Cézanne, 80 % des élèves obtiennent désormais leur brevet

Le collège Paul Cézanne, qui fait partie des cinq collèges classés REP + de Mantes-la-Jolie, accueille actuellement 300 élèves. Cette année, 11 nouveaux professeurs, soit un tiers des effectifs de l’établissement, ont intégré l’établissement du Val Fourré. « Ce collège a connu beaucoup de difficultés à une époque, liées aux mauvais résultats des élèves, mais surtout à leur comportement », reconnait son principal, Kossi Assimpah, qui rappelle qu’en 2012, seuls 32,9 % des collégiens obtenaient le diplôme national du brevet. Il estime aujourd’hui que la situation s’est nettement améliorée, se félicitant d’un taux de réussite des collégiens au brevet « qui est passé de 50 % en 2014 à 80 % en 2018 ».

PHOTOS : LA GAZETTE EN YVELINES